Des élus suisses veulent que les autorités préviennent les actes illicites des activistes du climat
Il y a une semaine, des activistes du climat de toute l'Europe ont convergé à Genève pour cibler un des plus grands salons de l'aviation privée du monde. Les militants ont investi le tarmac de l'aéroport de Cointrin, ce qui a engendré le blocage du trafic aérien pendant une heure.
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Cette manifestation est l'une des nombreuses actions coup de poing en faveur du climat dans le monde ce printemps.
La droite veut que les autorités agissent en amont des actes illicites
Chaque pays possède son régime de sanctions, mais l'Allemagne s'est récemment distinguée: la police a perquisitionné 15 appartements d'activistes et collecté plus de 1,4 million d'euros de dons du mouvement écologiste allemand Letzte Generation. La justice du pays a également qualifié l'association d'"organisation criminelle".
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Selon le conseiller national PLR Damien Cottier, la Suisse devrait s'inspirer de ces actions policières. "On voit qu'il y a une certaine organisation et des actions planifiées. Il y a eu plusieurs actions contre les golfs, par exemple, plusieurs jours de suite et dans plusieurs cantons romands", relate le député neuchâtelois mardi dans le 19h30 de la RTS.
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"Si on sait qu'une action se prépare, je trouve bien que les autorités pénales, policières et judiciaires, se coordonnent entre cantons pour essayer d'éviter qu'un acte illégal soit commis, plutôt que d'attendre qu'il soit commis pour intervenir par la suite", ajoute-t-il.
Des activistes prêts à aller en prison
Matthieu et Doriane ont participé à l'opération menée à l'aéroport de Genève contre les jets privés. Arrêtés par la police, les activistes ont été condamnés à 120 jours amende avec un sursis de trois ans.
Cette peine est toutefois peu dissuasive pour ces militants, qui assument leur participation à l'action et se disent prêts à recommencer. "On ne peut pas se permettre d'attendre trois ans pour se bouger", argumente Doriane.
"Le fait que les futures générations puissent avoir un avenir, ça n'a pas de prix", renchérit Matthieu, qui affirme qu'il continuera à agir en faveur du climat, "quitte à faire de la prison".
Les activistes climatiques ne font actuellement pas l'objet de traitement par le Service de renseignement de la Confédération, qui indique néanmoins qu'il s'attend à une radicalisation d'une partie de ces militants dans les années à venir.
Sujet et interview TV: Julien Chiffelle et Philippe Revaz
Adaptation web: iar
Les mesures judiciaires contre les militants du climat "ne se sont pas durcies en Suisse"
Pour Miriam Mazou, avocate pénaliste et ancienne chargée de cours au centre de droit pénal de l'Université de Lausanne, qui a défendu Credit Suisse dans une affaire d'action climatique, les mesures judiciaires contre les activistes climatiques ne se sont pas durcies en Suisse.
"Je pense qu'on voit apparaître une multitude de décisions, de différentes autorités et dans différents cantons, où on peut parfois avoir l'impression que c'est trop clément, ou au contraire trop sévère, et que, petit à petit, le Tribunal fédéral cadre ce qui devrait être les limites de l'acceptable en matière de sanctions pour ce genre d'infractions", commente-t-elle sur le plateau du 19h30.
L'avocate pénaliste estime également que la Suisse est "vraiment loin" de l'Allemagne et des récentes opérations menées contre le mouvement Letzte Generation. "Selon le droit suisse, quand on parle d'organisation criminelle, on pense à l'Etat islamique ou Al-Qaïda et pas à des mouvements d'activistes du climat", précise Miriam Mazou.
"Les perquisitions sont possibles en théorie pour n'importe quelle infraction, mais le Ministère public, qui est chargé de donner l'ordre, doit respecter le principe de proportionnalité et n'ordonne en général pas de perquisition pour n'importe quel type d'infraction. Il faut quand même une certaine gravité", ajoute-t-elle.