Depuis deux jours, les combats à l'arme lourde n'ont pas cessé et l'armée de l'air vise régulièrement, même en plein Khartoum, les QG des Forces de soutien rapide (FSR). Ces ex-miliciens de la guerre dans la région du Darfour, devenus les supplétifs officiels de l'armée, sont déployés dans la capitale, en treillis et en armes, luttant pour prendre le contrôle des infrastructures du pays.
Au moins 97 civils ont été tués, selon le syndicat officiel des médecins, dont 56 samedi et 41 dimanche, pour moitié environ à Khartoum et les combattants tués se comptent par "dizaines". Les Nations unies ont de leur côté dénombré 180 morts et plus de 1800 blessés.
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Situation instable
L'armée a assuré dimanche soir que la situation était "extrêmement stable" tandis que les FSR se disaient "sur la voie de l'emporter définitivement".
Dans les faits, il est impossible lundi de savoir quelle force contrôle quoi. Les FSR ont annoncé avoir pris l'aéroport et être entrés dans le palais présidentiel, ce que l'armée a nié. L'armée assure surtout tenir le QG de son état-major, l'un des principaux complexes du pouvoir à Khartoum.
Dans la capitale, baignée dans une odeur de poudre, privée en partie d'eau et d'électricité, les habitants sont barricadés chez eux alors qu'une épaisse fumée noire monte du centre-ville où siègent les institutions politiques et militaires.
Coupures d'électricité
Alors qu'aucune trêve ne se dessine, médecins et humanitaires tirent la sonnette d'alarme: en temps normal déjà, au Soudan, les foyers ne sont alimentés en électricité que quelques heures par jour. Dans certains quartiers de Khartoum, elle est totalement coupée depuis samedi, comme l'eau courante.
Des médecins ont annoncé des coupures d'électricité dans des salles d'opération et selon l'Organisation mondiale de la Santé, "plusieurs des neuf hôpitaux de Khartoum qui reçoivent des civils blessés n'ont plus de sang, d'équipement de transfusion, de fluides intraveineux et d'autres matériels vitaux".
Les patients, parfois des enfants, et leurs proches "n'ont plus ni à boire ni à manger", a affirmé un réseau de médecins pro-démocratie, disant ne plus pouvoir laisser partir en sécurité les patients soignés, ce qui crée "un engorgement qui empêche de s'occuper de tous".
Appels au calme
Les "couloirs humanitaires" de trois heures annoncés dimanche après-midi par les deux belligérants n'ont pas changé la donne: durant tout ce temps, explosions et tirs n'ont pas cessé à Khartoum.
Le chef de la mission de l'ONU au Soudan, Volker Perthes, s'est dit "extrêmement déçu" que l'armée et les paramilitaires n'aient que "partiellement respecté" les trois heures de "trêve humanitaire" qu'ils avaient dit accepter dimanche. Il ajouté, dans un communiqué, "noter que les combats se sont intensifiés (lundi) matin".
Après la Ligue arabe et l'Union africaine, Washington et Londres ont appelé lundi à la "cessation immédiate" des violences. "Il y a une forte inquiétude partagée au sujet des combats (...) de la menace que cela représente pour les civils, pour la nation soudanaise et même potentiellement pour la région", a déclaré le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken après un entretien avec son homologue britannique James Cleverly au Japon.
ats/juma