Sarah a payé plus de 1000 francs pour des injections d'acide hyaluronique. Cette Neuchâteloise voulait sculpter ses hanches grâce aux traitements proposés par K*, une esthéticienne basée à Lausanne et à Genève.
Après une série d'injections, Sarah est prise d'intenses douleurs. Plus d'une année après le traitement, la jeune femme a toujours des dizaines de petits kystes douloureux dans les jambes, raconte-t-elle dimanche dans l'émission de la RTS Mise au point.
Une opération est prévue pour réparer les dégâts causés. L'esthéticienne qui a fait le traitement sur Sarah n'avait pas de diplôme en médecine. L'année dernière, le Ministère public vaudois a perquisitionné l'institut de beauté dirigé par K*. La directrice fait actuellement l'objet d'une enquête pénale.
Des traitements réservés à des professionnels
Les victimes comme Sarah sont de plus en plus nombreuses. Pourtant, le Parlement suisse a refusé début mars de renforcer la loi contre ces injections de botox et à l'acide hyaluronique. A ses yeux, ce sont les cantons qui doivent renforcer les contrôles et mieux faire appliquer les lois existantes.
"Plusieurs instituts de beauté dans le canton proposent des injections d'acide hyaluronique en non-conformité avec la loi", indique la pharmacienne cantonale vaudoise Marie-Christine Grouzmann. "Ces instituts utilisent des produits de mauvaise qualité, avec des certificats de conformité souvent faux."
Et de rappeler: "Il est strictement interdit de faire des injections ou d'utiliser de l'hyaluropen sans un diplôme en médecine ou en soins infirmiers avec la direction, supervision d'un docteur."
Des dizaines de dénonciations
Rien que dans le canton de Vaud, les dénonciations d'esthéticiennes peu scrupuleuses se comptent par dizaines, mais les plaintes pénales restent rares. En théorie, l'utilisation de produit dangereux et la pratique illégale de la médecine sont passible de plusieurs années de prison.
La mode, qui est au "russian lips", "texas face" ou encore "full face", pousse de nombreux instituts à offrir ce type de prestations. Une injection dans les lèvres peut coûter plus de 500 francs.
Des esthéticiennes se sont donc lancées sur le marché en proposant des prix cassés. Sur internet, les tarifs sont deux à trois fois moins cher que dans des cliniques classiques où des médecins exercent. Ces instituts de beauté prétendent disposer de formations et de diplômes pour injecter.
Quelques heures de formation
"Ces formations sont données en un ou deux jours. Il est impossible d'acquérir les compétences en médecine esthétique en si peu de temps. Il m'a fallu, en plus de mes études de médecine, quatre années de spécialisation pour cela", explique Luigi Schiraldi, chirurgien plasticien au Centre universitaire de médecine esthétique et régénérative du CHUV à Lausanne.
Et d'ajouter: "La médecine esthétique doit être réalisée par des professionnels. Les risques ne sont pas négligeables. Par exemple, une injection ratée d'acide hyaluronique dans le nez peut provoquer une souffrance du tissu, qui peut rapidement se transformer en nécrose importante. Il faut intervenir rapidement pour éviter la nécrose. Sans cela, il faut opérer afin d'enlever une partie des tissus morts et procéder à une chirurgie reconstructrice extrêmement complexe du nez."
Pour Sarah, il n'est heureusement pas trop tard. L'opération devrait lui permettre de soulager ses douleurs et retrouver la beauté naturelle de ses hanches.
*nom connu de la rédaction
François Ruchti/vajo