L'USS a organisé des manifestations dans une cinquantaine de localités. Dans son appel du 1er Mai, la faîtière exige de meilleurs salaires et de meilleures rentes.
Les revenus de l'immense majorité de la population ne cessent de baisser tandis que les prix, les primes d'assurance maladie et les loyers augmentent, dénonce l'USS dans un communiqué.
De nombreux employeurs ne veulent même pas adapter les salaires à l'inflation, a relevé son président Pierre-Yves Maillard. Au lieu de cela, les élites économiques demandent une augmentation du temps de travail et de nouvelles hausses de l'âge de la retraite, dénonce-t-il. "Cela n'a rien à voir avec la défense du bien commun."
Large volet féministe
La discrimination salariale des femmes était au coeur de nombreux discours et revendications lundi. La vice-présidente de l'USS et secrétaire générale du Syndicat des services publics (SSP) Natascha Wey a appelé à une "nouvelle offensive" en faveur des revendications syndicales, dont l'égalité salariale, des salaires plus élevés pour les professions dites féminines et une meilleure conciliation entre famille et travail.
"Le 1er Mai ne doit être qu'une première étape d’une mobilisation pour plus de justice sociale. La prochaine sera celle du 14 juin, la grève des femmes, pour laquelle j'invite toutes et tous à se mobiliser", a aussi lancé la vice-présidente d'Unia, Véronique Polito.
BIENNE - Le président de la Confédération fustige l'accroissement des inégalités
La manifestation du 1er Mai à Bienne s'est déroulée en présence du conseiller fédéral Alain Berset. Devant environ 200 personnes, il a fustigé l'accroissement des inégalités et appelé à faire preuve de solidarité et de combativité pour maintenir la cohésion sociale malgré les crises, qui pèsent principalement sur les plus fragiles et les plus précaires.
"Les inégalités sont aujourd'hui aussi extrêmes qu'au début du 20e siècle, c'est-à-dire qu'à l'époque où il n'y avait guère d'État social digne de ce nom", a-t-il relevé. A l'époque où "la politique et la société étaient marquées par la suprématie à peine contestée des plus forts économiquement. Une suprématie qui est à nouveau revendiquée aujourd'hui de manière décomplexée".
Dans son discours bilingue, le président de la Confédération a estimé que les questions importantes - comme la lutte contre le changement climatique ou l'égalité salariale - étaient souvent "reléguées à l'arrière-plan".
En outre, l'augmentation des dépenses de base constitue depuis des années la plus grande charge financière pour les ménages, a-t-il relevé. Il a appelé à s'attaquer aux problèmes les uns après les autres et ne pas se laisser décourager. "Rien n'est offert, mais beaucoup est possible", a-t-il lancé.
Le socialiste ne s'était pas joint au défilé et avait directement gagné la Place centrale en voiture. Accueilli sous les acclamations, il a salué les militants et s'est prêté au jeu des selfies. Il n'y a eu aucune manifestation d'hostilité.
BERNE - Elisabeth Baume-Schneider se mêle à la fête du travail
Les syndicats et les partis de gauche bernois célébraient quant à eux la fête des travailleurs sur la Place fédérale. La conseillère fédérale Elisabeth Baume-Schneider s'est mêlée aux centaines de participants.
La Jurassienne n'a pas prononcé de discours. Elle s'est patiemment prêtée au jeu des égoportraits et a échangé avec les nombreuses personnes présentes.
En revanche, les conseillères nationales Flavia Wasserfallen (PS) et Natalie Imboden (Verts) ont pris la parole. Elles ont fait campagne en faveur du référendum contre la réforme "bancale" du 2e pilier. "Nous mettrons cette réforme à terre dans les urnes en 2024", a lancé Flavia Wasserfallen.
Les deux députées fédérales ont également appelé à participer à la grève des femmes du 14 juin. "L'époque où les femmes se contentaient des bas salaires est révolue", a affirmé la Verte.
GENÈVE - Deux mille personnes et rassemblement romand à Lausanne
A Genève, le cortège a réuni quelque 2000 personnes. Alors que la droite s'est renforcée aux récentes élections cantonales, les syndicats et la gauche s'étaient donné pour objectif de relancer le mouvement social. En cette année électorale, tous les élus genevois de gauche à Berne étaient visibles, aux côtés des élus cantonaux et municipaux.
A Lausanne, le cortège du 1er mai a rassemblé entre 300 et 400 manifestants. Parmi eux, des délégations de travailleurs du second oeuvre romand ont exigé des améliorations de leur convention collective de travail en cours de renouvellement, et notamment de meilleurs salaires.
"Second oeuvre, pas seconde main, augmentez nos salaires maintenant", pouvait-on lire sur des banderoles. Sur un char figurait une "râpe d'or aux patrons du SOR" (second oeuvre romand), ainsi que des toilettes de chantier, illustrant où finissent les revendications du secteur depuis onze ans.
ZURICH - 10'000 personnes contre l'augmentation du temps de travail
À Zurich, le défilé officiel du 1er Mai a réuni près de 10'000 personnes - selon les syndicats - dans la matinée. Plusieurs oratrices y ont pris la parole pour rappeler le lien entre les luttes féministes et les luttes pour les droits au travail. Des dégâts matériels ont été causés par des militants issus des milieux autonomes zurichois (gauche radicale), mais sans causer de gros incidents, selon la police.
Les vitres d'au moins deux banques ont été brisées le long du parcours, et de la peinture jetée sur une filiale de l'UBS à la Bahnhofstrasse. Des pétards et des fumigènes ont aussi été allumés en plusieurs endroits, tandis que des manifestants ont aussi lancé des bombes à eau sur les forces de l'ordre déployées le long du parcours, a indiqué la police municipale. La police est restée en retrait.
A la fin de la manifestation, des discours ont été tenus sur la place du Sechseläuten. La conseillère nationale Tamara Funiciello (PS) a exigé une réduction du temps de travail et fustigé l'éventualité d'un relèvement de l'âge de la retraite à 70 ans, évoquée par l'Union patronale comme une "solution aux pénurie de personnel".
La police zurichoise a en outre stoppé deux manifestations non autorisées lundi après-midi. Au moins onze personnes ont été emmenées au poste pour des clarifications. Plus de 200 personnes ont été expulsées et deux ont été blessées.
Les Jeunes socialistes ont dénoncé "une violence policière massive", alors que l'UDC a félicité les forces de l'ordre.
ARGOVIE - "Briser le silence" sur la pauvreté en Suisse
Selon le coprésident du PS Cédric Wermuth, il faut briser le silence sur la pauvreté dans la Suisse riche. Lutter contre la pauvreté n'est pas sorcier, mais il faut le vouloir, a-t-il déclaré dans son discours du 1er Mai à Zofingue (AG). "La pauvreté n'est pas une fatalité, ni pour les personnes ni pour la société dans son ensemble", écrit-il dans un discours transmis aux médias.
Le socialiste argovien a également dénoncé le sauvetage d'urgence du Credit Suisse, soulignant qu'il n'y avait encore "jamais eu de droit d'urgence pour les personnes qui doivent lutter chaque mois ou chaque jour pour leur survie financière".
Lutter contre la pauvreté n'est pas sorcier, mais il faut le vouloir
"Chaque fois que nous demandons à Berne un peu plus d'engagement en faveur des personnes qui doivent lutter pour leur existence, on n'a apparemment pas d'argent. Mais si les banques et leurs managers frappent à la porte, l'argent coule comme du miel des caisses fédérales et des pots de la Banque nationale", a-t-il ironisé, se disant furieux contre la droite pour ce manque de respect pour les soucis quotidiens des gens.
"Lutter contre la pauvreté n'est pas sorcier, mais il faut le vouloir", a-t-il martelé dans un autre discours prononcé à Aarau.
BÂLE - Important dispositif policier dénoncé
A Bâle, une intervention policière avec blocage de l'itinéraire autorisé pour la manifestation du 1er Mai a tourné au vinaigre. Ce n'est qu'après plus de deux heures d'encerclement que la situation s'est quelque peu calmée.
A l'aide d'un important dispositif, la police a bloqué le parcours de la manifestation quelques centaines de mètres après son départ. Elle a encerclé environ 70 participants en tête du cortège "en raison de la présence de groupes cagoulés et équipés de matériel de protection".
Ses tentatives d'envoyer le reste du défilé sur un itinéraire alternatif ont toutefois échoué. Les syndicats traditionnels et le PS, qui s'étaient initialement distanciés du "bloc anticapitaliste" en tête de cortège, s'en sont finalement montrés solidaires. Le porte-parole d'Unia a condamné l'intervention policière "contre des manifestants pacifiques".
jop avec ats