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Bénéfices exceptionnels pour les comptes cantonaux 2022

Bénéfices exceptionnels des cantons l'an dernier [KEYSTONE - Gaetan Ball]
Comptes cantonaux, les bénéfices exceptionnels de 2022 / Le Journal horaire / 25 sec. / le 10 avril 2023
Des recettes fiscales bien plus importantes qu'escompté et la manne de la BNS ont permis aux cantons de réaliser de jolis bénéfices en 2022. Ni la guerre en Ukraine ni l'inflation n'ont pu ternir le bilan.

Tous les cantons parmi les 23 ayant publié leurs comptes à ce jour ont réalisé un résultat bien meilleur que prévu. La "palme" de la plus grande différence entre le budget et le résultat revient à Zurich, dont l'argentier s'est "trompé" à hauteur de plus d'un milliard de francs: le canton a engrangé un bénéfice de 543 millions, alors que le budget anticipait une perte de 523 millions.

Genève a aussi largement sous-estimé ses recettes, réalisant un gain de 727 millions de francs, alors qu'il prévoyait de perdre 93 millions.

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En Valais, le bénéfice a été quatre fois plus important que prévu, à 56,3 millions. Le Jura a reçu une "bouffée d'air", avec des comptes excédentaires à hauteur de 320'000 francs.

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Tous dans le noir

A Fribourg, l'excédent s'est monté à 500'000 francs, soit 200'000 francs de plus que budgété. Le canton a en même temps pris les devants en procédant à une dotation de 192 millions aux fonds et provisions afin d'anticiper les besoins futurs. Vaud, Neuchâtel et Schaffhouse n'ont pas encore publié leurs résultats.

Tous les cantons considérés ont fini dans les chiffres noirs. Et 22 sur 23 ont obtenu un résultat meilleur que le budget. La seule exception, anecdotique, vient de Nidwald, qui a dégagé un excédent de 1,2 million alors qu'il anticipait 1,5 million. Le demi-canton a toutefois affecté 28 millions à ses réserves.

A l'addition, les comptes des cantons ont été supérieurs aux prévisions à hauteur de 4,3 milliards de francs. Et leurs bénéfices cumulés ont atteint plus de 3,5 milliards.

Le trio de tête en chiffres absolus est composé de Genève (727 millions de bénéfice), devant Zurich (543 millions) et Berne (358 millions), tandis que les deux Bâle ont encaissé plus d'un demi-milliard d'excédent à eux deux.

La carte des résultats des comptes cantonaux

Paradoxe genevois

La dernière fois que l'ensemble des cantons avaient bouclé l'année dans les chiffres noirs remonte à 2008. Les résultats 2022 sont "étonnants", a déclaré à Keystone-ATS Martin Mosler, responsable de la politique fiscale à l'Institut de politique économique suisse de l'Université de Lucerne. Le contexte inflationniste et les tensions géopolitiques n'étaient a priori pas de nature à favoriser les finances cantonales.

Rien n'illustre mieux ce paradoxe apparent que les comptes genevois. Sans les amortissements, le canton du bout du lac aurait même engrangé un excédent de 1,3 milliard de francs. Les résultats exceptionnels des sociétés de négoce de matières premières ont largement rempli les caisses du canton.

Mais les autres secteurs phares de Genève, comme la finance et l'horlogerie, ont aussi fortement fait pencher la balance, ainsi que le bond impressionnant (683 millions) des impôts sur les personnes physiques.

D'une façon générale, le fait que les cantons aient si bien surmonté les chocs de l'inflation et des tensions internationales démontre "la robustesse de l'économie suisse", relève Martin Mosler.

Quant aux différences énormes entre les budgets et les résultats, elles s'expliquent par le fait que les cantons avaient établi leurs prévisions 2022 en pleine pandémie, soit en 2021, explique Ernst Stocker, président de la Conférence cantonale des directrices et directeurs des finances. Les restrictions ambiantes ne leur avaient pas permis d'envisager que le marché du travail et l'économie repartiraient aussi bien.

En outre, les cantons ont touché 4 milliards de francs de la Banque nationale suisse (BNS) au titre de participation au bénéfice de l'institut d'émission en 2021, qui avait atteint plus de 26 milliards.

Circonspection pour 2023

Une telle aubaine ne va pas se reproduire cette année puisque la BNS a enregistré une perte de plus de 132 milliards de francs en 2022 et qu'elle n'aura donc rien à reverser aux collectivités publiques.

Outre le cas genevois, l'exemple zurichois frappe par son ampleur, avec un écart entre le budget et le résultat qui s'est élevé à 1,07 milliard de francs. Zurich avait sous-estimé ses rentrées fiscales à raison de près d'un milliard. Il n'avait en outre pas vu venir la manne de la BNS, du moins pas dans les proportions enregistrées, ni celle de la Banque cantonale de Zurich.

Berne a aussi largement sous-estimé ses recettes fiscales mais doit d'abord ses chiffres noirs au versement de 488 millions de la BNS. Sans cela, le canton aurait subi un déficit de 122 millions, note l'expert Martin Mosler. Même mécanisme dans le Jura, notamment, qui aurait fini l'exercice dans le rouge sans les 34 millions de la BNS.

Des facteurs spécifiques à certains cantons expliquent aussi l'embellie. Ainsi, le Valais a bien profité d'un marché immobilier florissant. Les résidences secondaires y ont connu un boom lié à la crise sanitaire.

Globalement, les finances cantonales sont saines, se félicite Ernst Stocker. Mais les situations sur le marché du travail et en matière d'asile restent sources d'incertitudes, prévient-il.

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ats/miro

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