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Le nouvel horaire des CFF ça change quoi pour vous?

Annoncé le 5 mai dernier, le nouvel horaire des CFF pour 2025 a provoqué une levée de boucliers. Seize villes romandes ont dit leur mécontentement, à la suite des cantons romands. Cette semaine, "Ça change quoi pour toi?" revient sur les conséquences de ce changement d’horaire sur vos trajets: des minutes et parfois des changements supplémentaires pour aller au travail, à l’école ou en balade.
Le nouvel horaire des CFF ça change quoi pour vous? [RTS]
Le nouvel horaire CFF, ça change quoi pour toi? / Ça change quoi pour vous ? / 4 min. / le 17 mai 2023

Des minutes supplémentaires

Trois minutes de plus entre Genève et Lausanne, et plus 8 minutes entre Lausanne et Bienne, dans les deux cas en raison d’un nouvel arrêt à Renens. Depuis Lausanne, on rajoute aussi 2 minutes pour aller à Sion et 3 minutes pour Berne.

Malgré ces temps de parcours prolongés, le directeur des CFF y voit une amélioration:

"On améliore la ponctualité du système, et ce n’est pas une, deux ou trois minutes ici qui vont avoir un impact. Et il y a des gagnants, on aura une vraie cadence au quart d’heure le long de l’arc lémanique", déclare Vincent Ducrot dans le 12h45 du 5 mai.

Des critiques de toutes parts

A gauche comme à droite, les politiciennes et politiciens sont plus que sceptiques. Les Vert-e-s y voient un non-sens. "Le signal, c’est malheureusement d'aller complètement à l’inverse de l’urgence climatique, de la nécessité de convaincre les gens de prendre le train et on n’a pas de perspective fiable d'amélioration dans un futur proche", déplore Lisa Mazzone, conseillère aux Etats verte, dans le 19h30 du 5 mai.

A droite, on regrette que les engagements pris n’aient pas été tenus. "Là où on n’est pas content, c’est que ce temps de parcours qui se rallonge, on le dénonçait déjà il y a quelques années. Et on ne tient de loin pas les objectifs de rail 2000, qui est un vieux projet des années 90", rappelle Olivier Français, président de l’association OuestRail, dans la même émission.

Pour qui c'est mieux?

Tout l'ouest Lausannois, et en particulier Renens où toutes les grandes lignes s’arrêteront d’ici 2025, bénéficie du nouvel horaire.

Il faut savoir que la gare de Renens, en termes d’importance, c’est la 3e de Suisse romande en termes de population, de travailleurs et d’usagers. C'est notamment la porte d’entrée des hautes écoles, qui auront maintenant un accès direct avec les grandes villes avec lesquelles elles collaborent

Tinetta Maystre, municipale en charge de l’urbanisme et de la mobilité de Renens, dans le 19h30 du 9 mai

En venant de Fribourg ou du Valais vers les hautes écoles, il n'y aura donc plus besoin de changer à Lausanne.

Pour celles et ceux qui pendulent entre Lausanne et Yverdon, la cadence sera à la demi-heure plutôt qu’à l’heure.

Pour qui c'est pire?

La région biennoise, le Jura, le canton de Neuchâtel, le nord vaudois ou encore Genève y perdent. Depuis Delémont, il faudra désormais deux changements pour aller à l’aéroport de Cointrin, sauf aux heures de pointe où un seul changement reste nécessaire. Depuis Yverdon-les-Bains, il n’y aura plus de liaison directe vers Morges. C’est pourquoi ces villes sont montées au front. On en est aujourd'hui à 16 communes fâchées.

"Le fait qu'une région se mobilise jusqu’à Genève, jusqu’à Bienne, et il y a pratiquement tous les jours des collectivités qui se joignent à nos revendications, ça montre bien que la problématique est sérieuse", souligne Mauro Moruzzi, conseiller communal vert’libéral à Neuchâtel, dans l'émission Forum du 9 mai.

"Quand on entend le responsable des CFF nous dire qu'il y a des gagnants et des perdants, ce n’est pas audible. Surtout qu’on n’est pas en train de parler de désagréments qui ne sont censés durer qu'une année ou deux", poursuit-il.

Ces désagréments sont en effet prévus pour les dix prochaines années et si on se réfère aux chantiers précédents, les délais sont toujours difficiles à tenir.

L'action des cantons romands

Si les villes prennent le relais, c’est que les cantons de leur côté ont fait ce qu'ils ont pu.

L’action commune des sept cantons de suisse occidentale a conduit les CFF à entrer en matière sur une discussion. Nous avons fait travailler nos collaborateurs au niveau technique pendant une année pour trouver ce qui était l’objectif, c’est-à-dire le moins mauvais possible. Il faut croire que la Suisse occidentale a pris beaucoup de retard dans son réseau ferroviaire. Nous avons des rails qui sont nettement plus âgés que la moyenne suisse

Jean-François Steiert, président de la Conférence transport Suisse occidentale, dans Forum le 9 mai

Après ce compromis, les cantons romands ont rencontré Albert Rösti, le nouveau conseiller fédéral en charge des Transports, pour plaider la cause de la Suisse occidentale, sans pour autant espérer un miracle. Pour rattraper le retard de planification de ce côté de la barrière de rösti, des travaux sont indispensables.

"On a vraiment trois points durs en termes d’infrastructures à résoudre entre Bussigny et Genève si on veut pouvoir faire circuler ces trains directs entre le Pied du Jura et Genève. Ils se résoudront au fur et à mesure des travaux ces prochaines années, mais au-delà de 2025", explique David Fattebert, directeur régional des CFF en Suisse romande, dans le 19h30 du 9 mai.

De quoi donner des idées à certains cantons suisse alémaniques fâchés eux aussi par le nouvel horaire, comme Lucerne dont la gare prend du retard et qui n’a désormais plus de ligne directe vers l’aéroport, ou encore le canton de Saint-Gall.

"Le conseiller d’Etat de Saint-Gall en charge des transport publics m’a aussi confirmé que son canton était très mécontent. Il manque un tunnel promis pour augmenter les fréquences entre Saint-Gall et Coire. Le Conseil d’Etat saint-gallois va se joindre à la Suisse romande pour faire du lobbying à Berne", précise Philippe Reichen, correspondant pour la Suisse romande au Tages Anzeiger, dans le 12h45 du 12 mai.

Une pilule amère

Si le nouvel horaire fait tant réagir en Suisse romande, c’est aussi parce qu’il fait suite à deux coups de massue: treize ans de retard pour le chantier de la gare de Lausanne et une augmentation nationale des tarifs de +4,3% annoncée par l'alliance Swisspass avec des impacts sur ceux des CFF.

Claire Burgy

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