Une start-up fribourgeoise développe une alternative au dioxyde de titane avec de la cellulose
Des médicaments et préparations cosmétiques sont aussi menacés d’interdiction, car ils contiennent du dioxyde de titane, un pigment utilisé pour ses propriétés de brillance, blancheur et opacité.
"Il y a un peu deux voies: soit on arrive à se passer de cette substance et c'est tant mieux. Soit justement on n’arrive pas à s’en passer et dans ce cas, il faut trouver une substitution qui ne soit pas nocive pour la santé”, a estimé la secrétaire générale de la Fédération romande des consommateurs Sophie Michaud-Gigon dans le 19h30 de la RTS la semaine dernière.
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Remplacé par de la cellulose
La start-up fribourgeoise Impossible Materials s’est emparée du sujet et a levé 3,4 millions de francs pour développer une alternative à base de cellulose de végétaux. La cellulose est le constituant principal des plantes et est disponible en plaques dans le commerce. La matière est dissoute, puis elle subit un traitement chimique spécial avant d’être séchée.
En plus d’être 100% naturelle, cette poudre de cellulose a un autre avantage, explique le directeur de la start-up: "Obtenir du blanc dans une préparation n’est pas difficile. Ce qui l’est, c’est d’y parvenir avec de très fines couches, donc très peu de matière. Nous avons trouvé une solution. Nous pouvons ainsi proposer à nos clients un matériau plus sûr, et meilleur marché".
Un marché de 16 milliards de dollars par an
Les enjeux sont si grands qu’investisseurs et géants des cosmétiques et de la pharmacie refusent d'évoquer ouvertement leurs intérêts. Le marché du dioxyde de titane pèse en effet 16 milliards de dollars par an.
"Je pense qu’il y a un gros marché au niveau des entreprises puisqu’il faut répondre aux demandes des consommateur et aux besoins, aussi, de régulation des Etats. Il y a donc un énorme marché de substitution de la cellulose au dioxyde de titane”, constate Eric-Olivier Pallu, expert de la Commission européenne.
Ligne de production à venir
Mi-mars, la jeune pousse fribourgeoise s’est rendue à une grande foire de start-ups à Paris pour convaincre ses premiers clients industriels.
“Nous suscitons un gros intérêt. Mais il reste beaucoup à faire pour établir une production massive du pigment blanc. Nous investissons dès lors dans une ligne de production-pilote", informe Lukas Schertel, le directeur de l'entreprise issue de l'Université de Fribourg.
Cette installation-pilote sera montée à Marly, près de Fribourg, dans les anciens locaux d’Ilford. L'entreprise y a produit pendant 50 ans des tonnes de papier photo, lui aussi fait de cellulose.
od/juma