Réalisée à l'échelle nationale, l'enquête de l’Association des médecins assistants et chefs de clinique (ASCAM) a compilé les réponses de plus de 3200 professionnels. Elle s'intéresse aux conditions de travail durant l'année 2022. Presque 70% des personnes interrogées travaillent plus que ce qui est autorisé par la loi sur le travail.
Environ la moitié d'entre elles travaillent plus de 50 heures par semaine, soit le maximum légal. Depuis le premier sondage en 2013, de plus en plus de médecins assistants et chefs de cliniques se sentent épuisés. "Chez nos membres, il y a de plus en plus de demandes d’aides", rapporte Céline Dehavay, médecin et coprésidente de la section genevoise de l'ASCAM.
En février de cette année, le quotidien Neue Zürcher Zeitung a également publié une étude, réalisée auprès de plus de 4500 médecins-assistants, qui montre qu'ils sont nombreux à quitter le secteur de la santé.
Manque de reconnaissance
Céline Dehavay relève que "la plupart des médecins ne voient pas leurs heures de travail effectives enregistrées. Donc, ce sont des heures supplémentaires qui passent à la trappe".
Cette absence de reconnaissance viendrait aussi de la hiérarchie. "C’est devenu normal de faire des heures supplémentaires pour lesquelles on ne va pas vous remercier. Aussi, on ne va pas hésiter à notifier lorsque quelqu'un ne fait pas bien les choses, mais pas lorsque c’est l’inverse", déplore la coprésidente de la section genevoise de l'ASCAM.
>> A lire aussi : Les infirmiers et infirmières alertent sur la pénurie croissante de personnel
Une charge administrative lourde
Céline Dehavay explique que la charge administrative a explosé les 30 dernières années. Cela concerne notamment la documentation du dossier du patient (notes, courriers au médecin traitant et aux assurances). "Cela peut représenter parfois 60% du temps de travail d'un médecin assistant", détaille la médecin.
"Mes collègues et moi pensons vraiment qu'on pourrait réduire cette bureaucratie. Beaucoup de choses pourraient être déléguées à un personnel formé pour le dossier patient". Si Céline Dehavay reconnaît que la tenue du dossier patient est primordial pour une bonne prise en charge et une bonne transmission des informations, elle estime que ces dossiers sont noyés dans la charge de travail.
Cette surcharge de travail engendre aussi des risques d'erreur. "On fait tout pour que la prise en charge soit sécuritaire, mais le risque d'erreur augmente avec des horaires épuisants. Dans l'étude de la NZZ, 80% des médecins interrogés avaient déjà fait des erreurs par épuisement", rappelle Céline Dehavay.
Sujet radio: Frédéric Mamaïs
Adaptation web: Raphaël Dubois