"Lors des consultations de personnes âgées en situation précaire, nous constatons régulièrement qu'elles ont droit aux PC depuis longtemps, mais qu'elles ne les demandent pas", explique Alain Huber, directeur de Pro Senectute Suisse, dans un communiqué publié en marge du deuxième rapport partiel de l’Observatoire national de la vieillesse. Pour de nombreux seniors pourtant, les PC sont un élément central de la prévoyance vieillesse.
D'autres facteurs explicatifs
Outre la méconnaissance de ces prestations, trois autres facteurs expliquent le non-recours des personnes âgées. Certaines renoncent à déposer une demande en raison des formalités administratives inhérentes.
D'autres ne veulent pas être une charge pour l'Etat ou dépendre de l'argent d'autrui. Et une partie d'entre elles auraient trop honte d'être cataloguées comme bénéficiaire de PC ou craignent de perdre leur droit de séjour en Suisse.
L'étude représentative a été menée pour l'Observatoire de la vieillesse de Pro Senectute par la Haute école zurichoise des sciences appliquées (ZHAW). Elle porte sur 3300 personnes de plus de 65 ans vivant à domicile dans toute la Suisse.
Etant donné l'évolution démographique et le renchérissement des coûts de la vie, Pro Senectute s'attend à une augmentation des besoins en PC.
ats/oang
La non-demande de prestations, éventuel signe d'un "refus du contrôle de l'Etat", selon Frédérique Leresche
Tout le monde est susceptible de renoncer à des prestations, indique mardi dans La Matinale Frédérique Leresche, chercheuse à la Haute école de travail social de Fribourg et spécialiste du non-recours aux assurances sociales. La problématique ne concerne pas que les personnes âgées.
La collaboratrice scientifique amène des précisions sur la "non-demande" - lorsqu'on a connaissance de prestations, mais qu'on ne les demande pas: "On voit beaucoup dans les discours (des personnes interrogées dans ses recherches, ndlr) un refus du contrôle de l'Etat, de l'idée qu'il détient le pouvoir symbolique et institutionnel de décider ce qui est bon pour les individus", explique-t-elle.
Quelles solutions?
Questionnée sur les solutions possibles au renoncement aux prestations, la spécialiste évoque deux pistes: "Soit on renforce le lien entre les individus et l'Etat, en mettant en place des structures qui simplifient l'accès aux droits ou à l'information sur ceux-ci. Soit on remet en question le rapport des individus avec leurs droits, et donc les prestations qu'on met en place." Comprenez par là un changement de régime. Frédérique Leresche évoque par exemple l'institution d'un revenu de base inconditionnel.
La chercheuse soutient également que les politiques sociales doivent être construites en prenant en compte le point de vue des bénéficiaires.