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Gardes suisses: "On protège le pape, on n'est pas là pour faire joli"

Les gardes pontificaux dans la cour d'honneur de la caserne [RTS - Coraline Pauchard]
J'ai juré de protéger le Pape / L'actu en vidéo / 2 min. / le 12 mai 2023
Ils ont juré de protéger le pape et le Vatican, au péril de leur vie s'il le faut. Vingt-trois nouvelles recrues ont récemment rejoint la Garde suisse pontificale. C'est la plus petite et la plus ancienne armée au monde, composée de 135 soldats. Le magazine 15 Minutes a suivi le quotidien de deux jeunes hallebardiers.

"Quand je me suis avancé vers le drapeau et que j'ai prêté serment, c'était vraiment un moment intense." Jérémy, hallebardier fribourgeois, a prêté serment ce 6 mai. A 21 ans, il est prêt à donner sa vie pour le pape, tout comme ses camarades et tout comme l'ont fait les mercenaires suisses au XVIème siècle.

"Ce ne sont pas juste des paroles en l'air, l'idée est plutôt de se donner entièrement à l'Eglise catholique au travers de la protection du pape", explique Alex, hallebardier valaisan, fier de représenter son pays au Vatican.

Arrivés il y a 8 mois, Alex et Jérémy partagent la même chambre à la caserne de la Garde dans l'enceinte du Vatican. "Ce n'est pas toujours simple de cohabiter, mais ça nous apprend aussi la camaraderie et le respect de l'autre", relève Alex. "Par chance personne ne ronfle, parce qu'avant on était dans un dortoir à 8, c'était l'enfer", ajoute Jérémy.

Service d'honneur

Ce matin-là, nos jeunes hallebardiers se préparent pour l'accueil d'honneur de l'ambassadeur de Colombie, qui doit rencontrer le Saint-Père. Les gardes enfilent l'uniforme de gala tricolore de rigueur. "On a ce pantalon emblématique bouffant, on a aussi des guêtres qu'on met sur les chaussures et aujourd'hui on porte aussi le casque noir avec la plume rouge", énumère Alex.

>> Ecouter le reportage de 15 Minutes :

J'ai juré de protéger le Pape [Coraline Pauchard - Coraline Pauchard]Coraline Pauchard - Coraline Pauchard
Nous avons juré de protéger le Pape / 15 minutes / 15 min. / le 12 mai 2023

Alignés dans la cour d'honneur sur une ligne bleue au sol, avec le sergent face à eux, c'est l'heure de la dernière inspection et dernière répétition. "Le monde entier nous regarde quand on porte cet uniforme. On ne peut pas faire ce qu'on veut", explique le vice-caporal Eliah Cinotti. "C'est pour cela qu'on s'entraîne, car on doit toujours atteindre la perfection dans nos mouvements."

La gestuelle est répétée au millimètre. La discipline et la précision font partie des atouts pour devenir garde et ce ne sont pas les seuls critères. Pour être admis, il faut être un homme célibataire, de nationalité suisse, catholique, âgé de 19 à 30 ans, mesurer au moins 1m74, avoir une réputation irréprochable et une bonne santé.

La sentinelle et les armes

Les hallebardiers effectuent également des tours de gardes postés aux entrées du palais. Ce sont les sentinelles. Durant plusieurs heures, ils ne doivent ni parler ni bouger. "On doit se tenir droit et fier, on représente l'Eglise catholique et le pape, ce service de représentation est très important", souligne Alex.

Il avoue que l'exercice est physiquement éprouvant: "Au début on a mal au dos, mais assez vite on s'habitue et on trouve des postures et des techniques pour se tenir droit sans avoir de douleur".

Si les gardes alimentent souvent les comptes Instagram des touristes, derrière l'uniforme ce sont avant tout des soldats. "On est là pour protéger le pape, on n'est pas là pour faire joli", note Alex.

Formations

Les recrues de la Garde suisse suivent une formation poussée pour apprendre le maniement des armes. Durant les deux ans d'engagement au sein de la Garde, ils s'entraîneront également au self-défense et aux techniques de corps-à-corps.

"On a également des formations de premiers secours, d'intervention en tant que pompier par exemple. On se prépare à tous types de dangers", précise Eliah Cinotti. "Il n'y a pas que le risque d'attentat terroriste, il peut y avoir des personnes désespérées, des mouvements de foule, des catastrophes naturelles. Mais au quotidien notre meilleure arme, c'est la parole. On a des cours de psychologie, ça permet de calmer les provocateurs parfois."

Un bagage que les jeunes hallebardiers pourront faire valoir à leur retour en Suisse sur le marché du travail. Alex et Jérémy ne savent pas encore de quoi l'avenir sera fait. Mais pour Alex une chose est sûre, il rentrera à pied du Vatican jusqu'à Savièse en Valais, comme le veut la tradition.

Katia Bitsch, Coraline Pauchard

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