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Baromètre électoral: les Verts reculent nettement, le PS et l'UDC progressent

À 7 mois des élections fédérales, les Verts semblent en recul par rapport à leur score de 2019, selon le baromètre électoral SSR
À 7 mois des élections fédérales, les Verts semblent en recul par rapport à leur score de 2019, selon le baromètre électoral SSR / 19h30 / 2 min. / le 22 mars 2023
A quelques mois des élections fédérales, Les Verts s'affichent en net recul par rapport à leur score record de 2019, selon le baromètre électoral SSR publié mercredi. Les deux premiers partis du pays, l'UDC et le PS, confortent leur rang, tandis que les autres formations se maintiennent.

Dans sept mois jour pour jour, les Suissesses et les Suisses renouvelleront leurs autorités fédérales. Si le scrutin s'était tenu à la fin février, l'UDC serait sans surprise sortie en tête des urnes, loin devant les autres formations. Le parti de la droite conservatrice, qui domine la politique suisse depuis plus de vingt ans, aurait engrangé 26,6% des suffrages, montre le baromètre électoral SSR réalisé par l'institut Sotomo.

Avec 17,8% des intentions de vote, le PS renforce sa position de deuxième parti du pays, laissant le PLR à plus de deux points (15,6%). Né de la fusion du PDC et du PBD, Le Centre préserve quant à lui sa quatrième place (13,3%), devançant assez nettement Les Verts (10,7%) et les Vert'libéraux (8,3%). A noter que le sondage a été effectué avant le choc provoqué par la reprise de Credit Suisse par UBS, qui pourrait avoir de fortes répercussions sur la campagne.

Les partis écologistes à la peine

Il y a quatre ans, Verts et Vert'libéraux avaient été les grands gagnants des élections fédérales. Emmenés par la vague climatique, ils avaient largement gagné du terrain, au point de menacer l'hégémonie des quatre partis gouvernementaux. Aujourd'hui, la ferveur autour des mouvements écologistes s'étiole. Ensemble, les deux partis ne recueillent plus que 19% des voix, ce qui représente une baisse de deux points par rapport à leurs performances de 2019.

Le recul des forces écologistes s'explique par la chute particulièrement marquée des Verts (-2,5 points). Une tendance déjà constatée lors des derniers sondages et qui se poursuit, mettant en péril les objectifs du président Balthasar Glättli. "Nous avons l'ambition de devenir le troisième parti du pays", glissait-il encore début février. Aujourd'hui, le Zurichois se dit "inquiet" mais reste optimiste. Il compte sur la mobilisation des jeunes cet automne pour inverser la vapeur.

Même si les Vert'libéraux continuent, eux, de progresser légèrement par rapport à 2019 (+0,5 point), des vents contraires se font aussi sentir, perturbant leur marche en avant. A la mi-législature, la deuxième formation écologiste de Suisse semblait promise à dépasser la barre des 10% cet automne. Depuis lors, le souffle a changé de direction, comme en témoigne son score en deçà des attentes lors des élections cantonales zurichoises en février.

Les socialistes remontent la pente

A l'inverse, deux partis ont le vent en poupe: l'UDC et le PS, qui grappillent chacun un point. Le sentiment actuel de la population paraît particulièrement favorable aux socialistes, qui font face à une érosion de leur force électorale depuis de longues années. Alors qu'ils paraissaient en très mauvaise posture il y a un an et demi, ils ont remonté la pente. "Une partie de l'électorat passé chez les Verts en 2019 semble revenir au PS", note Sotomo.

Eux aussi habitués aux déboires électoraux depuis plusieurs législatures, les deux autres partis gouvernementaux - le PLR et Le Centre - sont parvenus à redresser la barre. Coïncidence ou pas, l'arrivée de Thierry Burkart à la tête des libéraux-radicaux à l'automne 2021 a redonné des couleurs à un parti qui suit désormais un cap très clairement bourgeois. Mais, selon le dernier sondage, cet "effet Burkart" s'est apparemment tari ces derniers mois.

Il n'en demeure pas moins que le conseiller aux Etats argovien est toujours plébiscité par ses troupes. Près de sept sympathisants PLR sur dix sont satisfaits de son influence sur le parti. Seul le leader du Centre Gerhard Pfister bénéficie d'un soutien comparable de la part des électrices et électeurs de sa formation (65%). Signe d'un mécontentement assez profond, le chef de file des Verts Balthasar Glättli est, à l'inverse, jugé favorablement par un tiers seulement de l'électorat écologiste.

Le retour de la question migratoire

L'essoufflement des Verts et, dans une moindre mesure, des Vert'libéraux est paradoxal. En effet, le dérèglement climatique reste la préoccupation principale des Suissesses et des Suisses, selon le baromètre électoral. Les auteurs de l'enquête relèvent cependant que les écologistes ne sont plus seuls à empoigner ce thème. Si les réponses ne sont pas identiques, chaque parti - hormis peut-être l'UDC - accorde désormais une place de choix à la question climatique dans son programme.

Par ailleurs, un autre thème a récemment pris de l'ampleur: l'immigration. Trente pour cent des personnes sondées considèrent qu'il s'agit d'un des trois défis majeurs auxquels la Suisse est confrontée. Le débat est alimenté par la hausse du nombre de demandeurs d'asile et par la croissance du solde migratoire. La situation est toutefois très éloignée de celle de 2015, lorsque la vague migratoire éclipsait tous les autres sujets. Cette année-là, l'UDC avait réalisé le meilleur score de son histoire (29,4%).

Parmi les autres défis politiques, la menace d'une pénurie énergétique inquiète moins la population qu'avant l'hiver, bien qu'elle demeure la cinquième préoccupation principale. Primes d'assurance maladie, coût de la vie, réforme de la prévoyance vieillesse: les thèmes sociaux, quant à eux, restent essentiels aux yeux des électrices et électeurs, tout comme l'importance de bonnes relations avec l'UE. Le débat sur la neutralité et l'indépendance du pays, en revanche, peine à prendre dans l'opinion.

Quel impact pour la crise de Credit Suisse?

Ces dernières années, les crises se sont enchaînées en Suisse et dans le monde: pandémie de Covid-19, guerre en Ukraine, menace de pénurie énergétique, inflation galopante ou encore augmentation des chiffres de l'immigration et de l'asile. Dernier épisode en date, le choc provoqué par la reprise subite de Credit Suisse par son rival UBS ce week-end. Comme indiqué précédemment, le présent sondage, réalisé il y a plusieurs semaines, ne tient pas compte des événements de ce week-end.

Alors, quel sera l'impact de la débâcle de la deuxième plus grande banque du pays dans la campagne? Pour l'heure, impossible de le dire, mais il ne fait aucun doute que celle-ci aura de profondes répercussions dans l'opinion publique. Le Parti socialiste semble à l'heure actuelle le mieux placé pour profiter de l'indignation de la population. Fustigeant "les partis de droite qui ont empêché toute régulation du secteur bancaire", son coprésident Cédric Wermuth a d'ores et déjà exigé la mise sur pied d'une commission d'enquête parlementaire.

>> Lire : Les partis très critiques après le rachat de Credit Suisse par UBS

A droite, les partis s'accusent mutuellement d'être responsables du désastre. L'UDC a été la première à dégainer. Dimanche soir, quelques minutes seulement après l'annonce de la reprise de Credit Suisse, elle a envoyé un communiqué incendiaire pour dénoncer "la mauvaise gestion et le copinage du PLR". La réponse ne s'est pas fait attendre: "Il convient de rappeler que le Département fédéral des finances a été dirigé jusqu’à récemment par un ténor de l’UDC", a rétorqué lundi le leader du PLR Thierry Burkart, ciblant l'ancien conseiller fédéral Ueli Maurer.

>> Ecouter aussi l'analyse de Forum mercredi soir :

Baromètre des élections fédérales: l’écologie, grande perdante? (vidéo)
Baromètre des élections fédérales: l’écologie, grande perdante? (vidéo) / Forum / 3 min. / le 22 mars 2023

Didier Kottelat

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La palme de l'influence à Alain Berset, celle de la sympathie à Viola Amherd

Aux yeux des personnes sondées par Sotomo, Alain Berset reste le conseiller fédéral le plus influent. Le ministre de la Santé, omniprésent durant la crise du Covid-19, domine ce classement depuis le début de la pandémie. Toutefois, la perception de son influence sur le collège ne pâtit pas de l'abandon des mesures sanitaires. Au contraire, le Fribourgeois semble profiter de la présidence de la Confédération pour asseoir encore davantage sa stature d'homme fort du gouvernement.

La nouvelle grande argentière de la Confédération Karin Keller-Sutter est considérée comme l'autre forte personnalité du Conseil fédéral, montre le baromètre électoral. Plus de la moitié des personnes interrogées placent la Saint-Galloise parmi les deux ministres les plus influents. Les cinq autres membres du gouvernement sont cités nettement moins fréquemment. C'est Elisabeth Baume-Schneider, en poste depuis quelques mois seulement, qui aurait le moins de poids, selon la population.

L'influence est une chose, la popularité en est une autre. La preuve: mal notée en termes de poids politique, la Jurassienne Elisabeth Baume-Schneider est la deuxième conseillère fédérale la plus sympathique, juste derrière la ministre de la Défense Viola Amherd et devant son collègue de parti Alain Berset et le nouveau venu Albert Rösti. C'est toujours le PLR Ignazio Cassis qui ferme la marche, comme lors des précédentes enquêtes. Le Tessinois a cependant réussi à augmenter son capital sympathie lors de son année de présidence l'an dernier.

A noter que l'enquête a été réalisée avant les remous provoqués par les propos d'Alain Berset évoquant une "frénésie guerrière". On ignore donc si cet épisode a servi ou desservi le président de la Confédération. Dans tous les cas, la cote de popularité du Fribourgeois, même si elle reste élevée, a nettement baissé ces dernières années avant de se stabiliser, passant de 70% en février 2019 à 55% aujourd'hui. Plusieurs autres membres du Conseil fédéral ont aussi vu leur popularité s'effriter durant la crise du Covid, comme Viola Amherd et Karin Keller-Sutter.

Un petit coup à gauche, un léger coup à droite

Les résultats des dernières élections fédérales montrent l'étonnante stabilité du système politique. En 2015, les élections avaient débouché sur un virage à droite du Parlement. Quatre ans plus tard, la gauche, propulsée par les vagues féministe et écologiste, avait renversé la vapeur. Le baromètre électoral montre que l’on pourrait assister cette année à un léger retour de balancier à droite (-1,5 points pour la gauche, stabilité au centre, +1,5 pour la droite).

Méthode

La collecte des données a été réalisée en ligne pour le compte de la SSR par l'institut de sondage Sotomo entre le 20 février et le 5 mars 2023.

Le recrutement des personnes interrogées a eu lieu d’une part par le biais des portails web de la SSR et d’autre part via le panel en ligne de Sotomo. Après apurement et contrôle des données, les réponses de 27'058 électeurs et électrices ont pu être exploitées pour l’évaluation.

La représentativité de ce sondage est comparable à celle d’un échantillonnage aléatoire avec une marge d'erreur de +/-1,2 point de pourcentage, note Sotomo.