Après le sauvetage in extremis de Credit Suisse en mars dernier, sous la houlette du Conseil fédéral, le Parlement avait convoqué une session extraordinaire. Au final, le Conseil national a refusé de valider les garanties de 109 milliards de francs de la Confédération pour soutenir le rachat de Credit Suisse par UBS. Un résultat purement symbolique, puisque les garanties avaient déjà été octroyées et ne pouvaient être bloquées.
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Est venue alors l’idée d’instaurer une commission d’enquête parlementaire (CEP) pour faire la lumière sur l’affaire. Quelques semaines plus tard, la cinquième commission d'enquête parlementaire de l'histoire s'apprête à être lancée. Il ne manque que l'approbation des Chambres fédérales, prévue les 7 et 8 juin.
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Scepticisme de Christian Lüscher
Ardent défenseur de la place financière suisse, Christian Lüscher, conseiller national PLR à Genève, affiche un avis nuancé sur cette commission d'enquête. "A titre personnel, je ne vous cache pas que je suis un tout petit peu sceptique". Mais "si elle permet, d'une part de mettre en lumière des faits qui ne sont pas connus et qui n'ont pas été découverts par le Conseil fédéral [...], et si d'autre part, ça permet d'améliorer la législation, ça sera une très bonne chose", estime-t-il dimanche soir dans le 19h30.
Il estime d'ailleurs que "la législation too big to fail est une bonne législation" et qu'elle a très bien fonctionné pour l'établissement pour lequel elle devait prioritairement s'appliquer, à savoir UBS, "puisque la banque n'a commis aucune faute depuis 2008".
Christian Lüscher admet toutefois qu'il faut plus de sévérité sur la réglementation du système financier, "pour autant que cela se fasse sur un niveau international".
Des dirigeants fautifs à sanctionner
"Il est hors de question de pénaliser les banques suisses et leur compétitivité au motif que quelques dirigeants, durant ces dix dernières années, ont commis des fautes pour lesquelles, hélas, ils ne sont aujourd'hui pas encore poursuivi", défend-t-il.
Le parlementaire genevois répète que les responsables principaux sont les organes de Credit Suisse, dont "le Conseil d'administration, qui a mal surveillé la direction générale". "Mais ce qu'on doit constater, c'est que les banques n'agissent pas contre leurs anciens dirigeants. On peut imaginer qu'à l'avenir, lorsque la Confédération doit venir au secours d'une banque, par un sauvetage avec des deniers publics, elle se substitue à la banque pour agir contre les anciens dirigeants et récupérer l'argent qu'ils ont visiblement reçu à tort", plaide Christian Lüscher.
Sujet TV: Jennifer Covo
Adaptation web: Raphaël Dubois