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Session spéciale au Palais fédéral pour inclure les personnes handicapées

À Berne, 44 personnes en situation de handicap ont siégé pour la première fois vendredi afin d'appeler à une meilleure inclusion politique
À Berne, 44 personnes en situation de handicap ont siégé pour la première fois vendredi afin d'appeler à une meilleure inclusion politique / 12h45 / 2 min. / le 25 mars 2023
Pour la première fois, Berne a accueilli vendredi 44 élus en situation de handicap lors d’une session spéciale sur le thème de la participation politique et des droits politiques des personnes handicapés en Suisse. Verena Kuonen, élue aveugle, s’est exprimée sur le sujet dans le 12h30 de la RTS.

L’objectif de cette session était de donner davantage de place en politique aux personnes en situation de handicap, encore mal représentées. Par exemple, un seul élu en chaise roulante siège à Berne: le Thurgovien du Centre Christian Lohr. La session entendait pointer du doigt ce décalage et a accouché d'une résolution appelant à renforcer enfin l’inclusion politique.

Les revendications concrètes incluent que le droit de vote et d'éligibilité ne puisse plus être retiré en raison d'un handicap, que la participation égalitaire à la vie politique soit garantie et qu'une représentation adéquate à tous les niveaux politiques - jusqu'au Conseil fédéral - soit visée. Pour atteindre ces objectifs, la résolution s’adresse également aux personnes en situation de handicap afin qu'elles s’engagent en politique et participent aux changements nécessaires.

La résolution dessine une feuille de route pour une politique suisse inclusive. Les problèmes restent en effet nombreux, malgré la ratification par la Suisse de la Convention de l'ONU relative aux droits des personnes handicapées en 2014, dont l'application est jugée insuffisante.

Grand succès

Quarante-quatre élus à divers échelons politiques avec un handicap ont participé, un nombre qui correspond à environ un cinquième du Conseil national. Il est aussi en adéquation avec le fait qu'une personne sur cinq, en Suisse, est touchée par un handicap.

L'association Pro Infirmis, qui organisait l'événement, a dénoncé les obstacles que ces personnes rencontrent. Souvent, ils sont très concrets: pas de rampe d'accès ou pas d'interprète en langue des signes par exemple. A la fin de la session, elle s'est félicitée de ce "grand succès pour une première".

"Les élus en place ne connaissent pas nos besoins"

Co-présidente d'Inclusion handicap, la faîtière des organisations suisses des personnes handicapées, Verena Kuonen s'est dite heureuse de pouvoir "enfin dire à la population que nous pouvons participer à une vie politique" vendredi au micro du 12h30 de la RTS.

Elle a également fait part des préoccupations des personnes dans sa situation. "Je pense que le citoyen suisse doit vraiment se rendre compte qu'il faut nous réserver une place au Conseil national (...), car les élus en place ne connaissent pas nos besoins. Je crois que c’est une réalité. Pour que les choses soient faites de manière juste dès le départ, il faut nous inclure, d’une manière ou d’une autre", a-t-elle plaidé.

"On attend d’être pris au sérieux, ce qui, j'ai l'impression, n’est pas le cas aujourd’hui", déplore aussi Verena Kuonen. "Les obstacles doivent tomber: l'accessibilité en chaise roulante, une documentation accessible pour les aveugles et une interprétation avec la langue des signes pour les personnes sourdes", liste l’élue, active au Conseil communal de Pully (VD) depuis plus de 30 ans.

Sujet radio: Philéas Authier
Adaptation web: Julie Marty/vic

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