L'objectif du gouvernement est d'apaiser la situation en montagne en attendant la mise en oeuvre de la nouvelle loi sur la chasse adoptée par le Parlement. Les loups isolés pourront désormais être abattus s'ils représentent un "grave danger" pour l'humain, indique le Conseil fédéral. Les individus isolés pourront également être tués lorsqu'ils se trouvent sur le territoire d'une meute, car ils peuvent y causer des dommages.
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Les seuils abaissés
Le seuil de dommages a été abaissé: dans les régions où des loups isolés ont déjà provoqué des dégâts, un animal pourra être abattu lorsqu'il a tué six animaux de rente en quatre mois, contre dix actuellement. Dans les régions abritant des meutes, le seuil est désormais fixé à huit animaux tués.
Les blessures importantes aux vaches, chevaux, alpagas ou lamas (qui ont un statut particulier par rapport aux autres types d'élevage de rente) seront désormais également prises en compte. Pour ces bêtes, le seuil autorisant un tir est abaissé à un seul animal tué contre deux jusqu'à présent, qu'il s'agisse d'un individu isolé ou d'un membre d'une meute.
Les cantons peuvent en outre renforcer la régulation du loup dans les régions abritant plus d'une meute, précise le gouvernement. L'ordonnance prévoit que "deux tiers au maximum des jeunes animaux nés dans l'année" peuvent être abattus.
Par ailleurs, un loup d’une meute peut dorénavant être immédiatement abattu s’il constitue de manière "soudaine et non prévisible" une menace pour la vie ou l’intégrité corporelle des personnes. C'est par exemple le cas s'il s'approche "en montrant des signes de menaces sans avoir été provoqué". Dans un tel cas d'urgence, un tir ne nécessite pas l'autorisation de l'Office fédéral de l'environnement (OFEV).
Protéger l'économie alpestre
Cette révision vise à répondre aux problèmes auxquels doit faire face l’économie alpestre, souligne le Conseil fédéral. Les attaques contre les animaux de rente se sont multipliées en montagne: on en dénombrait 1500 l'an dernier, principalement contre des moutons.
La Suisse compte actuellement environ 250 loups et 26 meutes, soit 100 individus supplémentaires sur une année, et les effectifs continuent de croître.
Le gouvernement rappelle par ailleurs que la Confédération a mis à disposition, début avril, 4 millions de francs supplémentaires destinés à renforcer la protection des troupeaux. Ces moyens visent à financer diverses mesures urgentes, que les cantons peuvent solliciter.
jop/boi avec ats
Le Groupe Loup ni surpris, ni inquiet
Interrogée dans Forum, Isabelle Germanier, responsable romande du Groupe Loup Suisse, n'est pas surprise par cette décision, qui "reste totalement correcte". Le but de son association est d'assurer la survie du loup en Suisse et les effectifs grandissent de manière exponentielle aujourd'hui.
A ses yeux, même si on effectue quelques tirs dans des conditions très précises et avec des lois très strictes, "ça n'entamera pas la survie du loup sur le territoire helvétique".
Isabelle Germanier relève toutefois que le tir "doit être le dernier recours: la loi le dit, on peut procéder au tir quand le loup attaque des animaux qui sont en situation protégée". Le tir doit être la dernière solution mise en oeuvre pour faire stopper les attaques ou éviter la dispersion de comportements non souhaitables, conclut-elle.