Attention, nos données sont en danger, ont alerté plusieurs conseillers d'Etat romands jeudi. Il n'est pas normal selon eux que nos fiches d'impôts soient par exemple stockées sur des serveurs à l'étranger. La création d'un cloud national apparaît comme une solution, explique Crystel Graf, conseillère d'Etat neuchâteloise chargée de la digitalisation et membre de la conférence latine des directeurs du numérique.
"Le but de ce cloud est de travailler avec des partenaires locaux, suisses pour le développer sur le territoire suisse pour permettre aux collectivités publiques d'y conserver les données des contribuables", développe-t-elle dans Forum jeudi.
Les résultats de trois ans d'études sur le cloud souverain et la souveraineté numérique ont été présentés jeudi à Genève par les membres de la Conférence latine des directeurs du numérique (CLDN).
Ce cloud souverain devrait être en mains publiques et mis sur pied par des prestataires privés suisses, estime la conseillère d'Etat vaudoise Nuria Gorrite. Pas questions pour la CLDN de mandater des entreprises étrangères pour cette mission sensible, comme la Confédération avait voulu le faire en collaborant avec des firmes américaines et chinoises. "L'arc lémanique abrite des entreprises très performantes sur les questions de sécurité", a d'ailleurs relevé Noria Gorrite.
La CLDN a écrit à la conseillère fédérale Karin Keller-Sutter pour lui indiquer l'intérêt des cantons latins à développer et mettre en oeuvre ce cloud souverain. "Cette démarche semble avoir été accueillie avec bienveillance et intérêt par la Confédération", a précisé le conseiller d'Etat genevois Serge Dal Busco, président de la CLDN.
Pas d'équivalent outre-Sarine
La sensibilité des cantons latins pour la politique liée au numérique n'est pas nouvelle. La CLDN a été créée en 2019, sous l'impulsion des cantons de Vaud et de Genève. A noter que cette structure n'a pas d'équivalent côté alémanique, selon Serge Dal Busco, qui est convaincu que "le numérique appelle une action politique".
Les études mandatées par la CLDN ont déjà permis de dégager une définition commune de la souveraineté numérique. Les cantons latins estiment qu'il s'agit de "la capacité des autorités à maintenir leur autonomie stratégique, soit à pouvoir utiliser et contrôler de manière autonome les biens matériels et immatériels et les services numériques qui impactent l'économie, la société et la démocratie".
Confrontés à la numérisation de la société et de leur administration, à l'évolution rapide des technologies et des outils numériques, les membres de la CLDN veulent conserver la maîtrise de leurs choix informatiques et mener des politiques publiques en toute autonomie. Ils ont donc décidé de renforcer leur partenariat. La CLDN compte bien peser sur le débat au niveau national en mettant à disposition les résultats des trois études.
Au menu du 18 juin
La CLDN a aussi rappelé que l'intégrité numérique est au coeur des préoccupations de la population. Cette problématique avait occupé le devant de la scène en 2021, quand le peuple avait refusé dans les urnes de confier la gestion d'un e-ID à des entreprises privées.
A Genève, cette question sera aussi au menu des votations du 18 juin. Les citoyens devront dire s'ils acceptent d'inscrire le droit à l'intégrité numérique dans la constitution. Ce nouveau droit fondamental, soutenu par tous les partis, devrait être plébiscité.
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juma avec ats