Alain Berset: "Sur les primes maladie, nous avons fait avec le Conseil fédéral tout ce qu'il était possible de faire"
C'est l'une des questions qui inquiètent le plus les Suisses et les Suissesses. A chaque mois de septembre, les citoyens se demandent quelle sera l'augmentation des primes pour l'assurance-maladie de base.
Si les années Covid ont permis une légère baisse, le rattrapage a déjà commencé. Entre 2022 et 2023, les primes ont ainsi augmenté de 6,6% en moyenne, et la hausse devrait perdurer en 2024, les premières estimations parlant d'une augmentation de 7,5%.
"On a en effet des signaux qui ne sont pas très bons, mais il faudra voir la suite de l'année. Il y a beaucoup de spéculations, beaucoup d'acteurs et d'actrices du domaine qui mettent en avant des chiffres. Il faut attendre: le processus d'approbation des primes se passe pendant l'été, elles sont fixées ensuite à la fin du mois de septembre et avant cela, ça ne sert pas à grand-chose de faire des suppositions", explique Alain Berset.
"Les primes couvrent des coûts"
Pour le ministre de la Santé, il apparaît important de rappeler que ces hausses "couvrent les coûts" du système de santé. Dès lors, l'enjeu principal est pour lui de renforcer "la maîtrise de ces coûts."
Une tâche à laquelle il dit continuer à s'atteler, mais qui nécessite selon lui le soutien du Parlement. "Nous avons fait avec le Conseil fédéral tout ce qu'il était possible de faire (...) mais nous avons besoin du Parlement pour faire passer des projets de meilleure maîtrise des coûts, et ce n'est pas très simple", déclare-t-il.
Les réserves ont déjà été beaucoup utilisées pour modérer l'évolution des primes
Pour certains, l'une des solutions pour freiner les hausses pourrait être l'utilisation des réserves que possèdent les caisses-maladie, mais pour celui qui est aussi cette année président de la Confédération, il apparaît important de rappeler que cela a déjà été fait.
"Les réserves ont déjà beaucoup été utilisées pour modérer l'évolution des primes. Cela ne se voit pas tellement, car les coûts ont très fortement augmenté après la pandémie", juge-t-il.
"La question de la pénurie de médecins se pose depuis des années"
Dans le système de santé, l'un des autres problèmes récurrent concerne la surchage des hôpitaux, qui s'est accentuée après la pandémie, occasionnant de la souffrance pour le personnel de santé, notamment les médecins-assistants ou encore les services des urgences, souvent en sous-effectif.
Interrogé à ce sujet, le conseiller fédéral fribourgeois rappelle que "la question de la pénurie de médecins se pose depuis des années", mais estime que des efforts ont été faits.
On doit réussir à faire bouger un système de formation pour former plus de monde, mais c'est un vrai problème
"Il y a eu une initiative populaire il y a quelque temps (Initiative "Pour des soins infirmiers forts", acceptée par le peuple le 28.11.2021, ndlr) et dont une partie est déjà mise en oeuvre pour former plus de personnel soignant et pour mieux le soutenir", explique-t-il.
>> Revoir le reportage du 19h30 : Deux tiers des médecins hospitaliers travaillent plus que ce que n'autorise la loi
Mais pour le président de la Confédération, si ces programmes très importants ont effectivement été mis en place pour former davantage de médecins, la balle se trouve surtout dans le camp des cantons. "Vous savez, à la fin, tout ça se passe dans des écoles et des universités qui pour l'essentiel sont cantonales. On doit donc réussir à faire bouger un système de formation pour former plus de monde, mais c'est un vrai problème", juge-t-il.
Le socialiste espère toutefois voir la situation s'améliorer, notamment avec la mise en oeuvre de la deuxième partie de l'initiative qui doit concerner l'attractivité de la profession. "Nous avons des propositions qui aujourd'hui arrivent en discussion et j'espère qu'on pourra les mettre en oeuvre rapidement", conclut-il.
Propos recueillis par: Gabriel de Weck
Adaptation web: Tristan Hertig
Alain Berset: "La position de la Suisse sur l'Ukraine est très bien comprise"
Dès mardi, le président de la Confédération sera présent à New York avec les conseillers fédéraux Viola Amherd et Ignazio Cassis au Conseil de sécurité des Nations unies, présidé pour la première fois dans l'histoire par la Suisse. Alain Berset y voit un moment "très important" pour le pays, qui pourra selon lui apporter "une véritable contribution".
"On a vraiment des visions, des vues, des idées à apporter que d'autres n'apportent pas forcément. D'abord, avec cette très forte présence internationale à Genève, avec le CICR, le droit humanitaire, et puis nos travaux pour la médiation et pour la paix: ce sont des choses qui sont toujours naturellement très très demandées", juge-t-il.
Pour autant, l'image de la Suisse semble écornée, notamment en Europe, de par sa position sur le conflit en Ukraine, et son refus d'octroyer des munitions et des armes, notamment en autorisant la réexportation de son matériel par des pays tiers.
Pour le Fribourgeois, il s'agit avant tout de respecter les règles. "Pour réexporter, il faut modifier la loi. Un débat doit avoir lieu. On ne peut pas changer les règles sans respecter les nôtres", explique-t-il.
Le président de la Confédération ajoute que la Suisse a par ailleurs fait beaucoup pour afficher son soutien à Kiev, notamment en reprenant toutes les sanctions ou encore en collaborant à la reconstruction du pays, notamment via la conférence de Lugano.
"J'étais la semaine passée à Reykjavik et j'ai rencontré le Premier ministre ukrainien. On a eu une longue discussion assez informelle et je peux vous dire que je crois que la position de la Suisse est très bien comprise. Il était très positif sur ce que nous faisons, parce que les pays ont des rôles différents", conclut-il.