Modifié

"Réformer", le projet des cantons romands pour encourager la formation de généralistes

Les cantons romands veulent encourager la formation de médecins généralistes [KEYSTONE - Gaetan Bally]
Les cantons romands veulent encourager la formation de médecins généralistes / La Matinale / 4 min. / le 2 mai 2023
Pour assurer les besoins médicaux de ces 15 prochaines années, les cantons romands veulent mieux piloter la formation postgrade des médecins. L'objectif: diminuer le nombre de spécialistes et augmenter celui des généralistes.

En Suisse, il y a un décalage entre les besoins et les médecins disponibles. Actuellement, trop de jeunes choisissent de devenir spécialistes alors que dans différentes régions, il y a une réelle pénurie d'urgentistes et de généralistes.

Pour des raisons de coûts et pour atténuer le danger d'avoir pléthore de chirurgiens, de gastroentérologues ou autres orthopédistes, les cantons peuvent activer la clause du besoin. En vertu de celle-ci, certains professionnels risquent donc de ne pas pouvoir ouvrir leur cabinet dans certaines régions.

"Limiter ou interdire à un médecin spécialiste de s'installer, alors qu'il y a un manque dans d'autres branches d'activité (...), c'est aussi de la responsabilité des politiciens", a expliqué mardi le ministre jurassien de la Santé Jacques Gerber dans La Matinale de la RTS.

Une association intercantonale pour mieux orienter

Pour mieux anticiper et agir en amont sur la formation des médecins, les cantons romands ont mis sur pied, en collaboration avec certains acteurs de la branche (voir encadré), un projet baptisé "Réformer". Celui-ci doit permettre aux médecins de choisir leur orientation en connaissant les besoins futurs.

L'objectif de la structure est d'aboutir à une association intercantonale. Sa validation, notamment financière, est en cours au sein des différents gouvernements romands. Pour mieux connaître les besoins et se faire une image réaliste de l'avenir "Réformer" souhaite collecter un maximum de données.

"Le système totalement libéral a fait la preuve de son échec"

L'exercice est difficile mais nécessaire selon Arnaud Perrier, directeur médical des HUG. "Il faut une planification souple", prône-t-il. Bien sûr, "on peut se tromper [...], avec le risque de se retrouver dans 10 ans dans des situations de pénurie dans certaines spécialités", comme le redoutent certains adversaires de cette réforme.

"Mais ça n'est pas une raison pour ne pas faire l’effort de faire un peu de planification alors qu'aujourd'hui le système totalement libéral a fait la preuve de son échec", défend le directeur des HUG.

Un projet critiqué par les sociétés médicales

Les sociétés médicales saluent la volonté d'améliorer le pilotage de la formation, mais elles restent très critiques et défendent une vision libérale. Selon elles, l'Etat ne connaît pas le terrain. De plus, elles estiment qu'il n'est pas souhaitable que le politique augmente la sphère de ses compétences en matière de formation postgraduée.

"Les cantons ont absolument besoin de travailler avec les sociétés médicales pour évaluer l'évolution de la pratique", prévient le président de la société médicale romande Philippe Eggimann.

"La France a fait l'expérience d'un contrôle de l'Etat (...) qui a abouti à l'instauration de nombreux déserts médicaux, non seulement du côté de la médecine de premiers recours, mais aussi pour les spécialités", argue Philippe Eggimann.

>> Lire aussi : "Nous sommes fatigués et frustrés": immersion dans des urgences surchargées

Sujet radio: Céline Fontannaz
Adaptation web: Miroslav Mares

Publié Modifié

Collaborations diverses

"Réformer" travaille en collaboration étroite avec les facultés de médecine, plusieurs associations de médecins et de chefs/cheffes de clinique, les établissements de formation postgraduée et les sociétés médicales concernées.

L’organisation est placée sous la responsabilité des départements de la Santé des cantons de Neuchâtel, du Jura, du Valais, de Fribourg, de Genève et de Vaud.