La population suisse est favorable à développer les énergies renouvelables, selon un sondage
"La crise énergétique, les augmentations parfois importantes des prix de l'électricité et le risque de pénurie d'énergie ont marqué l'année 2022 et l'hiver qui vient de s'achever", indique mercredi l'Association des entreprises électriques suisses (AES) dans un communiqué.
Approbation de la politique énergétique
Ces circonstances exceptionnelles n'ont toutefois rien changé à l'approbation de la politique énergétique actuelle par la majorité des Suisses, comme le montre un sondage représentatif réalisé par l'institut gfs.bern sur mandat de l'association.
Près de deux tiers de la population se félicite des choix pris en matière énergétique. Cette approbation se mesure tant dans les villes qu'à la campagne et dans toutes les classes d'âge. Seuls les électeurs de l'UDC se montrent majoritairement insatisfaits.
Priorité à la sécurité de l'approvisionnement
Assurer la sécurité de l'approvisionnement reste la priorité absolue pour la population suisse, avant la protection du climat et avant aussi de se préoccuper du prix de l'électricité, montre le sondage.
"Il n'y a pas eu de black-out cet hiver. La population est donc plus détendue, peut-être aussi plus pragmatique et se donne plus de temps pour aborder ces différents développements maintenant", estime Urs Bieri, politologue chez gfs.bern.
Un autre résultat clair se dégage de ce sondage. Selon une large part de la population, la transition énergétique est trop lente. Une majorité estime néanmoins que les énergies renouvelables ne suffisent pas pour couvrir tous les besoins en électricité de la Suisse. Quelque 73% des sondés pensent également que la Suisse ne pourra atteindre ses objectifs climatiques et énergétiques que si elle conclut un accord sur l'électricité avec l'Union européenne.
Le photovoltaïque plébiscité
Le soutien au développement du photovoltaïque sur les infrastructures existantes, par exemple sur les autoroutes ou les barrages, ainsi que sur les toits et façades appropriés, n'est pas contesté.
Concrètement, 97% des personnes interrogées se prononcent en faveur des installations solaires sur les bâtiments et les façades, 89% en faveur de l'énergie hydraulique et 76% en faveur de l'énergie éolienne. Étonnamment, selon le sondage, 56% des Suisses accepteraient la présence d'une éolienne "sur la colline devant leur maison, visible depuis leur balcon".
La population est toutefois moins convaincue par les grandes installations solaires en montagne et sur les surfaces libres (54%).
Pas de majorité pour le nucléaire
L'énergie nucléaire ne joue aucun rôle dans le futur système énergétique pour la population, poursuit le rapport. Les Suisses ne sont pas favorables, ni à la construction de nouvelles centrales nucléaires de la génération la plus moderne, telles qu'elles sont construites aujourd'hui en France et en Finlande, ni à celles de quatrième génération, qui font actuellement l'objet de recherches et de développements.
Par ailleurs, 65% des sondés ne préfèrent pas non plus une nouvelle centrale nucléaire à des parcs éoliens, des installations solaires dans les montagnes ou à de nouveaux barrages.
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Adaptation web: edel avec ats
Passer aux actes
L'Association des entreprises électriques suisses se réjouit de ces résultats qui montrent une prise de conscience de la part de la population. Son président, Michael Wider, pointe toutefois un décalage avec la réalité du terrain.
"Quand il s'agit de réaliser, très vite, on voit qu'on commence à trébucher. Il y a beaucoup d'oppositions à tous les projets", regrette le président de la faîtière des entreprises électriques. Selon lui, pour faire changer les choses, "il faut simplifier les procédures". Il estime aussi qu'on "ne peut pas avoir le confort sans donner quelque chose aussi. Et ça, ça commence à manquer dans notre société".
Selon Michael Wider, l'heure n'est plus aux paroles. "Nous devons maintenant agir", affirme-t-il. "Les grandes discussions, on les a menées. Il y a des lois qui attendent devant le portail, donc il faut vraiment passer aux actes", conclut-il.