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Albert Rösti défend la loi climat, attaquée en référendum par son parti

Selon Albert Rösti et les cantons, la loi climat permettra des économies d'électricité
Selon Albert Rösti et les cantons, la loi climat permettra des économies d'électricité / 19h30 / 2 min. / le 21 avril 2023
Jugeant qu'il est important de réduire la dépendance du pays en matière énergétique, le conseiller fédéral en charge de l'environnement Albert Rösti défend la loi sur le climat, attaquée en référendum par son parti, l'UDC. Les Suisses voteront le 18 juin sur ce contre-projet à l'initiative pour les glaciers.

La Suisse importe près des trois quarts de son énergie, a indiqué jeudi le Département fédéral de l'environnement, des transports, de l'énergie et de la communication (DETEC). Le pétrole et le gaz proviennent entièrement de l'étranger. En outre, les énergies fossiles nuisent au climat.

>> Lire aussi : Guy Parmelin: "En cas d'hiver très froid, il sera nécessaire de faire davantage d'économies d'énergie"

Afin de réduire la dépendance vis-à-vis de l'étranger et la pollution de l'environnement, le Conseil fédéral et le Parlement veulent diminuer la consommation d'énergies fossiles avec la loi sur la protection du climat. D'ici 2050, les émissions de gaz nocifs pour le climat doivent être réduites à zéro.

Le ministre de l'Energie Albert Rösti a présenté devant la presse les arguments en faveur de la loi sur le climat et l'innovation (LCI). Et le chef du DETEC de souligner que le texte n'introduit pas d'interdictions, ni dispositions, ni taxes, ni impôts supplémentaires, selon le communiqué.

Interrogé dans le 19h30 sur la compatibilité de l'objectif zéro émission nette qu'impose la loi d'ici 2050 avec la sécurité énergétique de la Suisse, Albert Rösti a concédé qu'il s'agissait d'un "grand challenge". Il a plaidé pour davantage d'investissements des entreprises énergétiques dans les énergies renouvelables, telles que l'hydraulique, le solaire ou le biogaz.

>> L'interview du conseiller fédéral Albert Rösti dans le 19h30 :

Début de la campagne sur la loi climat: entretien avec le conseiller fédéral Albert Rösti
Début de la campagne sur la loi climat: entretien avec le conseiller fédéral Albert Rösti / 19h30 / 3 min. / le 21 avril 2023

Soutiens financiers

La loi prévoit en revanche une aide financière aux propriétaires qui remplacent leur chauffage au mazout ou au gaz ou qui isolent mieux leur maison. Elle réserve à cet effet 200 millions de francs par an sur dix ans. En outre, les entreprises qui investissent dans les technologies innovantes seront aussi soutenues avec 200 millions de francs par an sur six ans.

La Confédération doit également soutenir financièrement le remplacement des chauffages électriques. Ces derniers consomment environ 10% de l'électricité en hiver, ce qui correspond à la quantité produite par la centrale nucléaire de Mühleberg (BE) pendant toute une année, avant sa mise à l'arrêt.

Sur la question du nucléaire, Albert Rösti dit compter sur les centrales suisses qui sont encore en fonction. "C'est très important de les laisser en fonction lorsqu'elles sont sûres", a-t-il avancé.

Mais actuellement la priorité, martèle-t-il, ce sont les énergies renouvelables. "Il faut augmenter les barrages et investir dans les panneaux solaires alpins pour avoir un approvisionnement plus sûr, surtout pour l'hiver. La discussion sur le nucléaire sera intéressante dans les 10 à 20 prochaines années, mais pas aujourd'hui", a ajouté le conseiller fédéral.

Les cantons aussi pour le oui

Roberto Schmidt, président du Conseil d'Etat valaisan et président de la Conférence des directeurs cantonaux de l'énergie (EnDK), plaide également pour le oui. Les cantons soutiennent la loi, qui complète les instruments existants, comme le Programme Bâtiments commun à la Confédération et aux cantons.

Du point de vue des cantons, il est important que les moyens financiers supplémentaires de la Confédération puissent être utilisés non seulement pour le remplacement des chauffages à mazout, à gaz et électriques, mais aussi pour des mesures visant à améliorer l'efficacité énergétique.

>> Ecouter aussi les précisions du 12h30 :

Le ministre Albert Rösti défend la loi sur le climat, attaquée en référendum par son parti l'UDC. [Keystone - Peter Schneider]Keystone - Peter Schneider
Le conseiller fédéral Albert Rösti lance la campagne pour la Loi climat du 18 juin / Le 12h30 / 2 min. / le 21 avril 2023

Référendum de l'UDC

Pour rappel, le Parlement a adopté la loi sur le climat et l'innovation comme contre-projet indirect à l'initiative pour les glaciers déposée en 2019 par l'Association suisse pour la protection sur le climat. Le comité d'initiative a temporairement retiré son texte au profit du contre-projet, mais à condition d'un oui dans les urnes le 18 juin.

L'UDC a lancé un référendum contre la loi. Si la loi sur la protection du climat est adoptée, l'initiative qui vise, elle, à interdire explicitement les énergies fossiles à partir de 2050 sera abandonnée.

Outre la Conférence des gouvernements cantonaux, l'association économique faîtière Economiesuisse, l'Union suisse des paysans, la Fédération suisse du tourisme et l'Union des villes suisses soutiennent le projet.

L'Association suisse des locataires, le Groupement suisse pour les régions de montagne (SAB), l'Association suisse de l'industrie des machines, des équipements électriques et des métaux (Swissmem), l'Association des communes suisses ainsi que de nombreuses organisations de protection de la nature et de l'environnement ont également recommandé le oui.

fgn/boi avec ats et ms

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Un nouveau costume de ministre

Albert Rösti a donc dû répondre aux critiques de son propre parti sur la loi climat. L'ancien président de l'UDC et ancien parlementaire a enfilé son costume de conseiller fédéral pour aborder sa première votation populaire. Et, manque de chance, il doit défendre un projet qui ne le convainc pas. Mais on le sait, en Suisse, les membres du gouvernement sont régulièrement forcés à jouer ce jeu-là.

En outre, l'UDC est le seul parti qui s'est opposé à la loi climat au Parlement et c'est elle qui a lancé le référendum. Albert Rösti était même co-président du comité référendaire.

Mais la donne a changé et le temps où Albert Rösti dénonçait "l'alarmisme climatique", mais aussi les "actions diaboliques" et les "mesures contre-productives" pour la protection de l'environnement semble bien loin.

Malgré cette situation plutôt étonnante, Albert Rösti s'est montré plutôt détendu devant la presse. Le Bernois assure qu'il mènera cette campagne normalement, comme un ministre se doit de le faire dans ce genre de cas.

"Je ne suis pas le premier conseiller fédéral qui doit assumer ce changement de rôle, ce n'est rien de nouveau", a déclaré Albert Rösti dans le 19h30. "J'ai toujours été conscient que le rôle d'un conseiller fédéral était différent et je vais l'assumer pleinement."

Une loi boudée par les délégués

Jusqu'à présent, le ministre a bien joué le jeu. Reste que l'UDC ne fera pas de cadeau à son conseiller fédéral. Dans un communiqué, le parti a reproché à Albert Rösti de retenir des informations sur les réelles conséquences de la loi climat.

L'ancien parlementaire, par ailleurs aussi ancien président du lobby du mazout, a vu également cette loi être boudée quand il l'a défendue devant les délégués UDC en mars dernier, qui ont voté contre à l'unanimité. Une situation qu'Albert Rösti ne juge pas comme un échec, mais comme un résultat prévisible.

Albert Rösti demeure par ailleurs un politicien populaire qui inspire la confiance de l'électorat UDC. Son discours pourrait donc convaincre une partie de celles et ceux qui avaient rejeté la loi CO2 il y a deux ans.

>> Les explications de Forum :

Albert Rösti défend la loi climat, attaquée en référendum par son parti
Albert Rösti défend la loi climat, attaquée en référendum par son parti / Forum / 3 min. / le 21 avril 2023