Modifié

La Suisse loin des objectifs d’économie d’électricité

L'hiver 2023-2024 sera "plus difficile encore" pour la Suisse face au risque de pénurie d'énergie, avertit le directeur de l'Office fédéral de l'énergie (OFEN). [AFP - JODY AMIET]
La Suisse a passé l'hiver sans pénurie d'énergie: les précisions de Céline Fontannaz / La Matinale / 2 min. / le 12 mai 2023
Pour les années à venir, le Conseil fédéral vise une baisse de 10% de la consommation électrique pendant le semestre d’hiver. Pourtant, malgré les menaces de pénurie, les économies n'ont pas dépassé 3,9% entre octobre 2022 et mars de cette année.

Au mois de juin 2022, la directrice d’Alpiq, l'un des plus gros producteurs d'électricité du pays, agite l'épouvantail: le précieux courant risque de manquer dès l'hiver. Dans la foulée, le gouvernement et une cohorte d'experts appellent la population et les entreprises à économiser drastiquement l’énergie.

Les fameux mois d'hiver sont aujourd'hui derrière nous. Il n'y a pas eu de blackout. Il n'y a pas eu beaucoup de retenue dans l'utilisation du courant non plus, malgré une campagne tapageuse.

Peu de résultats

L’Office fédéral de l’énergie (OFEN) propose plusieurs outils d'évaluation de la consommation électrique en Suisse. Sans tenir compte des températures élevées qui ont prévalu entre octobre et mars, le recul atteint 3,9% (de 31'528 à 30'283 GWh). Si l'on soustrait les diminutions liées à cette météo "clémente", le chiffre tombe à 3%. On reste très loin de l'objectif fixé par le Conseil fédéral pour les semestres d'hiver à venir, soit 10%. Même les meilleurs mois, la réduction n'atteignait pas 5%.

A qui la faute? Difficile à dire. Toujours selon des chiffres provisoires de l'OFEN, l'industrie, qui consomme un tiers du courant, serait à l’origine de plus de la moitié des économies. Les autres secteurs, dont les ménages, ont-ils failli à modérer leur appétit pour l'électron?

Fabien Lüthi, spécialiste médias et politique de l'OFEN, se montre prudent à l'heure de tirer des conclusions: "il n'est pas possible de comparer le volume d’économie possible dans les différents domaines. L'industrie dispose de plus de leviers avec de nombreux processus ou moyens d’optimisation de production pour faire diminuer la consommation d’énergie. Dans les autres domaines, les économies sont aussi possibles mais dans une moindre quantité."

>> Ecouter aussi l'interview de Benoît Revaz, directeur de l’Office fédéral de l’énergie, dans l'émission Forum :

Benoît Revaz, directeur de l'Office fédéral de l'énergie (OFEN). [Keystone - Anthony Anex]Keystone - Anthony Anex
Bilan mitigé pour la campagne fédérale d’économie d’énergie: interview de Benoît Revaz / Forum / 3 min. / le 12 mai 2023

Succès concernant le gaz

La guerre en Ukraine a également mis sous pression l'approvisionnement en gaz. La dépendance européenne vis-à-vis de la Russie a rendu cet enjeu encore plus crucial. Dès août 2022, le Conseil fédéral a annoncé un objectif d'économie de 15%.

Sur les mois d’hiver, l’opération semble être un succès. Le recours au gaz a connu un recul net spectaculaire certains mois, jusqu'à 39% en octobre.

L'utilisation du gaz est encore plus sensible aux conditions météorologiques. Toutefois, même après normalisation, la diminution est supérieure aux attentes, à hauteur de 16,3%. Pourquoi un tel rationnement a-t-il été possible concernant le gaz, et pas l'électricité? Pour Valérie Bourdin, porte-parole de l'Association des entreprises électriques suisses, l'explication est à chercher du côté du porte-monnaie: "l'explosion des prix du gaz s'est immédiatement répercutée sur les consommateurs. Cette pression a certainement eu un grand impact sur les comportements de consommation."

Réussite douloureuse côté gaz, échec évident côté électricité? A l'heure du bilan, l'OFEN se refuse à parler de déception dans le domaine de l'électron. "Même si l'objectif d'économie volontaire de 10% n'a pas été atteint, l'objectif de réduction de 5% aux heures de pointe a été respecté", assure Fabien Lüthi.

Tybalt Félix, Céline Fontannaz

Publié Modifié