De nombreux maraîchers contemplent cette année leurs cultures de haricots d'un oeil désolé. Nombre d'entre elles ont été dévastées par la mouche des semis (Delia platura), ou plutôt par ses larves. Cet insecte a toujours été présent, mais depuis deux ans, le seul pesticide qui l’élimine est interdit. Et ce printemps, tout était réuni pour que cette mouche prolifère.
"Les conditions météo sont très bonnes pour la mouche, qui aime les températures plus fraîches. De son côté, le haricot a besoin d’un temps chaud et sec qui accélère sa croissance. Avec le temps froid et humide de cette année, ils poussent très lentement et la larve a encore plus de temps pour faire des dégâts", a expliqué dans le 19h30 de la RTS Michael Gugger, responsable de la station d’essais "Cultures maraîchères" de l'Agroscope.
Des couvertures coûteuses et peu efficaces
Le centre de compétence de la Confédération dans le domaine de la recherche agronomique et agroalimentaire procède actuellement à des tests avec des plantations. Parmi les solutions à l’essai: réchauffer les haricots au moyen de coûteuses couvertures de plastique. Mais il faut compter entre 1000 et 2000 francs l’hectare et les résultats sont maigres.
Les paysans qui s’en sortent le mieux perdront tout de même un tiers de leur récolte, et encore, ce sont les chanceux. "En dessous de 50%, il faut vraiment se poser la question: 'Est-ce que j'ai vraiment intérêt à cultiver ce haricot, ou bien faut-il mettre en place une autre culture, pour autant que j'aie un marché derrière?'", constate Arnaud Belotti, collaborateur technico-agricole à l'Agroscope.
Réautoriser l'insecticide interdit n'est pas prévu
En Suisse, le maraîchage n’occupe qu'une petite partie des terres cultivées, et le haricot est loin derrière les légumes stars que sont la carotte ou l’oignon. Mais il est malgré tout une culture importante pour le marché indigène. "On aura peut-être besoin des importations. Pour le moment, quand on a vu la problématique, on a semé un peu de surface, mais ce n’est pas une solution pour le futur", estime Thomas Wyssa, membre du comité directeur de l’Union maraîchère suisse.
Cette solution, tout le monde l’attend. Elle devra venir de la recherche, car une autorisation temporaire de l'insecticide autrefois utilisé n’est pas à l’agenda de la politique agricole.
>> Lire aussi : Un pesticide "tueur d'abeilles" réautorisé pour sauver les betteraves
Sujet TV: Benoit Granclément, Vincent Jacquat
Adaptation web: Vincent Cherpillod