Avec leurs 17 hectares, les domaines de la Pêcherie et de la Frésaire à Allaman (VD) constituent la plus grande production de kiwis bio de Suisse. Ici, au bord du lac Léman, 4 millions de kiwis sont cultivés chaque année. La production a démarré en 1984.
Matthias Faeh, directeur des domaines, explique dans le magazine de la RTS basik: "Des pionniers de l'arboriculture de la région se sont lancés parce qu'il y avait ce domaine… On est dans l'embouchure de l'Aubonne, cela donne un climat particulièrement tempéré. Le lac amène une inertie thermique et des sols exceptionnels."
400 tonnes de kiwis à Allaman
Récoltés à la fin de l'année, les kiwis mûrissent en frigo avant d'être vendus sur les étals entre janvier et avril. Le producteur vaudois n'utilise aucun traitement chimique, tout est 100% naturel. Il faut en revanche beaucoup d'eau et de la main-d'œuvre, jusqu'à 30 personnes à certaines périodes.
Si le kiwi représente 95% des revenus de cette exploitation, la production demeure cependant limitée face à la production étrangère. Les meilleures années, 400 tonnes de kiwis sont produits à Allaman, quand la Suisse dans son ensemble en consomme 12'000 tonnes au total.
En Suisse, c'est l'Office fédéral de l'agriculture qui fixe les règles. Si la législation est stricte en matière d'importation, chacun peut planter ce qu'il veut comme espèce.
Cultures du riz à Zurich
À Zurich, l'engouement pour les cultures exotiques est suivi de près par des chercheurs de la Confédération. Depuis 2017, on y étudie la culture du riz. Sur des parcelles visitées par l'émission basik, la scientifique Yvonne Fabian et ses étudiants observent l'évolution de plusieurs variétés dans différents sols.
Cette responsable du projet de riziculture d'Agroscope raconte: "Il y a 30 ans, ça n'aurait pas été envisageable d'avoir des rizicultures, il faisait trop froid en Suisse. Avec le réchauffement climatique, c'est devenu possible, mais cela dépend aussi des méthodes de culture et des variétés que l'on choisit de cultiver."
En 2022, 13 agriculteurs suisses ont produit 52 tonnes de riz. Des projets de culture d'amande ou encore de patate douce sont actuellement menés par l'Agroscope.
Des agrumes dans le canton de Vaud
Le réchauffement climatique a aussi été un élément favorable pour Niels Rodin. Cet agriculteur vaudois fait pousser des agrumes bio dans ses 3600 m2 de serres. Niels Rodin possède au total plus de 500 variétés de plantes biologiques. Avant d'avoir les mains dans la terre, il était banquier, puis il a décidé de changer de vie.
Le désormais producteur d'agrumes se rappelle:"Au début, c'était vraiment un travail d'amateur, un travail de passion. Je n'avais pas du tout envisagé d'en faire un métier, c'était mon petit truc à côté, mon jardin secret si j'ose dire. Puis en 2014, j'ai eu mon premier article dans la presse dans le journal Femina. Cela a intéressé beaucoup de monde. Des restaurateurs sont venus me trouver en me disant qu'ils trouvaient sympa mon travail et qu'ils voulaient acheter mes fruits. C'est ce qui m'a donné l'envie de réfléchir en mode business."
Pour de grands chefs de cuisine
Niels Rodin a investi 50'000 francs pour monter son entreprise et passer de locataire de son terrain agricole à propriétaire. Ses clients sont des privés, des restaurateurs et des grands chefs de cuisine, comme la Française Anne-Sophie Pic, qui cuisine ses agrumes dans son restaurant de Lausanne. Kévin Vaubourg, chef du restaurant de l'hôtel Beau-Rivage Palace, explique: "On peut avoir des fleurs d'orangers de partout, d'Espagne, du Maroc, mais ce sont des choses tellement fines et fragiles, qu'on n'aura jamais cette fraîcheur et cette puissance que l'on peut avoir avec la proximité."
Contrairement à l'offre de la grande distribution, la production locale d'agrumes n'est pas disponible toute l'année et se paie le prix fort. En 2021, les Suisses ont consommé 36 kilos d'agrumes par personne. Avec le réchauffement climatique et la forte demande des consommateurs, les cultures exotiques suisses devraient continuer à se développer, sans toutefois parvenir à dépasser les importations étrangères.
Lea Huszno