Après une courte trêve hivernale, les militants écologistes repartent au combat ce printemps. Dans la nuit de dimanche à lundi, des activistes armés de bêches et de pommes de terre ont vandalisé deux terrains de golf à Vandoeuvres (GE) et Payerne (VD), quelques jours après une action similaire menée au golf de Lausanne. Leur leitmotiv: reprendre les terres aux riches.
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Le week-end précédent, c'est Renovate Switzerland qui sortait d'hibernation. Une poignée de membres du collectif se sont à nouveau collés les mains sur le bitume au Gothard, perturbant le départ des vacanciers de Pâques, afin d'alerter les Suissesses et les Suisses face à l'urgence climatique.
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Le soutien de Delphine Klopfenstein Broggini
Même si elles sont soutenues par une certaine frange de l’électorat, les actions radicales des militants climatiques suscitent l'incompréhension voire la colère d'une bonne partie de la population.
Invitée lundi dans le 19h30 pour évoquer les déprédations commises sur les terrains de golf, la Verte genevoise Delphine Klopfenstein Broggini a pourtant refusé de se distancier des activistes.
"A partir du moment où elles sont pacifiques, ces actions ont leur raison d'être (...) Et ce qu’elles montrent surtout, c’est que le golf est l’un des sports les plus polluants au monde", a argumenté la conseillère nationale, appelant toutefois les militants climatiques à "aller voter".
Vives critiques à l'UDC
Les propos de la présidente des Verts genevois n’ont pas manqué de faire réagir, surtout chez les adversaires politiques les plus farouches du Parti écologiste.
"Contrairement aux citoyennes et citoyens ordinaires qui sont sanctionnés s'ils ne respectent pas la loi, Delphine Klopfenstein Broggini estime que sa morale n'a pas à être limitée par la loi", a notamment attaqué la vice-présidente de l’UDC Céline Amaudruz.
"Pour les Verts, l’action violente (car c’est bel et bien de violence qu’il s’agit) n’est que le prolongement de leur politique par d’autres moyens", a écrit pour sa part son collègue de parti Jean-Luc Addor sur sa page Facebook.
Divergences de vues au sein du parti
Au sein des Verts, les opérations des activistes climatiques ne font pas non plus l’unanimité. Même si le ton est mesuré, certains militants écologistes se distancient publiquement des mouvements radicaux.
"Clairement, ce ne sont pas des actions (comme celles-ci) qui vont convaincre les personnes qui ne sont pas convaincues par la cause climatique", déplore le coprésident des Verts bernois. Pour Cyprien Louis, cela pourrait même être contre-productif et pousser des électeurs à voter pour "les extrêmes anti-climat". "Nous préférons des actions beaucoup plus symboliques qui ne portent préjudice à personne", ajoute le jeune Neuvevillois.
Autre discours du côté de la direction du parti national. "Fondamentalement, sans commenter d'actions particulières, j'aimerais dire que la désobéissance civile fait partie de la démocratie", souligne le président Balthasar Glättli.
Et d’affirmer que, "sans désobéissance, on aurait en Suisse une centrale nucléaire de plus, le canton du Jura n'existerait pas et il n'y aurait pas de service civil". Balthasar Glättli s’est toujours refusé de condamner les activistes du climat, mais en octobre dernier, au détour d’une interview au Blick, le Zurichois s’était permis une petite critique. "On ne sauve pas le climat en se collant la main à la route, mais en votant", avait-il glissé.
Delphine Klopfenstein Broggini "précise sa position"
Quant à Delphine Klopfenstein Broggini, elle a jugé nécessaire de "préciser sa position” dans un message posté sur les réseaux sociaux peu après midi ce mardi. "Que ce soit clair, je m'oppose à tout acte de vandalisme", écrit la présidente des Verts genevois en référence aux déprédations commises sur les terrains de golf en Suisse romande.
"Les actions menées par ces activistes, auxquelles je ne souscris pas, relèvent le retard que la Suisse prend chaque jour un peu plus dans sa réponse climatique", poursuit la conseillère nationale écologiste.
Une stratégie politique à déterminer avant les échéances électorales
Faut-il condamner les actions des militants climatiques, prendre ses distances ou soutenir coûte que coûte leur combat? En termes de stratégie politique, les Verts semblent mal à l’aise, alors qu’ils font face à d’importantes échéances électorales.
Le 30 avril, ils devront défendre leurs deux sièges au Conseil d’Etat genevois. Puis, cet automne, ce sera au tour des élections fédérales.
Le dernier sondage SSR publié il y a un mois donne les écologistes en recul de 2,5 points par rapport à 2019. Paradoxalement, selon cette même enquête, le climat reste la principale préoccupation politique de la population.
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Thierry Clémence et Didier Kottelat