L’image est volontairement provocatrice: les températures grimpent, le soleil est brûlant et au lieu d’appliquer de la crème solaire, un personnage se promène sur une plage avec un préservatif géant sur la tête.
C’est par ce tableau grotesque mais fort que le réseau européen des dermatologues Euro Melanoma et la Société suisse de dermatologie et vénéréologie ont choisi de sensibiliser la population à la prévention du cancer de la peau.
Une campagne qui cible les jeunes
Olivier Gaide, responsable de l'Unité d'onco-dermatologie et de dermatologie interventionnelle du Service de dermatologie et vénéréologie du CHUV, explique dans l’émission On en parle le ton volontairement provocateur de la campagne: "Nous visons justement les jeunes, qui sont déjà sensibilisés à la protection contre le HIV et d’autres maladies sexuellement transmissibles. Si l’on se protège de ces infections, pourquoi ne pas aussi se protéger du cancer? Nous essayons de véhiculer une image pas trop 'blabla' sans jouer sur la peur, car cela aurait l’effet inverse: moins de consultations par peur d’un diagnostic grave."
La Suisse très touchée
En Suisse, le nombre de nouveaux cas de cancer de la peau a doublé ces 30 dernières années. Actuellement, plus de 25'000 cancers de la peau sont diagnostiqués chaque année. En 2016, la plateforme de dermatologie allemande derma.plus a réalisé une étude recensant les taux de cancers de la peau les plus élevés à travers le monde. L’Australie et la Nouvelle-Zélande sont en tête, suivies de la Suisse.
"Cette situation est due à plusieurs facteurs, explique Olivier Gaide. Il y a le vieillissement de la population, qui a bénéficié d’un fort pouvoir économique et qui a donc pu partir en vacances dans des pays à forte exposition solaire. Il y a aussi les activités de plein air comme la montagne et le jardinage qui sont très populaires en Suisse. Le sport est une très bonne chose, car la population suisse vieillit très bien. Cependant, elle s’expose aussi à beaucoup d’UVs au cours de sa vie. Résultat: il y a beaucoup de cancers de la peau."
Cependant, le soleil n’est pas l’unique responsable de l’augmentation des cas de cancers de la peau. "Le vieillissement de la peau la rend plus vulnérable, même si l’on s’est protégé toute sa vie. Lors de ce vieillissement, les cellules se divisent pour assurer leur fonction. Cela induit des mutations dans l’ADN des cellules comme celles des UV, qui risquent de pousser les cellules vers le cancer."
Prévenir plutôt que guérir
Olivier Gaide est formel: toute personne, peu importe son type et sa couleur de peau, peut développer un cancer de la peau. Il invite donc chacun et chacune à s’auto-examiner le corps régulièrement, par exemple lors d’un changement de saison. Si l’on remarque quelque chose d’étrange, mieux vaut consulter un dermatologue. "Détectés tôt, presque tous les cas de cancers de la peau guérissent, par exemple avec de la chirurgie ou des rayons. Il est cependant vrai que les personnes ayant une peau claire et attrapant facilement des coups de soleil ont un risque plus élevé au cours de leur vie de développer un cancer de la peau."
Les personnes travaillant à l’extérieur s’exposent plus longtemps au soleil. Elles doivent donc particulièrement se protéger, soutenues par leur employeur: "Nous avons fait énormément de progrès dans la prévention, poursuit Olivier Gaide. Les employeurs sont au courant et la SUVA fait un travail magnifique. Dans la plupart des cas, les employeurs essaient de mettre en place des pauses dans les heures chaudes de la journée et fournissent aux employés des vêtements et des casques protecteurs protégeant la nuque."
Sujet radio: Théo Chavaillaz et Philippe Girard
Adaptation web: Myriam Semaani