"La solution est simple. Si toute l'équipe quitte le terrain, il n'y a plus de match, plus de compétition, plus de championnat. C'est aussi une question de solidarité. Les joueurs du Real Madrid auraient dû quitter le terrain", lance l'ancien international mardi dans La Matinale de la RTS. Selon lui, le racisme est encore bien présent dans le monde du football. "Thierry Henry avait lancé sa campagne "Stand up, Speak up" en 2005. On voit aujourd'hui que le progrès n'a pas forcément été fait", relève-t-il.
Des coupables difficiles à identifier
Pourtant, le racisme semble être pris au sérieux depuis une vingtaine d'années dans le football. En 1999, plusieurs groupes de supporters européens avaient lancé le réseau FARE, pour Football Against Racism in Europe, en réaction au hooliganisme, et qui s'est donné pour but de lutter contre toutes les formes de discrimination.
Les grandes fédérations ont ensuite emboîté le pas. En 2009, l'UEFA a introduit une procédure permettant d'arrêter les matches en cas d'incident graves. La FIFA a de son côté voté de nombreuses sanctions, allant de l'avertissement à l'exclusion des compétitions. Ces dernières années, les campagnes de sensibilisation se sont multipliées. Des stars comme l'Anglais Raheem Sterling se sont engagées pour promouvoir l'acceptation des différences. En Suisse, l'Association suisse de football (ASF) a instauré des ateliers de formation pour sensibiliser les joueurs et les entraîneurs.
Les sanctions restent toutefois rares, à tel point que la prévention a pris le pas sur la répression. Pour les institutions, l'application de sanctions individuelles reste problématique, les coupables étant difficilement identifiables.
"Il faut aller plus loin"
Pour Johan Djourou, la persistance du racisme sur les terrains de football découle de l'importance qu'on lui accorde. "Est-ce que ce problème est réellement important? Ou est-ce que l'on fait des campagnes pour se donner une bonne image?", s'interroge le consultant de RTS Sport. "On a vu le mouvement Black Lives Matter, on a vu plusieurs campagnes, mais jamais de sanctions. On parle de mouvements qui existent depuis plus de vingt ans, et il n'y a aucun changement, aucune amélioration", déplore-t-il.
Il faut commencer à sanctionner ces clubs qui permettent aux supporters racistes d'entrer dans les stades et de s'exprimer.
Pourtant, pour l'ancien défenseur, les institutions peuvent aller plus loin et avoir un réel impact. Selon lui, des sanctions plus radicales sont nécessaires. "Il va falloir pénaliser les clubs, car on connaît leur importance dans une league. Il y a un enjeu financier à ce niveau-là. Il faut commencer à sanctionner ces clubs qui permettent aux supporters racistes d'entrer dans les stades et de s'exprimer. Il faut des déductions de points ou des sanctions capables de mettre en péril la place des clubs dans le championnat."
La FIFA n'a pour l'heure pas réagi aux insultes proférées contre Vicinius Jr (lire aussi encadré).
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Sujets radio: Jérôme Jeannin / Valérie Demon
Adaptation web: Léa Bucher
Une enquête ouverte en Espagne
La justice espagnole a ouvert une enquête lundi, au lendemain des nouvelles insultes proférées contre Vinicius, l'attaquant brésilien du Real Madrid, lors d'un match du championnat d'Espagne de football.
Le parquet de Valence, où la star brésilienne a été insultée dimanche a, de sa propre initiative, ouvert des investigations pour un "délit de haine" présumé, selon des sources judiciaires. Cette catégorie pénale inclut les insultes racistes.
Dans le rapport remis comme chaque semaine aux autorités compétentes, la Liga a déclaré lundi soir avoir identifié "distinctement" des insultes racistes et des cris de singe. Le Conseil supérieur des sports espagnol a affirmé qu'il était en train d'analyser les images afin d'identifier "les auteurs de ces insultes et comportements pour proposer les sanctions appropriées". Il a aussi rappelé que, pour des faits similaires de racisme, il a déjà proposé cette saison 4000 euros d'amende et une interdiction de stade d'un an pour les auteurs.
Le président de la Fédération espagnole de football, Luis Rubiales, a lui reconnu que le football espagnol avait "un problème de racisme".
Le Real Madrid déjà visé par neuf plaintes
Ces incidents graves ne sont pas les premiers autour de Vinicius Junior. "Ce n'était pas la première fois, ni la deuxième ni la troisième. Le racisme est normal en Liga", a réagi sur Instagram le joueur brésilien de 22 ans. La Liga, le championnat de football d'Espagne, a déjà présenté neuf plaintes pour insultes racistes contre le joueur du Real Madrid. Seules deux d'entre elles ont abouti à des condamnations et à des retraits d’abonnements ou à des interdictions d’accès au stade.
Le reste est resté classé sans suite, la justice estimant qu’il est souvent difficile d’identifier les auteurs des insultes.
Pour l'entraîneur du Barça Xavi Hernandez, les solutions seraient d’endurcir les sanctions, mais aussi de suspendre immédiatement le match à la première insulte. Pour lui, cette normalisation des insultes est étroitement liée au football, contrairement à d’autres sports.