Les femmes sont en effet souvent confrontées à un manque d'hygiène, au sexisme et au manque de respect sur les chantiers, a fait savoir le syndicat, à l'issue de l'assemblée nationale des travailleuses de la construction.
Des peintres, plâtrières, électriciennes, entre autres, ont discuté des résultats de l'enquête menée par Unia de décembre à fin mars auprès de 300 participantes pour obtenir un aperçu des préoccupations des femmes dans la branche. Il en ressort que 73,1% des sondées revendiquent des toilettes propres avec de l'eau courante et des poubelles.
Pour Daniela Karst, syndicaliste chez Unia en charge de cette enquête, il était nécessaire de connaître les conditions de travail des femmes sur les chantiers pour pouvoir, si besoin, les améliorer. En effet, le secteur fait actuellement face à une pénurie de main d'oeuvre. Plusieurs campagnes de recrutement visent d'ailleurs justement les femmes.
Invité dans Forum samedi, Nicolas Rufener, secrétaire général de la Fédération genevoise des métiers du bâtiment, voit cette enquête d'un très bon oeil. "C'est intéressant qu'on s'intéresse à la possibilité pour les femmes de venir dans les métiers du bâtiment. Des métiers qui sont trop masculins pour l'instant. Je suis satisfait qu'Unia s'intéresse à ceci."
Harcèlement sexuel
Plus de la moitié des participantes à l'enquête ont déjà subi du harcèlement sexuel, que ce soit de la part de collègues, de clients ou de supérieurs. Un quart d'entre elles ont rapporté avoir subi des violences sexuelles au travail.
Si on avait 50% d'hommes et 50% de femmes sur les chantiers, ce genre de comportements seraient beaucoup moins importants
Cette réalité doit être enfin prise en compte et rapidement, comme l'explique Nicolas Rufener. "C'est vrai que malheureusement, les chantiers sont des lieux majoritairement composés d'hommes. Et quand il y a beaucoup d'hommes ensemble, ça peut susciter des réactions totalement inadéquates. Il y a donc nécessité de saisir cette réalité si on veut des femmes sur les chantiers. Il faut leur offrir des conditions sécurisées et acceptables."
"Si on avait 50% d'hommes et 50% de femmes, ce genre de comportements seraient beaucoup moins importants. Aujourd'hui, une femme sur un chantier, c'est encore quelque chose de trop inhabituel. Je pense que les réactions des hommes, réactions que je déplore, viennent de cet état de fait", souligne-t-il, ajoutant ne pas croire que l'établissement de chartes à ce sujet améliorerait la situation. "Je pense qu'il y a une loi et qu'il faut la respecter. Et le cas échéant, il faut aller devant la justice, si nécessaire."
Salaire égal pour un travail égal
Parmi les femmes interrogées, 78% ont indiqué travailler à temps plein. Et 90,7% d'entre elles souhaitent mieux concilier travail, famille et loisirs. En outre, 92,2% se prononcent en faveur d'un salaire égal pour un travail égal.
Unia demande aux employeurs de respecter les besoins et les préoccupations des femmes dans la construction et d'améliorer leurs conditions de travail. Les participantes à l'assemblée se sont par ailleurs prononcées contre la baisse des rentes du deuxième pilier décidée par le Parlement et pour le référendum contre la réforme de la LPP.
fgn avec ats