"Aujourd'hui, presque tout peut être fait de manière électronique, donc pourquoi pas l'acte de voter", a déclaré Nicole Burth, cheffe de communication à la Poste, en préambule de la présentation en ligne du nouveau système.
"Environ 80% des votes sont actuellement envoyés par la poste de façon sûre et avec un anonymat garanti", a-t-elle poursuivi. "Certaines applications permettent désormais de voter en ligne avec la même sécurité".
Des spécialistes, dont un centre de cryptographie situé à Neuchâtel et employant près de 50 collaborateurs, s'activent pour combler les éventuelles failles de sécurité et s'assurer que les données ne puissent pas être piratées.
Les intéressés doivent se manifester
Concrètement, toute personne qui veut voter en ligne doit en faire la demande, a expliqué Xavier Monnet, responsable du dossier. Elle reçoit alors le matériel par la poste, qui comprend un code de sécurité. "Selon la loi, le vote électronique doit comporter une partie physique, pour plus de sécurité", précise Xavier Monnet.
Le processus comprend six étapes. Un code d'initialisation permet de le démarrer. Puis, un deuxième facteur d'identification est demandé, la date ou juste l'année de naissance, selon les cantons. Le processus s'est bloqué mercredi lors de la démonstration, mais il ne prend normalement que quelques secondes.
La personne peut ensuite saisir son vote et en contrôler la justesse grâce aux codes figurant sur le matériel papier reçu. Si aucune case n'est cochée, cela correspond à un vote blanc. La personne doit enfin activer un code de finalisation, également à comparer avec celui sur papier.
Pas plus de 30% des votants
Légalement, le vote électronique ne peut pas concerner plus de 30% des votants. Le Conseil fédéral a accordé début mars à Bâle-Ville, Saint-Gall et Thurgovie l'autorisation d'utiliser celui de la Poste.
Il pourra être employé dans les trois cantons par les Suisses de l'étranger pour la votation du 18 juin. A Bâle-Ville, les personnes en situation de handicap pourront aussi y recourir, de même que certaines communes-pilotes en Thurgovie.
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Les Grisons devraient y recourir en 2024. La Poste est en discussion avec d'autres cantons, mais rien n'est encore finalisé à ce stade.
Dès mercredi, toutes les personnes intéressées ont la possibilité de découvrir et d'essayer le système sur une plateforme de test. La Poste y met à disposition une version de démonstration qui leur permet de jouer elles-mêmes le processus de vote électronique.
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Quid de la sécurité?
L'enjeu de la sécurité demeure. Mais c'est avant tout une question de pesée d'intérêts, selon Solange Ghernaouti, professeure à l'Université de Lausanne et experte en cybersécurité.
"Quand on vote à distance par internet, caché derrière un écran, on prend toujours des risques d'être piraté ou qu'il y ait un problème informatique. Ce n'est pas forcément bien ou mauvais. Il faut faire la pesée des intérêts entre les avantages et les inconvénients que cela peut générer. Donc s'il y a plus d'avantages que d'inconvénients, pourquoi pas. Mais il faut évaluer tous les risques et pouvoir les mettre sous contrôle", souligne-t-elle dans La Matinale.
ats/miro