Les parlementaires veulent comprendre ce qui a conduit le Conseil fédéral à devoir annoncer, le 19 mars dernier, la reprise en catastrophe de Credit Suisse par UBS. Ils souhaitent établir les raisons de ce sauvetage, et en déterminer les responsables.
>> Lire à ce sujet : Le bureau du Conseil des Etats veut une Commission d'enquête parlementaire sur Credit Suisse
Examiner "tout!"
Benjamin Roduit (Le Centre/VS), conseiller national, est membre du bureau qui a proposé la création de cette commission d'enquête parlementaire. Pour lui, la CEP doit "tout" examiner.
"Il faut examiner les responsabilités du Conseil fédéral, de la BNS, de la FINMA. Pourquoi est-ce qu'il a fallu dans l'urgence prendre des mesures. Est-ce qu'on ne pouvait pas anticiper?", ajoute l'élu.
Le mandat exact de la commission devra encore être précisé. Un des enjeux sera de définir à partir de quel moment commencer l'enquête.
Céline Amaudruz, vice-présidente de l'UDC Suisse, conseillère nationale (UDC/GE), était l'invitée du 19h30 de la RTS. Pour elle, cette CEP n'est pas du tout "électoraliste".
C'est "un droit conféré par l'article 163 de la loi sur le Parlement, et c'est la deuxième fois que nous devons sauver une banque. On a vécu ça avec la crise d'UBS en 2008-2009. On a légiféré le 'too big to fail'. Et aujourd'hui, on voit que ça se reproduit. De ce fait, je crois que la cinquième commission d'enquête parlementaire doit vraiment être mise en place".
Département des finances dans l'embarras
Dans La Matinale de la RTS du 23 mai dernier, Karin Keller-Sutter plaidait pour que la commission s'intéresse aussi à la période avant son arrivée au Département des finances. "Je n'étais là que depuis quelques semaines seulement. (...) Si on veut élucider tout ce qu'il s'est passé, il faut bien regarder dans le passé", expliquait-elle.
Une manière de pointer du doigt son prédécesseur Ueli Maurer qui, trois mois avant le sauvetage, sur les antennes de SRF, se montrait encore confiant dans l'avenir de Credit Suisse. "Credit Suisse a pris une série de bonnes mesures après une mauvais phase. Je suis confiant que ça ira bien", disait-il en décembre de l'année dernière.
Il faut maintenant voir si ce que l'on a décidé il y a quelques années est suffisant ou pas
Sur la question d'aller enquêter sur le rôle d'Ueli Maurer joué par le passé dans cette affaire, Céline Amaudruz répond "qu'il va falloir aller chercher un peu partout", et déjà, "bien évidemment, du côté de la BNS et de la FINMA".
La conseillère nationale UDC tient "aussi à rappeler la responsabilité du Parlement, qui, à l'époque, a voté 'too big to fail'. Et certains n'ont pas voulu séparer les activités suisses des activités internationales considérées comme plus dangereuses - je dois quand même les évoquer, c'est Le Centre et le PLR. Il faut maintenant voir si ce que l'on a décidé il y a quelques années est suffisant ou pas".
Pour Lisa Mazzone (Verte/GE), conseillère aux Etats, il est évident qu'il faudra enquêter sur le passé. Mais pas seulement. Pour elle, il serait "aussi intéressant" de se pencher sur les "dernières semaines, l'utilisation du droit d'urgence notamment, et c'est l'ensemble qui doit être observé".
Sujet TV: Pierre Nebel, Clémence Vonlanthen
Propos recueillis par Philippe Revaz
Adaptation web: Julien Furrer