Dans son rapport, l’Office fédéral de l’agriculture (OFAG) calcule les montants que devrait débourser la Confédération à l’horizon 2040 pour les aides financières destinées aux améliorations structurelles, l’un des plus anciens instruments de politique agricole de Suisse.
Selon les estimations, les contributions à fonds perdus pourraient s’élever à 184 millions de francs par an, soit plus du double qu’aujourd’hui (+118%). Les prêts remboursables sans intérêts pourraient augmenter de près de moitié, passant de 292 à 426 millions de francs (+46%).
A ces montants s’ajouterait une hausse similaire des dépenses cantonales, car Confédération et cantons financent à parts égales les projets. L’argent doit permettre aux exploitations agricoles de se doter de structures durables et compétitives.
Infrastructures vieillissantes
Plusieurs facteurs sont avancés pour expliquer ces besoins financiers supplémentaires. D’abord, le rapport pointe un manque d’investissements au cours des dernières décennies. De nombreuses infrastructures agricoles sont vieillissantes. La Suisse doit donc rattraper un certain retard.
"Il y a eu un sous-investissement dans ces infrastructures. Certaines d'entre elles arrivent pratiquement en bout de course. Or, au niveau agricole, les infrastructures sont centrales car elles permettent de baisser les coûts de production, d'améliorer les conditions de travail de nos familles paysannes, de maintenir ou d'augmenter la production de notre terre agricole", précise mardi dans La Matinale Bernard Belk, le sous-directeur de l’OFAG en charge des paiements directs et du développement rural.
Défis environnementaux
Le monde paysan fait également face à d’immenses défis. Le Conseil fédéral veut renforcer la sécurité alimentaire tout en rendant l’agriculture plus durable.
A cela s’ajoute la multiplication d'événements météorologiques extrêmes. L’eau, par exemple, sera un enjeu majeur des prochaines années. Des investissements importants seront nécessaires pour améliorer l’irrigation des cultures, le drainage des sols, mais aussi pour assurer la desserte en eau des alpages.
"Il faut qu'on aille vers une production plus respectueuse des animaux, du paysage et du climat, et vers une baisse de l'utilisation des produits phytosanitaires. Cela nécessite aussi d’investir dans les infrastructures et l’utilisation de machines qui réduisent l’impact sur l’environnement", soutient Bernard Belk.
Au Parlement de décider
Parmi les autres domaines qui nécessiteront plus de moyens, l'OFAG mentionne notamment la production de protéines alternatives ou encore la remise en état des chemins d’accès aux champs et pâturages.
Le Parlement, qui vote chaque année le budget de la Confédération, aura le dernier mot sur les nouveaux montants fédéraux alloués à l'agriculture.
Valentin Emery/ami