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Pour Marco Chiesa, la loi climat rend "incertain" l'approvisionnement en électricité

L'invité de La Matinale (vidéo) - Marco Chiesa, président de l’UDC Suisse et défavorable à la Loi climat
L'invité de La Matinale (vidéo) - Marco Chiesa, président de l’UDC Suisse et défavorable à la Loi climat / L'invité-e de La Matinale (en vidéo) / 14 min. / le 17 mai 2023
Invité dans La Matinale de mercredi, le président de l'UDC Marco Chiesa argumente en faveur du "non" à la loi climat soumise à votation le 18 juin. Pour le conseiller aux Etats, remplacer l'énergie fossile par du photovoltaïque ou de l'éolien augmenterait "drastiquement" les coûts et poserait des problèmes d'approvisionnement.

La loi sur le climat et l'innovation a été adoptée par 139 voix par le Conseil national et par 38 par le Conseil des Etats. Mais le référendum a été saisi par l'UDC. Pour rappel, le parti avait aussi dit "non" à la stratégie énergétique 2050 et à la loi CO2 en 2021. "Il faut dire 'non' quand on a des raisons de le faire et la situation actuelle démontre que l'on a tout à fait raison", justifie le président de l'UDC Marco Chiesa.

Ce ne sera pas possible d'avoir un approvisionnement sûr et bon marché, comme nous en avons à coeur, avec la stratégie 2050

Marco Chiesa, président de l'UDC

Il motive cette nouvelle opposition par le fait qu'elle provoquerait une augmentation des coûts de l'électricité et pourrait engendrer un manque de production énergétique par rapport aux besoins nationaux. "La stratégie 2050 conduit à la fin du nucléaire et à des pénuries d'électricité. Les distributeurs d'énergie affirment que c'est une chance de ne pas encore en avoir eu. Ils ne sont pas sûrs de pouvoir correctement approvisionner le pays dans le futur."

"Ce ne sera pas possible d'avoir un approvisionnement sûr et bon marché, comme nous en avons à coeur, avec la stratégie 2050", renchérit-il.

>> Sur le même sujet, lire l'article pour le "oui" à la loi climat : Jacqueline de Quattro: "La loi climat est une aide au changement vers la neutralité carbone"

Approvisionnement incertain et stockage difficile

Selon le président de l'UDC, le principal problème de ce contre-projet à l'initiative pour les glaciers est que la Suisse n'a pas suffisamment d'électricité pour se passer de l'énergie fossile. "On n'a pas assez d'électricité et c'est le cas de toute l'Europe, sauf la France qui a décidé d'une stratégie nucléaire depuis longtemps. En Allemagne, ils ont rouvert des centrales à charbon pour éviter les pénuries! Donc toute la stratégie des Verts (alliance 90/Les Verts, ndlr) et des rouges (Parti social-démocrate d'Allemagne, ndlr) a totalement échoué."

Un autre problème auquel serait confrontée la Suisse en cas d'acceptation de la loi climat par le peuple est le stockage. "L'énergie renouvelable doit être stockée et nous n'avons pas la possibilité de le faire ici. Donc si la loi est acceptée, l'approvisionnement sera incertain", dénonce Marco Chiesa.

>> Le premier baromètre SSR sur les objets du 18 juin : Vers un triple oui clair lors des votations du 18 juin, selon un premier sondage SSR

Impact minimal sur le climat mondial

L'UDC en est certain, tous ces efforts de la Suisse n'auront "aucune conséquence sur le climat mondial". "N'être responsable que de 0,1% des émissions de carbone mondiales ne pourra pas résoudre toute la situation. C'est impossible."

"Il est utopique de changer l'approvisionnement en énergie fossile, qui émet du CO2, par le photovoltaïque et l'éolien", soutient-il.

Coûts supérieurs

Si elle est acceptée par le peuple, la loi climat va nécessiter des "milliards de francs pour rebâtir les infrastructures qui vont transporter l'électricité", affirme Marco Chiesa.

La loi climat coûterait presque 400 milliards de francs

Marco Chiesa, président de l'UDC

Deux milliards de francs ont été mis à disposition par la Confédération pour soutenir la transition. Ils devraient notamment permettre le remplacement des chauffages fonctionnant au mazout, au gaz ou à l'électricité et l'assainissement des bâtiments. Les coûts vont "exploser", estime le président de l'UDC en les chiffrant à "presque 400 milliards de francs".

"Pour changer la structure du chauffage, il faut débourser environ 40'000 francs pour une pompe à chaleur. Il y en a un million à changer donc cela coûterait 40 milliards de francs et chacun ne touchera que 2000 francs. Sans compter qu'il faudrait ensuite investir dans les murs et la distribution de chaleur dans les bâtiments!"

L'UDC s'appuie sur le scénario le plus coûteux d'une étude d'Andreas Züttel, directeur du laboratoire de recherche énergétique commun à l’Institut fédéral de recherche sur les matériaux (Empa) et à l’EPFL pour démontrer les coûts engendrés par la loi climat.

Nécessité du nucléaire…

Marco Chiesa martèle que l'énergie nucléaire est nécessaire pour réussir la sortie de l'énergie fossile.

L'énergie nucléaire est la voie pour sortir de l'énergie fossile et s'assurer un approvisionnement suffisant

Marco Chiesa, président de l'UDC

"La Commission économique des Nations unies pour l'Europe est claire: dans les pays qui ont souscrit ce genre d'accords, il y a un fort recours à l'énergie nucléaire. Elle est la voie pour sortir de l'énergie fossile et avoir suffisamment d'approvisionnement pour la population et les entreprises. Mais on a décidé de l'abandonner dans la stratégie 2050."

… et du renouvelable en parallèle

Pour autant, le parti agrarien ne remet pas en question le recours aux énergies renouvelables. "Nous sommes tout à fait d'accord d'augmenter la part des énergies renouvelables", affirme le président de l'UDC.

Il assure que la transition ne sera pas si facile. "Dans le gâteau d'énergie dont on a besoin, le photovoltaïque représente 1,3% et le nucléaire, 8,4%. Il va donc falloir investir dans le photovoltaïque pour substituer l'énergie que l'on n'aura plus. Mais le problème est de faire croire à la population que l'on pourra assez facilement substituer le fossile avec l'énergie nucléaire, photovoltaïque et éolienne. Ce n'est pas possible!"

>> Découvrir tous les arguments de l'UDC contre la loi climat : L'UDC présente ses arguments contre une loi sur le climat "extrême et coûteuse"

Propos recueillis par David Berger

Adaptation web: Julie Marty

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