Bernhard Pulver: "Les actions illégales des activistes climatiques sont difficiles pour les Verts"
Le parti des Verts suisses, dont Bernhard Pulver a participé à la création, célébreront officiellement leurs 40 ans le week-end prochain. "Beaucoup n'auraient peut-être pas parié en 1983 que quarante ans plus tard ce parti soit d'une taille aussi grande", sourit dans La Matinale de la RTS l'ancien conseiller d'Etat bernois et candidat au Conseil des Etats.
A ses débuts, le parti écologiste ne se disait ni de gauche ni de droite. Bernhard Pulver trouve que cela faisait sens à l'époque: "Je pense que c'était une belle phrase pour dire 'on essaie de faire quelque chose de nouveau', pour montrer qu'on veut développer la société dans le sens d'une ouverture en dehors des idéologies."
Il tient toutefois à nuancer: "Il y a quand même des positions de gauche qui me convainquent aujourd'hui, si on voit les inégalités de la distribution du patrimoine et des fortunes. Cette volonté absolue d’être ni de gauche ni de droite était peut-être aussi une illusion. Il y a des questions sociales sur lesquelles il faut donner des réponses."
"Un seuil à ne pas franchir"
Récemment, les déprédations de terrains de golf par des activistes écologistes ont défrayé la chronique. Bernhard Pulver s'en distancie: "Moi je n'ai pas le même style d'action. Je trouve que les actions illégales sont difficiles pour nous. Ces activistes défendent peut-être le même thème, mais je ne suis pas convaincu que ça aide la cause écologiste. J'ai de la retenue envers ce type d'actions. Puisque nous sommes dans une démocratie, nous devons convaincre des majorités. C'est le seul chemin pour trouver des solutions pour le climat."
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Le Bernois estime qu'il y a des limites. "Il y a des actions, comme des manifestations non-violentes de jeunes, que je trouve absolument correctes, mais il y a un seuil à ne pas franchir. C'est ma position. Je suis vraiment pour utiliser les instruments que l'on a dans cette démocratie."
J'ai participé aux mouvements des centres de jeunesse autonomes dans les années 80. Mais je me suis toujours arrêté avant les actions illégales
Les actions illégales des activistes ne sont toutefois pas nouvelles. Dans les années 70, le site d'une future centrale nucléaire à Kaiseraugst a été occupé pendant plusieurs semaines par des militants et militantes anti-nucélaires. Le projet sera finalement abandonné à la fin des années 80.
"J'étais trop jeune pour être dans l'occupation du terrain de Kaiseraugst. C'est vrai que j'ai participé aux mouvements des centres de jeunesse autonomes dans les années 80. Mais je me suis toujours arrêté avant les actions illégales. Et pour moi la base est la non-violence."
Bernhard Pulver pense également que les discours anxiogènes ne sont pas une approche constructive. "La peur n'est pas de bon conseil. Il faut avoir une politique d'espoir. Et je crois que la politique d'espoir est de dire qu'une autre politique, qu'une autre économie est possible. Techniquement, économiquement, c'est possible aujourd'hui. Le seul problème qui nous reste, c'est de trouver l'accord d'une majorité dans la société.
"Et notre travail est de convaincre une majorité - et c'est pour ça aussi que je m'engagerais volontiers au Parlement fédéral (voir encadré) - que ce chemin vers un avenir plus écologiste est un chemin durable, qui est vivable et qui est économiquement avantageux."
"J'aimerais nous rapprocher des Vert'libéraux"
Dans cette quête d'une majorité favorable aux questions écologistes, Bernhard Pulver verrait d'un bon oeil un rapprochement entre les Verts et les Vert'libéraux. "J'étais triste en 83 quand il y a eu des divisions entre l'aile bourgeoise et l'aile alternative, comme je suis aujourd'hui triste qu'il ait une scission entre Vert'libéraux et Verts."
"Je trouve que l'élément libéral, l'élément plus ouvert au développement et aux questions économiques, sera un élément pour les Verts. J'aimerais bien nous rapprocher des Vert'libéraux, c'est un point qui me tient personnellement à coeur."
Propos recueillis par David Berger/asch
"Je veux changer les conditions cadre de la politique de santé"
Actuellement président du conseil d’administration de l’Hôpital de l’Ile à Berne, Bernhard Pulver est candidat pour représenter le canton de Berne au Conseil des Etats. "Je suis responsable d'un grand hôpital et quand je vois la politique de santé, je vois que les conditions cadres rendent le service public très compliqué. Il est très difficile pour les hôpitaux de travailler dans des conditions correctes."
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Conseiller d'Etat bernois en charge de l'instruction publique de 2006 à 2018, Bernhard Pulver aimerait apporter son expérience au Parlement fédéral. "Ce qui m'intéresse dans la vie, c'est aussi d'influencer les conditions cadres, de faire en sorte que l'Etat donne les conditions aux particuliers qui leur permettent de travailler de manière correcte. J’ai la volonté d'utiliser ce que j'ai appris en tant que membre de gouvernement sur la capacité à trouver des solutions dans le domaine politique."