Il est établi depuis plusieurs années que les actes anti-LGBTQ sont une réalité quotidienne en Suisse. Aujourd'hui, la situation visible s'est encore nettement aggravée: les cas signalés ont pratiquement doublé en une année, passant de 92 à 134 signalements. La majorité concernait des injures ou des insultes. Toutefois, 25 personnes ont déclaré avoir subi des violences physiques.
Ces chiffres ont été publiés mercredi, à l'occasion de la Journée internationale de lutte contre l'homophobie, la biphobie et la transphobie. Celle-ci commémore le retrait de l'homosexualité de la liste des maladies mentales de l'OMS en 1990. La transidentité a été retirée de cette même liste il y a 5 ans.
Un nombre record de signalements
C'est la première fois que la Suisse enregistre autant d'agressions, selon Transgender Network Switzerland, l'Organisation suisse des Lesbiennes et Pink Cross. Plus d'un tiers des cas ont été signalés dans le canton de Zurich, soit 44. En Suisse romande, leur nombre oscille entre aucun à Neuchâtel et dans le Jura, un dans les cantons de Fribourg et du Valais, quatre sur Vaud et cinq dans le canton de Genève. Pour les organisations, ces chiffres ne sont pas encore représentatifs, car de nombreuses agressions ne seraient pas déclarées.
De plus, très peu d'agressions font l'objet d'une plainte. Seuls 11% de ces cas ont été dénoncés à la police en 2022, majoritairement par des personnes de moins de 30 ans.
Une hostilité croissante à l'égard des personnes trans
Si les agressions augmentent de manière globale, la violence est particulièrement plus forte à l'égard des personnes trans. Pour les organisations, près d'un tiers des signalements proviennent de personnes trans, dont une majorité de personnes non-binaires. Cette évolution s'explique, selon eux, "par l'hostilité croissante de la politique et des médias".
"Cette atmosphère hostile a des répercussions fatales sur la sécurité et la santé psychique des personnes trans."
"Ces derniers mois, l'existence et les droits les plus élémentaires des personnes trans, en particulier des personnes non-binaires et des jeunes, sont de plus en plus souvent remis en question publiquement ", estime Alecs Recher, responsable du conseil juridique de TGNS. "Cette atmosphère hostile a des répercussions fatales sur la sécurité et la santé psychique des personnes trans."
Les jeunes LGBTQIA+, en Suisse, ont 2 à 5 fois plus de risque de se suicider que les jeunes hétérosexuelles et hétérosexuels.
Appel à la société civile
Les organisations appellent la population à soutenir les droits des personnes trans tout comme elle a soutenu le mariage pour tous. Mais cela ne se fera pas sans l'aide des politiques, selon Alecs Recher: "Il est urgent que l'Etat collabore avec la société civile afin de combattre cette réalité".
Les organisations demandent à la Confédération et aux cantons de mettre en oeuvre les mesures promises. "Il y a un an, un postulat pour un plan national d'action contre les crimes anti-LGBT a été adopté. Le premier échange avec le bureau fédéral de l'égalité (BFEG) pour la mise en oeuvre de ce texte a déjà eu lieu. Nous espérons développer cette collaboration à l'avenir", conclut Salomé Trafelet du bureau de l'Organisation suisse des lesbiennes.
Sujets radio : Camille Lanci / Michael Peuker
Adaptation web : Léa Bucher
L'homosexualité toujours interdite dans 70 pays
Seuls des pays d'Afrique et d'Asie condamnent l'homosexualité. Mais la situation est très contrastée selon les pays. Certains n’ont jamais pénalisé l’homosexualité, comme la Côte d’Ivoire, d’autres, tels le Gabon ou l’Angola, viennent tout juste d’abolir son interdiction. Parmi les 32 pays d’Afrique qui interdisent l’homosexualité, certains sont très peuplés:Nigeria, Éthiopie, Égypte, Tanzanie, Algérie ou Maroc. En Asie, 22 pays sont aussi dans ce cas, parmi lesquels on trouve l’Indonésie, le Bangladesh, le Pakistan, la Birmanie, l’Iran, l’Irak et Singapour.
La peine de mort
Parmi ces pays, 12 prévoient la peine de mort pour les relations entre personnes de même sexe. Dans cette liste, on retrouve la Mauritanie, le Qatar et, depuis mars, l'Ouganda.
La Chine ferme son centre LGBTQI après 15 ans d'activité
Le centre LGBTQI de Pékin a été contraint de fermer ses portes mardi. La décision coïncide avec la tenue, mercredi, de la Journée internationale de lutte contre l'homophobie, la biphobie et la transphobie. Une annonce qui survient dans un contexte de pressions croissantes envers ce genre d'organisations par le gouvernement chinois. Si aucune explication officielle n'est avancée pour justifier la cessation d'activité de l'association pékinoise, cette dernière invoque laconiquement un "cas de force majeure".
Une communauté poussée au silence
Depuis l'arrivée au pouvoir de Xi Jinping en 2013, de nombreuses associations gay, lesbiennes, bisexuelles, transgenre et queer chinoises ont disparu de la sphère publique. Des groupes actifs au sein d'universités ont également été dissouts et la gay pride de Shanghai, née en 2009 dans une Chine qui montrait alors des signaux d'ouverture, a été démantelée il y a 3 ans.
De quoi inquiéter la communauté LGBTQI chinoise, à l'image de Huang, un jeune homosexuel de 30 ans: "Pour eux, ces organisations sont des forces incontrôlables, insaisissables. Xi se méfie de toute entité non-officielle capable de mettre sur pied des événements, des activités, de coaliser les gens". Il craint qu'ils s'opposent à lui et combattent sa politique. L'objectif pour lui, c'est le maintien de la stabilité à tout prix. "
Un traditionalisme promu par un pouvoir nationaliste
Pour Huang, les autorités voient le concept de minorités sexuelles comme enraciné dans la culture et le discours occidental. "Ils nous associent naturellement avec les soi-disant puissances étrangères hostiles. Ce discours fonctionne surtout auprès des anciennes générations de Chinois, qui n'acceptent pas qu'il puisse y avoir des minorités sexuelles en Chine", poursuit-il.
Ce resserrement de la situation intervient à l'heure où Taïwan vient cette semaine d'autoriser l'adoption aux couples de même sexe. De quoi accentuer encore le fossé entre les sociétés chinoise et taiwanaise.
Où trouver de l'aide?
Sur internet:
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Pour la promotion de la santé mentale dans les cantons latins: santépsy.ch
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Pour les enfants et les personnes adolescentes: ciao.ch
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Pour les 18-25 ans: ontécoute.ch
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Pour la prévention du suicide des jeunes: stopsuicide.ch
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Le Groupe Romand de Prévention du Suicide: preventionsuicide-romandie.ch
Par téléphone: