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Les festivals romands tirent un bilan positif des programmes contre le harcèlement

Un groupe de jeunes dans un festival de musique. [Depositphotos - Halfpoint]
"On vous importune? Demandez Angela au bar." / On en parle / 11 min. / le 28 avril 2023
En 2022, plusieurs festivals de musique ont adopté des dispositifs de prévention contre le harcèlement et les discriminations, nommés "Angela" et "Aretha". L'expérience est positive et sera reconduite, même si peu de chiffres sont disponibles.

"On vous importune? Demandez Angela au bar." Dans les festivals romands comme le Caribana, le Montreux Jazz et Paléo, des affiches placardées dans des endroits stratégiques comme les toilettes contenaient ce message tout en rappelant les valeurs de respect et de bienveillance de la manifestation. Ce programme né en Angleterre permet, en donnant ce nom de code au personnel des festivals, de demander de l’aide et d’être emmené en lieu sûr si nécessaire.

Du côté de Fribourg, une charte nommée "Aretha" a été lancée en 2019 et signée par des bars, des clubs et des festivals comme Les Georges et L'Estivale. Le principe est identique: il est possible de demander à voir Aretha au personnel en cas de problème.

Festi’Neuch a aussi mis en place un programme similaire en 2022.

Un bilan positif pour les festivals

Interrogés par On en parle, le Montreux Jazz, le Caribana, Festi'Neuch et Les Georges se disent satisfaits du dispositif. À Montreux, une quinzaine de personnes ont été prises en charge après avoir demandé Angela. Les autres manifestations n’ont pas de statistiques précises, mentionnant "quelques cas". Elles insistent cependant sur l’importance de la prévention grâce aux affiches. Toutes les manifestations annoncent reconduire le protocole cette année.

En deux semaines, le personnel du Montreux Jazz est venu en aide à quinze personnes ayant demandé Angela. "Comme il s’agit de la première année où nous lançons Angela dans les lieux publics du festival, il est difficile de se dire si ce chiffre est beaucoup ou pas assez", explique Eduardo Mendez, attaché de presse du Montreux Jazz, dans On en parle. "Sur 250'000 personnes durant 16 jours, nous nous réjouissons de voir l’évolution du dispositif et jusqu’où le message sera diffusé."

Le communicant mentionne aussi, en plus de l’objectif d’information de la charte "Angela", son but préventif "pour dissuader les potentielles personnes un peu éméchées d’adopter un comportement de harcèlement pendant la soirée."

Sujet radio: Isabelle Fiaux et Pedro Nevado

Adaptation web: Myriam Semaani

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Le fonctionnement d’Angela au Montreux Jazz Festival

Lorsqu'une personne demande Angela à un ou une employé du Montreux Jazz Festival, elle est mise à l'écart dans un endroit sûr, tandis que le personnel appelle une équipe de médiation urbaine. Composée de travailleurs sociaux, l’équipe écoute la victime, la rassure et lui propose de l’eau. Ensuite, cette dernière a la possibilité d’être ramenée chez elle, de déposer plainte auprès du poste de police du festival, d’aller à l’infirmerie ou de reprendre sa soirée.

Quant à la personne harceleuse, Eduardo Mendez est plus nuancé: "Cela dépend des cas. Si le cas est vraiment problématique, on peut demander à la personne qui harcèle de s’éloigner. Mais en général, elle disparaît malheureusement dans la foule."

Le personnel et les bénévoles sont-ils formés pour faire face aux situations de harcèlement? "Nous engageons 1500 personnes sur le festival. Je ne sais pas exactement le nombre de bénévoles travaillant aux bars, mais il est impossible de former individuellement chaque personne de manière suivie et professionnelle. Les organisateurs du bureau permanent ont suivi une formation. Ceux-ci transmettent le message et donnent les clés aux responsables de secteur, qui vont à leur tour coacher leurs équipes. Mais le rôle des bénévoles est simple: si l’on demande Angela au bar, ils et elles contactent directement la médiation urbaine."