Au cours des dernières années, plusieurs éboulements majeurs ont eu lieu en Suisse. Avec le dérèglement climatique, ce genre de phénomène est amené à se répéter plus régulièrement. Les habitants concernés doivent donc apprendre à composer avec les risques, mais il est plus facile d'anticiper les catastrophes aujourd'hui.
Le souvenir traumatisant de 2017
A Brienz, l'évacuation préventive de la population doit éviter de revivre une situation d'urgence similaire à celles de plusieurs villages du Val Bregaglia en août 2017, dont celui de Bondo (GR). Trois millions de mètres cubes de roches avaient dévalé la montagne lorsqu'un pan du Piz Cengalo s'était effondré, soit l'équivalent de 3000 maisons familiales. Il s'agissait de l'un des plus grands éboulements en Suisse depuis plus d'un siècle.
Les 200 habitants avaient immédiatement été sommés de quitter le village. Avec la fonte des glaciers et les précipitations intenses, plusieurs coulées de boue s'étaient également déversées et avaient détruit des mayens aux portes de Bondo. Le montant des dégâts s'est élevé à plus de 40 millions de francs. Huit randonneurs avaient également été ensevelis, leurs corps n'ont jamais été retrouvés.
D'autres villages menacés
Les habitantes et habitants ont depuis pu retourner dans leurs maisons et tout est pratiquement revenu à la normale. Il reste encore un danger, mais des ouvrages de protection ont été construits après la catastrophe. Un dispositif d'alerte restera en place au moins jusqu'en 2024. Avant Bondo, d'autres catastrophes se sont produites, pour l'essentiel dans les régions alpines.
En Suisse, la plus grande d'entre elles remonte au mois de septembre 1806. Quarante millions de mètres cubes de gravats emportaient 457 personnes et des centaines de têtes de bétail dans le canton de Schwyz.
En 1991, dans la vallée de Zermatt, plusieurs éboulements se sont également produits en quelques jours. Un pan de la montagne s'est effondré notamment entre Randa (VS) et Herbriggen (VS). Personne n'a été blessé lors de ces nombreux épisodes, mais toute la région a été ensevelie sous 10 à 20 centimètres de poussières.
La région est encore sous menace. Une partie du glacier du Weisshorn devrait bientôt s'effondrer. En 2020, les géologues observaient une accélération du déplacement. Comme à Brienz, les habitants situés dans le village en contrebas pourraient devoir quitter leur maison à tout moment. Rien qu'en Valais, 250 sites font l’objet d’une surveillance face aux risques naturels.
Entre 6% et 8% du territoire helvétique est actuellement classé comme instable. Mais les zones à risque sont de mieux en mieux surveillées et comme à Brienz, les évacuations peuvent être organisées à temps.
Le dérèglement climatique en cause
En 2006, l'émission Temps présent s'était déjà interrogée sur la multiplication des catastrophes naturelles et notamment le nombre d'éboulements toujours plus important. L'augmentation des températures cause le dégel du permafrost, autrement dit la fonte de la glace contenue dans le sol des montagnes qui permet à la roche de tenir. La neige devient également plus rare au profit de la pluie. L'eau s'infiltre donc dans la pierre et la rend encore plus instable.
Aujourd'hui, l'évacuation totale d'un village est une première en Suisse. Brienz a entièrement été vidé de ses habitants, qui n'ont aucune certitude de pouvoir y revenir un jour. Ce genre de situation risque cependant de se reproduire dans d'autres régions de Suisse à l'avenir.
>> Lire à ce sujet : A Brienz, on espère revenir à la maison après l'effondrement de la montagne
Emilien Verdon