Les réseaux sociaux créent certes des liens, mais beaucoup de jeunes y ont recours pour fuir des sentiments négatifs, prévient lundi Addiction Suisse au terme du volet suisse de l'étude Health Behaviour in School-aged Children que l'organisation a menée auprès de 9345 élèves de 11 à 15 ans.
Un garçon sur six (16%) et une fille sur cinq (22%) déclarent avoir des contacts en ligne avec d'autres personnes "presque tout au long de la journée".
Selon l'échelle du Social Media Disorder Scale (SMDS), l'utilisation problématique des réseaux sociaux en Suisse concernait en 2022 10% des filles de 15 ans et 4% des garçons. Cet usage problématique est plus répandu qu'en 2018, date des précédents relevés, ce qui pourrait être lié aux habitudes prises durant la pandémie de Covid-19, note Addiction Suisse.
Une pratique problématique des jeux vidéo chez 3% des enfants
Pour la première fois, cette étude quadriennale portait aussi sur l'usage des jeux vidéo en ligne. Il apparaît que 31% des garçons de 15 ans et 5% des filles y jouent tous les jours.
Les auteurs de l'étude ont posé aux jeunes dix questions tirées de l'Internet Gaming Disorder Test (IGDT-10), une technique pour évaluer les pratiques addictives. Il en est ressorti que 3% des adeptes de jeux vidéo ont un "usage problématique" de ce divertissement. La proportion est la même chez les filles et les garçons.
Le test consistait par exemple à savoir si les joueurs avaient essayé de consacrer moins de temps aux jeux vidéo sans y parvenir, s'ils s'y adonnaient pour échapper à des sentiments négatifs ou s'ils ont pu mentir à la famille ou aux amis à propos de ces jeux. L'usage est qualifié de problématique lorsque la réponse à cinq questions ou plus (sur dix) est "souvent".
L'usage problématique peut, dans certains cas, indiquer un comportement addictif, avertit Addiction Suisse. Le trouble lié à l'usage des jeux vidéo figure dans la classification des maladies de l'Organisation mondiale de la santé.
Addiction Suisse estime que bon nombre de jeux vidéo et de réseaux sociaux comportent des mécanismes qui poussent à y consacrer le plus de temps possible et/ou à dépenser un maximum d'argent.
L'organisation pointe en particulier du doigt les "loot boxes" (coffres à butin numériques) à contenus aléatoires payants que les jeunes peuvent acquérir par microtransactions. Ces "butins numériques" présentent des caractéristiques propres aux jeux de hasard et d'argent. Pour protéger la jeunesse, il convient d'interdire ces appâts, demande Addiction Suisse.
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Un jeune sur dix victime de cyberharcèlement
Autre problème, environ un jeune sur dix âgé de 15 ans est victime de cyberharcèlement. Ce phénomène se caractérise, entre autres, par la diffusion de messages ou de posts blessants ainsi que de photos embarrassantes.
Dans le cadre de l'étude, 8,3% des garçons de 15 ans et 13,6% des filles de cet âge ont indiqué avoir été harcelés au moins une fois de cette manière au cours des derniers mois. Par rapport à 2018, la situation s'est un peu dégradée pour les garçons, mais est restée stable pour les filles.
"De nombreux parents sont parfois désemparés et cherchent des réponses", constate l'organisme de prévention. Addiction Suisse conseille aux parents de s'intéresser aux activités en ligne de leurs enfants et d'en parler avec eux. Un guide à leur intention a été créé.
"Si les activités en ligne offrent de multiples avantages, elles comportent aussi des risques", relève encore l'organisation. D'où l'importance de la prévention et de la médiation.
ats/boi