Les caisses maladie pourraient utiliser nos données médicales pour réduire les coûts de la santé
Sur la base des factures d'usagers fournies aux caisses maladies, celles-ci pourraient communiquer des conseils de santé personnalisés. Par exemple, signaler une consommation excessive de médicaments ou suggérer l'achat d'un générique. Les factures médicales contiennent de nombreuses informations, notamment sur les médicaments consommés.
Avec cette proposition, les assurances pourraient orienter l'assuré vers l'usage de génériques moins coûteux ou rendre attentif au fait d'une prise importante de médicaments - dont certains présentent des interactions dangereuses. Ils pourraient même suggérer un établissement hospitalier en fonction des taux de réussite opératoire.
Néanmoins, la loi ne permet actuellement pas aux caisses maladie de pouvoir exploiter ces données. De fait, la majorité de la commission de la santé voit justement d'un bon oeil un élargissement des compétences des assureurs, car selon elle, le conseil personnalisé permettrait de faire de la prévention et des économies.
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Une proposition dangereuse
Selon les médecins que la RTS a interrogés, donner des conseils de santé personnalisés sans disposer des diagnostics ne fait aucun sens et pourrait même se révéler dangereux. La faîtière des médecins (FMH) reconnaît toutefois que la surmédication et les risques d'interactions dangereuses sont un problème.
Mais, à elles seules, les données des caisse maladie ne permettent pas de tirer des conclusions solides sur les prescriptions à risque. La FMH en veut pour preuve une étude scientifique qu'elle a menée en 2013 en collaboration avec Santésuisse, l'une des deux principales faîtières des assureurs.
Pour la FMH, seul le dossier électronique du patient est à même d'offrir une vision globale, en particulier à propos de la consommation de médicaments.
Des avis partagés
"On a besoin d'investissements massifs dans la numérisation de la santé, mais au service des patientes et des patients, pas au service des assureurs", affirme Simon Zurich, vice-président de la Société suisse des patients. Selon lui, il faut mettre l'accent sur l'amélioration de la coordination des soins et le renforcement des rôles des médecins généralistes et du corps infirmier.
Mais pour Benjamin Roduit, conseiller national valaisan du Centre, la démarche de la commission est logique. "On attend de la part des assureurs qu'ils contribuent à une baisse des coûts de la santé et des primes." Selon lui, il va de soi que les assurances puissent utiliser les données dont elles disposent pour "faire de la prévention".
Sujet radio: Céline Fontannaz
Adaptation web: Raphaël Dubois