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Une vidéo au ton grave pour dissuader les moins de 16 ans de consommer du porno

Un homme dessiné pointe du doigt le ou la spectactrice. Au-dessus de lui, le texte "Regarder du porno, c'est pas ok!" [©SKPPSC]
Un clip youtube de la police pour mettre en garde les enfants contre la pornographie / On en parle / 10 min. / le 5 mai 2023
La pornographie sur internet est de plus en plus regardée et partagée par des mineurs. La Prévention suisse de la criminalité réagit en lançant une campagne de sensibilisation et d’information intitulée pas-ok.ch, avec une vidéo mettant en scène un personnage animé s'adressant aux jeunes sur un ton grave.

"Hé, toi, je t’observe et je sais ce que tu as fait hier. Tu as regardé du porno, c’est ça? Tu penses que c’est ok? C’est pas ok."

Ainsi commence la vidéo de la campagne de la Prévention suisse de la criminalité, en collaboration avec la Police cantonale vaudoise. Disponible sur YouTube, elle met en scène durant trois minutes un personnage animé sur fond noir. Le crâne rasé, sourcils épais et barbe de trois jours, il s’adresse aux spectateurs et spectatrices d’une voix grave.

Son but: dissuader les enfants et les adolescents de moins de 16 ans de consommer et de diffuser de la pornographie sur internet. Si le clip est pour l’instant en français, la campagne visera à terme toute la Suisse.

La moitié des délits pornographiques commis par des mineurs

Fabian Ilg, directeur de la Prévention suisse de la criminalité (PSC), a lancé cette campagne face à un constat: ces dernières années en Suisse, les cas de pornographie impliquant des mineurs ont augmenté. La moitié des délits pornographiques sont en effet commis par des mineurs. Ces derniers y accèdent en majorité via leurs smartphones.

"Avec cette campagne, la PSC souhaite attirer l'attention sur la situation juridique dans ce domaine", explique-t-il vendredi dans l’émission On en parle.

Le manque de contrôle des plateformes de diffusion est pointé du doigt. Actuellement, il n’y a aucun moyen technique d’empêcher les mineurs de visionner du porno. La seule barrière est un simple clic confirmant sa majorité.

Si un mineur de moins de 16 ans a accès à de la pornographie, la personne l'ayant diffusée est punissable. De plus, un jeune de moins de 16 ans "risque d’être puni par la loi s’il partage du contenu pornographique. Les polices enquêtent et contactent les jeunes impliqués, même s’ils sont mineurs, précise Fabian Ilg. Les mineurs ne doivent en aucun cas transmettre de la pornographie illégale. Lorsqu’ils y sont confrontés, le mieux serait de le signaler à la police, accompagné d’un parent." Le sexting lorsqu'on est mineur, même avec un jeune de son âge, est aussi punissable par la loi.

Un ton qui divise

Le ton menaçant de la vidéo de la PSC fait débat sur les réseaux sociaux: "Si tu as moins de 16 ans et que tu fais du sexting avec ton ami ou ton amie, tu es aux yeux de la loi un fournisseur de pornographie illégale. Dans ce cas aussi, tu te rends punissable. […] Si quelqu’un remarque que tu ne t’en tiens pas à ces règles, la police te convoque pour t’interroger, ou elle vient chez toi et visite ta chambre. Elle confisque aussi ton portable pour fouiller son contenu. Elle interroge tes parents sous le choc pour savoir ce que tu fais de ton temps", déclare le personnage. La fin de la vidéo, durant laquelle l’homme enlève son masque pour incarner la mère des spectatrices et spectateurs, est également jugée dérangeante.

Selon Fabian Ilg, les mineurs ayant regardé le clip n’ont pas mentionné avoir eu peur. "Le personnage animé a été délibérément créé pour cette campagne. Cette personne ne représente pas la police et s’exprime de manière amicale, mais ferme. Elle explique objectivement la loi en matière de pornographie et les conséquences possibles. À la fin, il s’avère que quelqu'un d’autre se cache derrière cette personne. […] La PSC ne fait cependant pas de campagnes d’information sur la sexualité. Nos sensibilisations sont sur le thème de la criminalité."

Sujet radio et propos recueillis par Didier Bonvin

Adaptation web: Myriam Semaani

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