La relation entre l'hôpital et les patients doit être "revisitée", estime Béatrice Schaad

Parfois par manque de temps, les médecins ne sont pas toujours disposés à bien accueillir leurs patients. Les relations se détériorent, donnant naissance à une image déshumanisée de l’hôpital. Pourtant, c'est un lieu dans lequel on dévoile son intimité.

La solution serait de remettre l'humain au centre des préoccupations de l'hôpital, explique Béatrice Schaad, professeure à l’UNIL et directrice de la communication du CHUV. Elle a aussi participé à l’écriture du livre "(In)hospitalités hospitalières"qui a recueilli des témoignages de professionnels, de patients et de leurs proches.

Elle explique que l'ouvrage "tire la sonnette d'alarme pour dire attention. Si l'hôpital devient inhospitalier, qu'est-ce que ça dit de la société qui l'environne? Est-ce que c'est vraiment dans cette direction que l'on veut aller ou est-ce que l’on préfère se donner les conditions pour préserver cette hospitalité qui est nécessaire?"

Patients exigeants sur la qualité de la relation

L'invitée de La Matinale observe que les patients "sont extrêmement exigeants" sur la qualité de la relation qu'ils entretiennent avec le personnel soignant de l'hôpital. "C'est d’abord ça dont ils se plaignent, avant même de se préoccuper des problèmes cliniques ou d’organisation de la prise en charge", relève-t-elle.

Le temps qui est accordé à la relation appelle à être revisité

Le système de santé actuel "ne valorise pas du tout la relation", déplore Béatrice Schaad. "Le système de rétribution de la relation est absolument nul aujourd'hui. Dans les cinq premières minutes le médecin dit bonjour et organise la suite de la prise en charge, mais le temps qui est accordé à la relation appelle à être revisité."

Il faut donner à l'hôpital "les conditions pour être hospitalier et proposer du temps pour la relation médecin-patient", plaide Béatrice Schaad, mais elle doute "franchement" qu'on en prenne la voie.

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"La médecine est une histoire de rencontres"

Béatrice Schaad reste malgré tout positive. Elle est "persuadée" que rendre le milieu hospitalier plus humain "est possible". C'est même la motivation première de ceux qui choisissent de faire médecine. Ils le font "pour les relations et je pense que chacun travail à réhumaniser l'hôpital à son échelle", assure-t-elle, avant d'ajouter que "la médecine est une histoire de rencontres".

D'ailleurs, les professionnels de la santé ne voient aucun inconvénient à ce que les patients d'aujourd’hui aient de meilleures connaissances de la santé en général et qu'ils soient plus cultivés sur leur propre maladie. Au contraire, "ils s’en réjouissent. Un patient devient un professionnel de sa propre maladie", confie l'auteure.

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Propos recueillis par David Berger

Adaptation web: Julie Marty