Vendredi devant la presse, les CFF ont présenté une refonte de ses horaires, qui sera en vigueur dès le 15 décembre 2024 et au moins pendant les dix prochaines années. L'ensemble des relations grandes lignes verront leur temps de parcours rallongés de quelques minutes.
Par exemple, il faudra quatre minutes de plus sur la relation la plus rapide entre Lausanne et Genève. Ce seront deux minutes supplémentaires pour Lausanne-Sion, trois minutes pour Lausanne-Berne et huit minutes pour Lausanne-Bienne.
Selon les CFF, le nouvel horaire doit en fin de compte garantir une meilleure ponctualité. En 2022, celle-ci était, comme les années précédentes, plus faible en Suisse romande (89,4%) que la moyenne suisse (92,5%). Cette mesure vise aussi à minimiser l'impact des nombreux chantiers prévus en Suisse romande ces prochaines années.
Arrêt supplémentaire à Renens
Les trajets seront également plus longs, car la plupart des grandes lignes (IC1, IC5 et certains IR90) vont désormais s'arrêter à la gare de Renens. Cela permettra à quelque 4000 clients quotidiens à destination de l’Ouest lausannois de descendre directement au bon arrêt plutôt que de transiter par la gare de Lausanne, ont expliqué les CFF.
Autre nouveauté, les trains IC5 (ligne Bienne-Neuchâtel) auront tous comme terminus, chaque demi-heure, la gare de Lausanne. Pour les clients voyageant entre Neuchâtel et Genève ou Morges et Yverdon qui bénéficiaient jusqu'ici d'un train direct, il faudra généralement changer à Renens, sauf aux heures de pointe. Le temps de trajet augmentera donc lui aussi.
Sans travaux, le réseau ferroviaire risque de très vite se dégrader. C'est de notre responsabilité de l'entretenir tout en garantissant la ponctualité et la robustesse du système
Ce remaniement a été privilégié suite à différentes études qui ont montré l’impossibilité de faire circuler ces trains de façon systématique dans de bonnes conditions, en particulier sur l’axe Lausanne–Genève, très sollicité par les trafics grandes lignes, régional et marchandises, et jusque dans le nœud de Genève, ont justifié les CFF.
"L'Arc jurassien est péjoré par la perte de la desserte directe avec Genève, mais par solidarité intercantonale et pour que les grands travaux de ces dix prochaines années puissent être effectués, nous avons fini par prendre acte de ce nouvel horaire sans grand enthousiasme", a déclaré Laurent Favre, conseiller d'Etat neuchâtelois chargé des transports et du développement territorial, dans le 12H30 de la RTS.
Invité vendredi dans Forum, Vincent Ducrot, directeur général des CFF, dit comprendre la colère des usagers face à l'augmentation du temps de parcours annoncé. "Sans travaux, le réseau ferroviaire risque de très vite se dégrader. C'est de notre responsabilité de l'entretenir tout en garantissant la ponctualité et la robustesse du système", tient-il toutefois à souligner.
Pour lui, il n'y a pas d'autre choix, a-t-il plaidé ce samedi dans l'émission de la radio SRF Samstagrundschau. Le directeur général reste convaincu que les gens ne vont pas retourner à la voiture simplement en raison du prix du billet plus élevé. Il n'y avait pas eu d'augmentation depuis sept ans, a-t-il rappelé.
Reste que la première mouture de cet horaire a été rejetée en avril 2022 par les cantons romands. Aujourd’hui, ils parlent de la moins mauvaise des solutions. "On a des rails qui sont plus âgés qu'en moyenne suisse, ce qui signifie plus d'entretien, plus de chantier, plus de pannes et donc plus de retards. En Suisse occidentale, la ponctualité des trains est de 40% de moins bonne que le reste du pays", relève Jean-François Steiert, président de la Conférence des transports de Suisse romande, vendredi dans le 19h30.
Le Valais mieux desservi
Le Valais sera mieux desservi. La cadence des trains RegioExpress, qui circulent actuellement une fois par heure d’Annemasse à St-Maurice, sera doublée et les trains seront prolongés jusqu'à Martigny une fois par heure. Enfin, une nouvelle liaison sera mise en place entre Palézieux et Vevey. Le gain en temps de parcours sera de dix minutes entre Fribourg et Vevey et de cinq minutes entre Fribourg et Sion par rapport à la situation actuelle.
Malgré le plus grand changement d'horaire en Suisse occidentale depuis Rail 2000, l’horaire 2025 n’empêchera pas des perturbations ponctuelles liées à des travaux d’ampleur impliquant des interruptions de tronçons, comme par exemple la substitution des trains par des bus prévue entre Fribourg et Berne durant huit semaines pendant les vacances d’été 2025. En revanche, l'horaire 2024 ne connaîtra pratiquement aucune modification par rapport à aujourd'hui.
Interrogé dans le 19h30 sur le cas de l'Allemagne, qui a instauré un abonnement général à moins de 50 francs par mois, Vincent Ducrot invoque une choix politique. "Le gouvernement a mis 3,5 milliards d'euros pour financer la différence entre le prix du billet réel et le prix que le client va payer. En Suisse, on ne fonctionne pas selon le même modèle. L'Allemagne a aujourd'hui une utilisation du train qui est à peu près le quart de ce qu'on connaît en Suisse."
>> Plus d'informations à ce sujet : L'Allemagne lance son abonnement général à moins de 50 francs par mois
Texte web: Emilien Verdon/hkr/fgn
Sujets radio et TV: Mathieu Henderson et Nicolas Rossé
Un chamboulement susceptible de "léser la politique climatique"
Pour la conseillère aux Etats verte genevoise Lisa Mazzone, ce chamboulement annoncé va à l'encontre de la politique climatique qui est censée encourager le maximum de personnes à prendre le train. "On peut craindre que la question du prix et du temps de parcours détourne certains pendulaires", a-t-elle souligné dans l'émission Forum de la RTS.
Pour elle, la faute est notamment liée à une retard d'investissement des CFF depuis plusieurs années. "Il faudrait aussi nous donner confiance en nous faisant des garanties avec une augmentation de l'offre. Or, aujourd'hui, on va de fiascos en fiascos".
Et la sénatrice d'ajouter: "Notre objectif est de faire passer un maximum de personnes sur le train. Pour ce faire, l'offre doit être en conséquence."