Le Norvégien s'est montré ouvert à un tel renforcement de la collaboration entre la Suisse et l'Otan, a souligné Viola Amherd après la rencontre. Il en va de même pour les représentants du Conseil de l'Atlantique nord, le principal organe décisionnel de l'Otan.
Concrètement, la Suisse souhaite participer davantage aux exercices de l'Otan, développer l'interopérabilité entre l'armée suisse et l'alliance, renforcer sa participation aux centres de compétences certifiés par l'alliance atlantique, ainsi que collaborer plus étroitement dans les domaines cyber, de la résilience et de l'innovation.
Participation aux exercices de l'Otan
En réponse à une question d'un journaliste sur une participation de la Suisse aux exercices de l'Otan, au nom de l'article 5, la Valaisanne a répondu que cela devrait être décidé au "cas par cas" côté helvétique. Personne ne s'y est opposé du côté de l'Otan. Il a été dit explicitement que la Suisse devait pouvoir participer à tous les exercices.
L'article 5 du traité fondateur de l'Otan est la clause dite d'"assistance", qui stipule que si un pays de l'Otan est attaqué, les autres membres de l'alliance promettent de lui porter assistance.
Le renforcement de la coopération souhaité par la Suisse est notamment une conséquence de la guerre en Ukraine. La Confédération a publié en septembre un document complémentaire au rapport sur la politique de sécurité de la Confédération de 2021, dans lequel cet objectif est mentionné.
Pression sur la question des réexportations
L'OTAN a toutefois mis un bémol mercredi au souhait de la Suisse de participer davantage aux exercices de l'alliance militaire, indique son secrétaire général. "Plusieurs alliés ont des réserves parce que la Suisse ne leur a pas permis de transmettre des munitions à l'Ukraine".
En raison de cette interdiction, certains Etats membres ont du mal à envisager des exercices avec la Suisse, précise Jens Stoltenberg dans un entretien publié jeudi par les journaux alémaniques du groupe de presse Tamedia.
Le Norvégien confirme la position d'ouverture de l'alliance, mais il évoque aussi le "problème" de la position suisse sur la réexportation de matériel militaire. A la télévision alémanique SRF, le secrétaire général de l'Otan a officiellement demandé que la Suisse autorise la réexportation d'armes et de munitions vers l'Ukraine.
"Naturellement, nous demandons à tous nos partenaires, y compris la Suisse, qu'ils autorisent au moins la réexportation d'armes et de munitions vers l'Ukraine", a déclaré le Norvégien, pour qui "il ne s'agit pas ici de neutralité". Il faut comprendre que les pays neutres ont eux aussi le devoir de défendre la charte des Nations unies, a-t-il ajouté.
La Suisse interdit actuellement à d'autres pays de transmettre à des tiers du matériel de guerre acheté en Suisse. Cette pratique a été fortement critiquée ces dernières semaines par certains pays souhaitant pouvoir livrer à l'Ukraine des armes et des munitions en provenance de Suisse.
"Franche" discussion sur les réexportations d'armes
"La Suisse est un bon partenaire de l'Otan, qui accueille des réfugiés ukrainiens et a mis en place des sanctions contre Moscou", saluait une source diplomatique de haut rang contactée par la RTS avant la rencontre. Mais le langage devient plus direct sur la question de la réexportation d'armement suisse. "Nous dirons à la ministre nos attentes au regard des valeurs que nous partageons. Sans esprit de confrontation, mais franchement", précise cette source.
"La Suisse dépend de l'architecture de sécurité européenne pour sa propre sécurité", rappelait de son côté le ministre lituanien des Affaires étrangères Gabrielius Landsbergis. "Et elle a des moyens d'y contribuer aussi, cela doit être du donnant-donnant. On attend impatiemment une décision en ce sens."
Alain Franco/oang et vajo avec ats