La raison principale de la progression suisse s'explique par la fin de la pandémie de Covid-19. Selon Reporters sans frontière (RSF), "cela a permis d'atténuer un climat d'intimidation, d'hostilité et même de violence physique sans précédent de la part des opposants aux mesures pandémiques.
Ces diverses formes d'agressions avaient fait reculer la Suisse de la 10e à la 14e place en 2022. La liberté de la presse n'est toutefois pas revenue au niveau de 2021. Le niveau n'est considéré que comme "plutôt bon" par RSF.
Secret bancaire encore délicat
Trois raisons à cette situation: en 2022, le Parlement a modifié les règles concernant les mesures super-provisionnelles qui peuvent être utilisées contre les médias. Un tribunal peut désormais différer une publication si une personne ou une société s'estime affectée par un sujet ou un reportage à paraître. Jusque-là, il fallait prouver des conséquences particulièrement graves pour qu'une diffusion puisse être différée, relève l'organisation.
Par ailleurs, les journalistes suisses risquent jusqu'à trois ans de prison pour des reportages basés sur des fuites ou des vols de données bancaires. Même en cas d'intérêt public et d'informations vérifiées, celles-ci ne sont pas protégées par la liberté de la presse, pourtant garantie tant par la Constitution fédérale que par la Convention européenne des droits de l'Homme, déplore l'ONG.
Enfin, la situation économique de nombreux médias reste fragile, ce qui a un impact sur la diversité des médias et la pluralité d'opinions.
Norvège en tête
Reporters sans frontières juge la liberté des médias comme "bonne" ou "plutôt bonne" dans 52 pays. Dans ce classement, la Norvège conserve sa première place pour la septième année consécutive.
Le pays scandinave devance l'Irlande (2e), le Danemark (3e) et les Pays-Bas (4e). Pour l'ONG, la liberté des médias est "difficile" dans 42 pays et "très mauvaise" dans 31 autres. Dans 55 pays, elle est carrément problématique, à l'instar du Vietnam (178e), de la Chine (179e) et de la Corée du Nord (180e).
Ce classement de RSF est dévoilé annuellement chaque 3 mai, à l'occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse.
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ats/emve
Plan d'action en Suisse
Les menaces et violences à l'encontre des journalistes augmentent en Suisse aussi. Un plan d'action national pour la sécurité des professionnels des médias (PAN), élaboré par la branche et l'Office fédéral de la communication (OFCOM), vise à enrayer cette tendance.
Ce plan a été présenté mercredi 3 mai, journée internationale de la liberté de la presse, indique l'OFCOM. Il se concentre sur l'intégrité physique et psychique des professionnels des médias dans les espaces analogique et numérique.
Ce plan répond à des demandes spécifiques des journalistes, notamment une meilleure reconnaissance de leur métier et de leur rôle, ainsi qu'une protection renforcée face aux attaques verbales et physiques, souligne l'office fédéral.