Sous la Coupole fédérale, les idées politiques ne sont pas communiquées uniquement à la tribune, mais aussi au travers du style vestimentaire. Après le choix du port de la cravate, de baskets ou de chaussures, certains parlementaires arborent aussi des pin's. "On a presque un uniforme ici au Parlement: chemise, cravate et blason. Le pin's, c'est un petit accessoire", explique le conseiller national Beat Flach (PVL/AG) dans le 19h30 de la RTS.
Un accessoire rétro qui permet d'ouvrir la conversation. L'Argovien affiche des drapeaux suisse et ukrainien afin de montrer sa solidarité. "Dans le train, dans la rue, on m'arrête parfois pour me demander pourquoi je porte ce pin's", raconte-t-il.
Son collègue à la Chambre basse, le Vert genevois Nicolas Walder, porte les 17 couleurs des objectifs de développement durable de l'ONU. "Tous mes collègues ne reconnaissent pas le pin's mais les gens commencent à se poser des questions, c'est bien le but d'un pin's".
Le conseiller aux Etats Werner Salzmann (UDC/BE) dit lui être arrêté dans la rue grâce à l'ours doré qu'il arbore. "C'est le symbole de l'association de tir sportif de Berne et aussi bien sûr de notre canton".
Insignes officiels du Parlement
Les services du Parlement ont lancé deux pin's officiels depuis le début de la législature, en 2019. Exclusivement réservés aux élues et aux élus, ils figurent le logo du Parlement ou le blason de la Confédération, censé être plus reconnaissable hors des murs du Palais fédéral.
Des accessoires qui sont également proposés en version aimantée, notamment pour les femmes. "C'est une amélioration considérable. S'il n'avait pas d'aimant, on ne le mettrait pas. Les vestes des femmes n'ont pas de boutonnière. On trouerait notre habit en permanence", abonde Simone de Montmollin (PLR/GE).
Pour Emmanuel Amoos (PS/VS), ces insignes permettent d'établir une distinction au sein de l'institution, comme "il y a beaucoup de journalistes et de lobbyistes dans les pas perdus". Le conseiller national n'y attache pas plus d'importance: "mes idées politiques, je les porte à la tribune", affirme-t-il.
Moins "expressifs" à droite
Ces accessoires, très années 1990, ne sont pas arborés de la même manière d'un bord à l'autre de l'hémicycle. Selon un recensement de l'Université de Berne, publié en 2018, on porte plus volontiers une épingle à droite qu'à gauche.
Mais pour le Valaisan Philippe Nantermod, les élus de droite sont "moins expressifs" qu'à gauche. Le libéral-radical ne porte un pin's qu'en cas d'élections fédérales ou de votations. Le chef de campagne arbore actuellement le slogan du PLR, "Rendons la Suisse plus forte", sur la poitrine. Selon l'UDC saint-gallois Mike Egger, qui porte les armoiries cantonales sur le revers de sa veste, "dans les partis bourgeois, on aime peut-être davantage porter fièrement ses origines."
"A gauche, on est plus sensibles à la coopération internationale. A droite, ils sont plus sensibles à la compétition internationale," affirme de son côté Nicolas Walder (Les Verts/GE). Pour sa part, Ursula Schneider Schüttel (PS/FR), estime que la gauche a davantage tendance à porter "des messages politiques". "A droite, ils portent parfois des insignes de clubs service, comme le Rotary."
S'adapter à ses interlocuteurs
Vote à seize ans, Grève des femmes, armoiries cantonales ou ProNatura, la socialiste fribourgeoise adapte son revers suivant le contexte. "J'essaie d'être sensible à mes interlocuteurs", explique-t-elle. Quand il ne montre pas sa solidarité avec l'Ukraine, Beat Flach (PVL/AG) échange aussi avec le pin's officiel, "quand je parle au nom de la commission, par exemple."
Une guerre des pin's observée avec recul depuis les coulisses par les huissiers du Parlement. "Je crois que c'est moi qui ai le plus beau", souffle un homme en vert, en montrant sa médaille d'huissier.
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Reportage TV: Michael Maccabez
Adaptation web: Mérande Gutfreund