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Bernard Wuthrich: "Je pense qu’Alain Berset prendra sa retraite d’ici la fin de l’année"

L'invité de La Matinale (vidéo) - Bernard Wuthrich, ancien journaliste et correspondant fédéral suisse
L'invité de La Matinale (vidéo) - Bernard Wuthrich, ancien journaliste et correspondant fédéral suisse / L'invité-e de La Matinale (en vidéo) / 12 min. / le 23 mars 2023
Conseiller fédéral le plus en vue, Alain Berset arrive au bout d’un cycle et prendra probablement sa retraite d’ici fin 2023, estime dans La Matinale le journaliste fraîchement retraité et spécialiste de la Berne fédérale Bernard Wuthrich.

Pour Bernard Wuthrich, le parcours d’Alain Berset au Conseil fédéral touche à sa fin: "Je pense qu'Alain Berset approche de la fin de sa carrière. Il aura fait douze ans au Conseil fédéral à la fin de l'année, douze ans au même département, sans jamais changer. C'est déjà un indice qu'il ne va pas encore rester des années au Conseil fédéral", analyse celui qui a été correspondant pendant plus de 30 ans au Palais fédéral, dont 24 pour le journal Le Temps.

Pour l’instant, Alain Berset n’a encore jamais laissé entendre qu’il pourrait mettre fin à sa carrière politique. Mais selon Bernard Wuthrich, il ne faut pas se fier aux déclarations du ministre de l’Intérieur. "Évidemment, quand on l'interroge, il dit qu'il a encore beaucoup de travail, mais tous les conseillers fédéraux disent ça. Vous vous souvenez de Doris Leuthard, qui quelques mois avant sa démission disait qu'elle se plaisait énormément au Conseil fédéral et qu'elle allait y rester encore longtemps."

Fin d’un cycle

Bernard Wuthrich estime qu’Alain Berset arrive à la fin d’un cycle. "Il a eu des réformes très difficiles pour les retraites. Il y a eu l'échec de 2017. Ensuite il a dû reprendre l'AVS et le 2e pilier. Il a eu un succès populaire, très compliqué, très étriqué sur l'AVS, mais avec une majorité qui le soutient quand même."

Si le PS veut se renforcer en Suisse alémanique, il aura avantage à aller en campagne électoral avec une candidature alémanique

Bernard Wuthrich, ancien journaliste spécialiste de la politique fédérale

"Et maintenant, il a terminé la révision du 2e pilier au Parlement. La votation n'aura pas lieu avant les élections fédérales, et c'est peut-être ça le point délicat, parce c'est assez difficile de confier la responsabilité d'une votation aussi sensible à son successeur qui serait en fonction depuis à peine deux ou trois mois au moment du vote. Mais Alain Berset est à la fin d'un cycle. Je sens un peu d'épuisement chez lui et il a le bon âge pour faire autre chose."

Majorité de Latins

Le spécialiste de la politique fédérale insiste sur un autre élément qui devrait pousser le Fribourgeois à la retraite: la majorité latine du Conseil fédéral. "Le Parlement a élu Elisabeth Baume-Schneider pour succéder à Simonetta Sommaruga, ce qui fait que le PS a deux conseiller fédéraux romands. On ne le perçoit peut-être pas toujours du côté romand, mais en Suisse alémanique, il y a quand même des attentes assez fortes pour que ce déséquilibre de quatre Latins au Conseil fédéral pour trois Alémaniques soit corrigé le plus rapidement possible. "

"Je pense qu'il y a des discussions déjà en cours au sein du PS, et si le parti veut se renforcer un peu en Suisse alémanique, il aura peut-être avantage à aller en campagne électorale avec une candidature plutôt alémanique." Et de conclure: "Je ne serais pas surpris qu'Alain Berset ne soit pas sur la liste à élire le 13 décembre 2023 au moment du renouvellement du Conseil fédéral."

Propos recueillis par David Berger

Version web: Antoine Schaub

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Karin Keller-Sutter, nouvelle tête en vue du Conseil fédéral?

Pour l’instant, Alain Berset reste le conseiller fédéral le plus influent, selon le dernier baromètre SSR. Le ministre de la Santé, omniprésent durant la crise du Covid-19, domine ce classement depuis le début de la pandémie.

L'affaire Credit Suisse pourrait néanmoins changer la donne dans l'appréciation des conseillers fédéraux, notamment pour Karin Keller-Sutter, ministre des Finances. "Ça peut être un point de bascule. Depuis qu'elle est au Conseil fédéral - un peu plus d'une législature - on l'attend encore au tournant. Elle n'était pas encore dans son département de prédilection jusqu'à la fin de l'année 2022, mais maintenant elle a pu prendre un département phare", détaille Bernard Wuthrich.

L'ancien journaliste insiste sur la portée de la fusion entre Credit Suisse et UBS, encadrée par le Conseil fédéral : "Il s’agit d’une décision absolument inouïe, totalement inédite dans le fonctionnement de la Suisse moderne, avec un rôle très particulier du Conseil fédéral, qui oblige quasiment deux banques à fusionner. "

"Il s'agit d'une décision impopulaire, plutôt mal perçue. Karin Keller-Sutter a toujours été perçue comme une femme forte, comme une personnalité politique forte. Là elle est au front avec cette décision. Et maintenant sa popularité et l'analyse de son influence dépendront beaucoup de la mise en œuvre", termine Bernard Wuthrich.