La votation du 18 juin sème la discorde parmi les propriétaires d'immeubles et de maisons. Les partisans de la loi fédérale sur la protection du climat et l'innovation évoquent les subventions prévues pour remplacer les chauffages, les opposants dénoncent la pression à se passer d'énergies fossiles.
Les lobbys sont donc divisés. La Fédération romande immobilière dit oui à ce texte, tout comme les sections cantonales de Bâle-Ville, Zoug ou Lucerne. Mais la Fédération des sections alémaniques (HEV) rejette elle la loi.
"Prise de pouvoir de l'UDC"
Depuis dimanche, l'affaire se transforme en polémique. Le conseiller aux Etats PLR zurichois Ruedi Noser a démissionné du comité de la HEV. Il dénonce dans la presse "une prise de pouvoir de l'UDC sur la Fédération", puisque celle-ci fait maintenant campagne avec véhémence en reprenant mot pour mot tout l'argumentaire de ce parti.
"L'association devrait représenter les intérêts des propriétaires immobiliers. Au lieu de cela, elle reprend sans hésiter la campagne de l'UDC concernant la loi sur le climat. C'est un manque de respect envers ses membres", déclare-t-il dans le SonntagsBlick.
Le président de l'association, Hans Egloff, est un ancien conseiller national UDC. Il défend, lui, "une décision démocratique prise à la majorité, après un débat approfondi", qu'il s'agit de respecter. Dans les faits, le comité de la HEV est peuplé par une série de politiciens de l'UDC, du PLR et du Centre. Sur d'autres thèmes, ces partis s'accordent, mais cette fois, ils sont divisés et les opposants sont majoritaires.
Un soutien important
La HEV regroupe 340'000 membres. Grâce à son appui, l'UDC peut dire qu'elle est soutenue par les propriétaires et qu'elle les représente. Ce soutien est d'autant plus important dans cette votation où la plupart des organisations économiques, telles que l'Union suisse des arts et métiers (USAM) ou Economiesuisse, disent oui. Seule Gastrosuisse y est résolument opposée.
En réalité, ces tensions sont fréquentes. L'UDC, le PLR et le Centre se disputent également les postes dirigeants d'autres organisations faîtières, comme l'Union suisse des paysans (USP) ou l'USAM. Parfois, les partis bourgeois parviennent à s'entendre sur une sorte de tournus informel. Parfois, il y en a un qui domine.
Ces postes apportent légitimité, pouvoir et visibilité. La bataille existe à gauche aussi, entre Verts et socialistes, pour la présidence des syndicats, de l'Asloca ou encore de l'ATE. Cette compétition est permanente dans les coulisses de la politique suisse.
Etienne Kocher/edel
Les enjeux de la loi sur le climat
Le 18 juin, les Suissesses et les Suisses se prononcent sur la nouvelle loi sur le climat. Cette dernière, qui fait office de contre-projet à l’initiative pour les glaciers, demande que la Suisse réduise ses émissions nettes de gaz à effet de serre à zéro d’ici 2050.
Le Parlement a accepté une nouvelle législation sur le climat en septembre 2022. La Loi fédérale sur les objectifs en matière de protection du climat, sur l’innovation et sur le renforcement de la sécurité énergétique vise à accélérer la transition vers les énergies renouvelables.
La Suisse ne devra pas émettre plus de gaz à effet de serre qu’elle n’en absorbera par les puits de carbone naturels, comme les forêts, ou par des moyens techniques (technologies de captage et d’élimination du CO2).
La nouvelle loi fixe des objectifs et des buts intermédiaires pour la réduction des émissions et vise à garantir que les flux financiers soient investis d’une manière plus respectueuse du climat.
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