"La gauche doit se recentrer sur les classes moyennes inférieures", affirme Pierre-Yves Maillard
Face à une inflation à 2,6 % en avril, à des prix de l'énergie et des transports qui augmentent, à une prochaine hausse des primes maladie supérieure à la moyenne et surtout à la baisse du pouvoir d'achat, Pierre-Yves Maillard, président de l'Union syndicale suisse, est inquiet.
"Quand deux personnes travaillent et qu'avec deux salaires cela devient difficile, on ne parle plus de pouvoir d'achat, on parle de vivre normalement. Il devrait être possible de payer les charges fixes, de mettre un peu d'argent de côté pour faire face à un imprévu et d'assurer quelques loisirs pour les enfants", dénonce le syndicaliste.
Il devrait être possible de payer les charges fixes, de mettre un peu d'argent de côté et d'assurer quelques loisirs pour les enfants.
Face à cette inflation et aux angoisses de la classe moyenne, la gauche devrait faire un carton lors des élections. Pourtant, plus que jamais, les Suisses et les Suissesses votent à droite. Selon Pierre-Yves Maillard, les partis de gauche n'ont pas oublié les préoccupations des citoyens moyens.
"Nos syndicalistes défendent les salaires dans le secteur de l'horlogerie, des machines, le bâtiment, donc on se bat pour le pouvoir d'achat", soutient-il.
L'ancien conseiller d'Etat vaudois dénonce les décisions de la droite, notamment lorsqu'elle refuse au Parlement d'entrer en matière sur l'indexation complète au coût de la vie des rentes AVS, une affaire de "dix francs par mois par couple de rentier", déplore-t-il. Ce faisant, la majorité de droite se met en porte-à-faux avec la Constitution fédérale, "qui prévoit que les rentes AVS soient indexées au moins au coût de la vie", dénonce-t-il.
Plafonnement des primes maladie
Pour venir en aide à la classe moyenne, Pierre-Yves Maillard défend un plafonnement à 10% du revenu net des primes maladie et non pas une baisse des impôts. "Si on baisse les impôts directs à la place, une famille moyenne touchera peut-être 50 à 60 francs par mois. En revanche, celui qui gagne 15'000 à 20'000 francs touchera 300 à 400 francs par mois". Il estime donc qu'une baisse de la fiscalité est moins efficace pour la classe moyenne.
La gauche doit se focaliser sur les besoins de la classe moyenne, c'est absolument décisif
Pour le conseiller national, la gauche devrait également se recentrer sur des questions sociales plutôt que sociétales. "C'est mon combat depuis 30 ans."
"La bataille pour la répartition juste des richesses, c'est la bataille des origines de la gauche", fait-il valoir. "Le parti socialiste, les syndicats se sont créés pour cela et c'est à partir de là qu'on peut rendre la société plus humaine, plus juste."
Selon le ténor de la gauche, son aile politique doit à tout prix se recentrer sur les besoins des classes moyennes inférieures: "Ces prochains mois, on devra se focaliser sur cette question, c'est absolument décisif", estime-t-il.
Interview: Jennifer Covo
Adaptation web: Miroslav Mares