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Une majorité du peuple suisse sceptique face au rachat de Credit Suisse par UBS, selon un sondage SSR

Une majorité de Suisses se montre sceptique face au rachat de Crédit Suisse par UBS, d’après un sondage commandé par la SSR
Une majorité de Suisses se montre sceptique face au rachat de Crédit Suisse par UBS, d’après un sondage commandé par la SSR / 19h30 / 2 min. / le 24 mars 2023
Selon un sondage SSR réalisé par gfs.bern, les Suissesses et Suisses font preuve d'un certain scepticisme à l'égard de la reprise de Credit Suisse par UBS: au total, 54% des votants sont plutôt pas ou pas du tout d'accord avec la manière dont UBS a repris la deuxième banque du pays.

Si plus de la moitié des personnes interrogées sont en désaccord avec la décision prise le week-end passé, un peu plus d'un tiers voient cette reprise d'un bon œil (35% très/plutôt d'accord).

Une légère différence d'opinion peut être constatée entre la Suisse alémanique (56% des sondés se déclarent pas du tout/plutôt pas d'accord) et les régions linguistiques de langue latine (francophones 47%; italophones 51%).

Les électeurs et électrices des Verts, du Parti socialiste et de l'UDC sont nettement plus critiques que ceux du centre politique (PLR, Le Centre, Vert'libéraux).

Au total, 40% des personnes interrogées considèrent qu'une nationalisation temporaire de Credit Suisse aurait été une meilleure alternative que son rachat par UBS. Seize pour cent jugent les deux solutions comme équivalentes. Seule une minorité sont d'avis qu'une faillite contrôlée de Credit Suisse aurait été une alternative valable. A noter qu'une partie importante des partisans du PS, des Verts et de l'UDC auraient préféré une reprise temporaire de la banque par l'Etat (entre 42% et 46%).

Entre colère et inquiétude

Sur le plan émotionnel, la colère et l'insécurité prédominent actuellement: 66% des personnes sondées se disent furieuses.

Bien que ce sentiment soit plus marqué au sein de la gauche politique, la colère et l'incertitude sont les sentiments dominants dans tous les camps politiques. Seuls les partisans du PLR se disent majoritairement sereins et optimistes.

Un léger fossé linguistique peut être constaté. La différence la plus importante concerne la peur: alors que la majorité des personnes interrogées en Suisse romande et en Suisse italienne réagissent à la reprise avec crainte, ce sentiment est nettement moins présent en Suisse alémanique. Les Latins se disent aussi plus en colère que les Alémaniques.

La BNS la plus crédible, le PS en évidence

La Banque nationale suisse (BNS) ressort de la semaine écoulée comme l'acteur le plus crédible de cette crise (56% très/plutôt crédible). La confiance dans la FINMA, l'autorité de régulation des marchés financiers, est nettement plus faible (29%).

En deuxième position, on trouve le management d'UBS (46%), qui est même perçu comme plus crédible que le Conseil fédéral (44%). Le contraste est frappant avec la direction de Credit Suisse, qui arrive en dernière position du classement (8%).

Du côté des partis, le PS tire son épingle du jeu. Il est perçu comme la formation la plus crédible sur cette question, devant tous les autres partis et même devant le Parlement fédéral. Trente-sept pour cent des électeurs et électrices en Suisse indiquent qu'ils considèrent le PS comme digne de confiance.

Le Centre et les Verts sont perçus comme crédibles par respectivement 33% et 32% des personnes interrogées. Les partis qui inscrivent la représentation des intérêts de l'économie dans leur programme - l'UDC (29%), les Vert'libéraux (28%) et le PLR (26%) - sont considérés comme les moins fiables sur cette question.

>> L'analyse du 19h30 sur l'influence de la débacle de Credit Suisse sur les prochaines élections fédérales :

L'affaire Crédit Suisse redistribue les cartes en vue des élections fédérales. Les explications de Jean-Marc Heuberger.
L'affaire Crédit Suisse redistribue les cartes en vue des élections fédérales. Les explications de Jean-Marc Heuberger. / 19h30 / 1 min. / le 24 mars 2023

Inquiétude pour l'emploi

Les personnes sondées s'inquiètent par ailleurs des pertes d'emplois (83% très/ou plutôt d'accord) que cette reprise pourrait engendrer, ainsi que des conséquences directes pour la place financière suisse (75%). La réputation de l'économie suisse fait également partie des préoccupations (73%).

Seuls 38% des sondés estiment qu'UBS sera affaiblie par le rachat de Credit Suisse.

Trois exigences sur la table

Les sondés formulent de manière extrêmement claire trois exigences: l'obligation de rendre des comptes de la part du conseil d'administration de Credit Suisse (96% très ou plutôt d'accord), des mesures contre les rémunérations abusives dans le secteur bancaire (93%) et l'exigence que les bénéfices ne restent pas privés alors que les risques sont nationalisés (88%).

Ces trois revendications peu contestées soulignent la grande déception suscitée par ce naufrage politico-économique et ses responsables, selon l'institut gfs.bern.

La conscience des risques liés à la situation actuelle d'UBS après la fusion est également très marquée. Plus de trois quarts des personnes interrogées soutiendraient une division d'UBS et une séparation de la banque d'investissement des activités bancaires classiques. Dans ce contexte, l'exigence que les activités suisses de l'ancien numéro deux bancaire helvétique soient poursuivies sous le nom de Credit Suisse est toujours majoritairement soutenue (58%).

Enfin, la demande d'un vote populaire rapide sur le droit de nécessité, qui permet au Conseil fédéral de prendre des décisions urgentes sans consultation, n'est soutenue que par une petite majorité. En revanche, 71% des sondés défendent le projet d'une enquête parlementaire déjà réclamée par plusieurs partis.

>> Ecouter aussi Forum analyser les résultats du sondage vendredi soir :

Que pensent les Suisses de la crise bancaire de Crédit Suisse?
Que pensent les Suisses de la crise bancaire de Crédit Suisse? / Forum / 2 min. / le 24 mars 2023

Texte: Hélène Krähenbühl
Graphiques: Antoine Schaub

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Méthodologie

Enquête Trend SRG-SSR sur le rachat de Credit Suisse par UBS, réalisée par l’Institut de recherche gfs.bern entre le 21 et le 23 mars 2023 auprès de 14'191 personnes (panel online et questionnaire en ligne). La plage d’erreur statistique est de +/- 4,4 points de pourcentage.

Une pétition pour interrompre les licenciements chez Credit Suisse

L'Association suisse des employés de banque (Aseb) a lancé une pétition pour une interruption des licenciements au Credit Suisse jusqu'à fin 2023, après l'annonce du rachat par UBS.

Les directions des deux grandes banques ne peuvent pas licencier des collaborateurs de manière précipitée et sans considération, a exigé l'Aseb dans un communiqué publié vendredi.

>> Relire : Pierre-Yves Maillard: "Les fusions sont souvent l'occasion de faire des catastrophes"

L'incertitude est grande, en particulier pour les quelque 17'000 collaborateurs de Credit Suisse dans le pays, mais aussi parmi les employés d'UBS. Les deux banques et le Conseil fédéral ont le devoir d'éviter des coupes claires et de sauver le plus possible d'emplois, plaide l'Aseb.

>> Regarder le sujet du 19h30 :

Le rachat de Crédit Suisse par UBS préoccupe les employés, dont certains cherchent déjà un nouvel employeur
Le rachat de Crédit Suisse par UBS préoccupe les employés, dont certains cherchent déjà un nouvel employeur / 19h30 / 2 min. / le 24 mars 2023