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Le oui à la loi climat perd du terrain mais dépasse encore les 60%, selon le 2e sondage SSR

Les trois objets fédéraux soumis à votation le 18 juin devraient être acceptés, selon le 2e sondage SSR publié
Les trois objets fédéraux soumis à votation le 18 juin devraient être acceptés, selon le 2e sondage SSR publié / 12h45 / 2 min. / le 7 juin 2023
Les partisans de la loi sur le climat disposent toujours d'une nette avance dans l'opinion, montre le 2e sondage SSR publié mercredi. Mais à l'approche des votations du 18 juin, l'écart entre le oui et le non rétrécit. Le projet d'imposition minimale des grandes entreprises et la loi Covid-19, pour leur part, devraient être largement approuvés.

Ca se resserre pour la nouvelle loi sur le climat et l'innovation. Si le scrutin avait eu lieu à la fin mai, ce projet qui fixe le cadre pour que la Suisse atteigne la neutralité carbone à l'horizon 2050 aurait recueilli 63% de votes favorables, soit une baisse de neuf points par rapport au premier sondage publié le 12 mai. Dans le même temps, la campagne très offensive des opposants porte ses fruits. Le non gagne 11 points pour atteindre 36%. L'avance du camp du oui reste toutefois relativement confortable. A moins d'une énorme surprise, cela devrait permettre au projet de ne pas subir le même sort que la loi sur le CO2, rejetée de justesse par le peuple il y a deux ans.

Le destin des deux autres objets soumis au peuple le 18 juin semble quant à lui scellé. Plus de 70% de la population soutient toujours l'introduction d'un taux d'imposition d'au moins 15% sur les bénéfices des grandes entreprises actives à l'échelle internationale (73% de oui contre 24% de non). Le renforcement du non entre les deux sondages (+12 points) paraît insuffisant pour renverser la vapeur. Enfin, en ce qui concerne la loi Covid-19, le troisième référendum devrait aboutir au même résultat que les deux premiers. Deux tiers des personnes sondées appuient la prolongation du texte, contre 31% qui la rejettent.

Forte polarisation politique autour de la loi climat

Sur la loi sur le climat, on retrouve un oui quasi unanime des sympathisants de la gauche et des Vert'libéraux. L'électorat traditionnel du Centre est lui aussi très largement favorable au texte (76% de oui), même si le soutien s'étiole quelque peu. Le PLR peine davantage à convaincre ses fidèles. Soixante pour cent d'entre eux restent acquis à la loi (-10 points), mais ils sont désormais plus d'un tiers à envisager de voter non (37%, +11 points). Côté UDC, presque plus personne ne soutient la loi (85% de non contre 14% de oui). Quant aux sans parti, ils restent favorables au projet (55% de oui), mais le non gagne du terrain (39% de non, +15 points).

Ces intentions de vote correspondent aux recommandations de vote des partis. Au Parlement, la loi sur le climat - adoptée en tant que contre-projet à l'initiative pour les glaciers - a été soutenue par l'ensemble des formations politiques représentées sous la Coupole fédérale, à l'exception de l'UDC. Pour la grande majorité des élus, cette loi permettra à la Suisse de se libérer des énergies fossiles en favorisant le développement des énergies renouvelables et d'assurer une plus grande indépendance énergétique. Pour l'UDC, en revanche, il s'agit d'un "gouffre à électricité" nuisible à l'économie et à la population.

>> Pour en savoir plus : La transition énergétique de la Suisse se décide dans les urnes

Un oui (avec nuance) dans toutes les régions

Avec 69% d'intentions de vote favorables, les Romands se font les champions de la défense du climat. Ils ne sont qu'un peu plus d'un quart à rejeter la nouvelle loi. Dans les deux autres régions linguistiques, les partisans sont également nettement majoritaires. Le camp des opposants tutoie néanmoins les 40%. Par rapport au premier sondage, l'évolution est particulièrement marquée en Suisse italienne, où la cote du non a grimpé de 24 points en un mois.

Aussi bien les campagnes que les villes approuvent nettement la loi sur le climat et l'innovation. C'est dans les zones rurales que les opposants au texte font le plus recette, avec 41% d'opinions défavorables (contre 58% de oui). La population des grands centres urbains et celle des petites et moyennes agglomérations sont davantage convaincues par le projet. Dans ces régions, environ deux tiers des personnes sondées comptent voter oui le 18 juin.

La cause climatique presque toujours majoritaire

Que l'on considère l'âge, le genre ou le revenu, la cause climatique rassemble une large part de la population. Dans toutes les catégories d'âge, la loi sur le climat convainc la majorité. A ce titre, la jeunesse se trouve à l'avant-garde du combat. Près de trois quarts des 18-39 ans se prononcent ainsi en faveur du texte, contre un gros quart qui s'y opposent. C'est dans la génération intermédiaire - les personnes de 40 à 64 ans - que la défiance, quoique minoritaire, est la plus marquée. Des doutes qui s'expriment aussi plus fréquemment chez les hommes que chez les femmes.

Même s'il a reculé quelque peu au fil de la campagne, le oui reste donc solidement installé dans l'opinion. Des différentes catégories socio-économiques envisagées par les auteurs de l'étude, seuls deux groupes se déclarent majoritairement défavorables au compromis trouvé par le Parlement: les personnes au bénéfice d'un niveau de formation bas (56% de non contre 44% de oui) et celles qui se disent méfiantes envers le gouvernement (68% de non contre 31% de non).

Un oui transpartisan à l'imposition minimale

Autre objet: l'imposition minimale des multinationales. L'idée de taxer plus fortement les bénéfices des grandes entreprises se joue des clivages partisans. La majorité des personnes sondées, de gauche comme de droite, y sont favorables. Sur le principe, tous les partis sont favorables à cette réforme imposée par l'étranger et adoptée par près de 140 Etats. Une réforme jugée d'ailleurs invétable. Si la population suisse la refusait, d'autres pays pourraient en effet prélever pour leur propre compte la différence entre le taux minimal de 15% et l'impôt effectivement payé en Suisse.

>> Pour en savoir plus : L’impôt minimum sur les bénéfices des multinationales à l’épreuve des urnes

Malgré tout, le PS prône officiellement le rejet du texte. Les socialistes dénoncent la clé de répartition des recettes supplémentaires qui, selon eux, ne profitera pas à l'ensemble de la population. Seul un tiers de leurs électeurs partagent cette position, tandis que plus de 60% d'entre eux contredisent les instances du parti. Etonnamment, les proches de l'UDC - pourtant en faveur du texte - sont plus critiques (37% de non). Du côté des sympathisants des Vert'libéraux, du Centre et du PLR, le oui est en revanche quasi unanime.

Pas de clivage linguistique ou générationnel non plus

D'est en ouest, du nord au sud, toutes les régions du pays soutiennent très largement la mise en oeuvre du projet de l'OCDE et du G20 sur l'imposition des grands groupes d'entreprises. En Suisse italienne, pas moins de huit personnes interrogées sur dix plébiscitent la réforme. Le soutien atteint 77% en Suisse romande et "tombe" à 72% en Suisse alémanique. Ni l'âge des sondés, ni leur revenu, ni leur niveau de formation ne modifie foncièrement les intentions de vote. Les personnes ayant un niveau de formation élémentaire sont les moins convaincues. Et pourtant, elles sont encore deux tiers à voter oui.

Large soutien pour la loi Covid, sauf à l'UDC

Après deux échecs en 2021, la troisième tentative de renverser la loi Covid-19 devrait connaître le même sort. Comme lors des précédents référendums, un large front politique s'est une nouvelle fois constitué en faveur du texte, qui permet notamment de réinstituer rapidement des mesures sanitaires en cas de nécessité ainsi que de continuer à promouvoir le développement des médicaments contre le coronavirus. Dans les intentions de vote, cela se traduit par un oui franc et massif des électeurs des Verts, du PS, des Vert'libéraux, du Centre et du PLR.

>> Pour en savoir plus : Pourquoi les Suisses votent une troisième fois sur la loi Covid-19

Parmi les grands partis, l'UDC fait bande à part en soutenant le référendum lancé notamment par Mass-Voll et Les Amis de la Constitution. Ces mouvements, opposants farouches aux mesures sanitaires mises en place durant la pandémie, estiment que la loi Covid-19 est inutile et qu'elle bafoue les droits fondamentaux. Ces arguments convainquent une majorité des sympathisants UDC (69% de non contre 30% de oui) ainsi qu'une grosse minorité de l'électorat indépendant (48% de non contre 49% de oui).

Plus on est vieux et bien formé, plus on dit oui

Les jeunes et les moins jeunes, les Alémanique aussi bien que les Romands et les Tessinois, les habitants des campagnes comme ceux des villes: selon le sondage, toutes ces strates de la population approuvent largement la prolongation de la loi Covid-19. Seules exceptions: les personnes disposant d'un niveau de formation bas (50% de non contre 45%) ainsi que celles qui se disent méfiantes envers le gouvernement (65% de non contre 33% de oui).

Didier Kottelat

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Méthode

Deuxième session de l’enquête Trend SRG-SSR sur les votations du 18 juin 2023, réalisée par l’Institut de recherche gfs.bern entre le 23 et le 31 mai 2023 auprès de 12'655 titulaires du droit de vote. La plage d’erreur statistique est donc de +/- 2,8 points de pourcentage.