L'engouement est grandissant pour le football féminin, comme l'a montré le dernier Euro dames en Angleterre. En Suisse, plus de 30'000 femmes jouent désormais dans un club. Elles représentent plus de 10% des personnes qui ont une licence dans le pays.
Malgré cet essor, beaucoup de joueuses de première division suisse ont un travail à côté du football. C'est le cas de Sandrine Mauron, 26 ans. Après avoir vécu le professionnalisme dans le club allemand de Francfort, elle a fait le choix de revenir en Suisse il y a quelques mois, au Servette FC Chênois Féminin (SFCCF).
Désormais, elle travaille également à 50% comme employée de commerce dans une entreprise genevoise de recyclage. Ses journées commencent derrière son ordinateur à 7h30.
Journées bien remplies
"J'aime être active dans ma vie et c'est important pour moi aussi de penser à l'avenir", explique Sandrine Mauron. Mais l'internationale suisse ne cache pas que ce job apporte un complément bienvenu: "Ca a déjà bien évolué, on a des salaires fixes, c'est déjà un énorme saut pour le foot en Suisse, mais ce n'est pas avec le revenu du foot qu'on gagne notre vie."
Sa journée se poursuit à 16h avec l'entraînement. Direction le stade la Fontenette à Carouge. L'équipe s'y entraîne cinq à six fois par semaine. Elle a fini en tête de la saison régulière et ambitionne de retrouver la Ligue des champions féminine, que le club a connu il y a peu. Un autre objectif, désormais atteint, était la finale de la Coupe de Suisse, remportée ce samedi contre St-Gall.
Budget en hausse
Le budget de l'Association du SFCCF, qui inclut le secteur formation, a largement grimpé ces dernières années: "Aujourd'hui, il est d'environ 1,5 million de francs", explique Loïc Luscher, responsable communication du club grenat et membre du Comité. "Plus on sera visible, plus on pourra attirer des partenaires commerciaux et plus on pourra augmenter notre budget."
Dans l'équipe genevoise, plusieurs nationalités cohabitent, mais pour recruter, le club doit se montrer inventif: "On va chercher des fins de contrat et non acheter des joueuses, car on n'a pas les moyens de le faire", explique Eric Sévérac, le manager de l'équipe.
Il relève la différence qui sépare son club de ce qui se fait de mieux au niveau européen: "Chelsea a par exemple un budget identique à celui de nos garçons à Servette. Les choses avancent, espérons que ça avance aussi du côté suisse."
Des attentes autour de l'Euro
Est-ce que l'Euro 2025 en Suisse peut accélérer les choses? Beaucoup l'espèrent et veulent profiter de l'enthousiasme actuel. Loïc Ravenel, collaborateur scientifique au Centre International d'Etudes du Sport à Neuchâtel (CIES), relève de manière générale qu'un tel événement en lui-même ne suffit pas: "Il va créer un focus, les spectateurs vont pouvoir se faire une petite culture, mais si ce n'est pas accompagné par une vraie stratégie, en général ça retombe."
Sandrine Mauron estime que l'Euro va beaucoup amener et que le football féminin est sur le bon chemin: "On a vu que les compétitions des dernières années ont toujours eu une très bonne visibilité et c'est positif pour la suite."
Elle espère qu'à l'avenir on parlera uniquement de football, sans faire de distinction: "Il ne faut pas comparer le football féminin au football masculin."
Guillaume Rey, Katia Bitsch
La Coupe de Suisse pour Servette-Chênois
Servette-Chênois a décroché samedi la première Coupe de Suisse de son histoire. Devant un peu moins de 5700 spectateurs, les Genevoises ont souffert mais ont fini par s'imposer 1-0 contre Saint-Gall en finale grâce à un but de Natalia Padilla à la 39e minute.
L'internationale polonaise s'était déjà vu refuser l'ouverture du score quelques minutes auparavant pour une position de hors-jeu. Il s'agit du 2e trophée national pour les Servettiennes après le championnat en 2021.