Considérée comme révolutionnaire, la pilule abortive RU-486 a permis d'avorter sans recourir à la chirurgie. Depuis une trentaine d’années, elle cristallise les tensions autour du droit à l’IVG… aux Etats-Unis tout récemment, mais chez nous, aussi.
"La mifépristone ou RU486 est un stéroïde qui émerge à la fin des années 1970 dans le cadre de recherches contre les effets négatifs des hormones ayant des actions anti-inflammatoires. Il s'avère que le RU486 a aussi une action anti-progestérone, c'est-à-dire l'hormone naturelle qui prépare l'utérus pour une grossesse", explique dans Le Point J l’historienne Marina De Toro, dont les travaux portent sur les premiers débats publics autour du droit à l’avortement en Suisse.
Le médecin et chercheur français Etienne-Emile Beaulieu entame aussitôt des tests, notamment en Suisse, à Genève, sur des femmes volontaires qui désirent effectuer une IVG. Des études cliniques menées notamment sous l'égide de l'OMS ont ensuite lieu. La France est le premier pays à commercialiser la RU486 en 1988. La Suisse autorise sa vente 10 ans plus tard, en 1999.
Dès les premières études sur le RU486, en Suisse, les milieux anti-avortement se mobilisent contre sa commercialisation dans le pays. Ils considèrent que cette pilule banalise l'avortement.
De leur côté, celles et ceux qui luttent pour décriminaliser l’IVG considèrent cette pilule comme "révolutionnaire". "Dans les années 1970, les femmes souhaitant avorter n'avaient pas d'alternative à la voie chirurgicale, une méthode invasive. Ainsi, cette nouvelle pilule donne sécurité et liberté, ce qui lui confère cette dimension révolutionnaire", analyse Marina De Toro.
Julie, 37 ans, mère de deux enfants, a eu recours à un avortement par voie médicamenteuse après la naissance de sa deuxième fille. Elle témoigne dans Le Point J. "Il y a une notion de deuil, de décision raisonnée et raisonnable, qui n'est pas prise de manière frivole".
>> Ecouter l'épisode complet, avec le témoignage de Julie :
Juliane Roncoroni et l'équipe du Point J
Publié