"El Niño est un phénomène climatique qui survient tous les 3 à 7 ans. Il se manifeste par une augmentation de la température en surface dans le Pacifique Sud, c'est-à-dire la zone entre l'Amérique du Sud, l'Océanie et l'Asie du Sud-Est", explique Mikhael Schwander, météorologue à Météosuisse, interrogé dans Le Point J.
En effet, en temps normal on observe, sur la côte ouest de l'Amérique du Sud, des courants froids et donc de l'eau froide qui remonte. Cette eau est entraînée par les vents qui soufflent d'ouest en est - les alizées. La température reste par conséquent relativement basse. Lorsque El Niño survient, la force des vents baisse et on n'a plus cet apport d'air froid.
"Cela provoque ce réchauffement de l'eau et donc de l'air dans la région du Pacifique Sud, qui, elle, influence la température moyenne globale de la Terre. Parmi les conséquences, on observe une hausse des précipitations en Amérique du Sud, potentiellement des sécheresses en Asie du Sud-Est", détaille le spécialiste.
El Niño a des conséquences indirectes en Suisse. Il peut amener, dans la période janvier à mars, potentiellement davantage d'air humide sur l'Europe en provenance de l'Atlantique ainsi que des températures relativement élevées.
Ce qui inquiète particulièrement les scientifiques de l'ONU, c'est le contexte dans lequel apparaît ce phénomène climatique. L'organisation météorologique mondiale (OMM) a alerté sur le fait que El Niño pourrait entraîner des records de chaleur d'ici 2024.
"On s'attend à ce qu'on atteigne peut-être même les 1,5 degrés dans les cinq prochaines années, qui est le seuil fixé par les accords de Paris en 2015", souligne Mikhael Schwander.
Quels sont les liens entre El Niño et le dérèglement climatique? C'est quoi un "super El Niño"?
Juliane Roncoroni et l'équipe du Point J